Voir


Parlant de Thomas, Jésus avait eu ce mot qui nous est tous familier: Heureux qui croit sans avoir vu. Évidemment, on aura compris que c'est la foi qui donne de voir. Pourtant toute la liturgie de ce dimanche nous présente comme l'envers du proverbe.
À trois reprises, on voit des yeux grands ouverts où la fonction même du voir conduit au seuil de la foi. Assisterions-nous à une réhabilitation du regard ?
C'est ainsi qu'Abraham se met en route à cause d'une promesse: le payx que je te montrerai, lui dit le Seigneur. Parce qu'il a vu, il quitte maison et famille. Saint Paul, dans sa deuxième lettre à Timothée aura pour sa part un mot si heureux. Parlant du salut de Dieu en termes de grâce, il nous dira que dans le Christ elle est devenue visible à nos yeux. Enfin l'Évangile n'est pas en reste avec son récit de transfiguration où sans détour le mystère se donne à voir. Pierre, Jacques et Jean font l'expérience de la grâce devenue visible. C'est alors qu'ils intuitionnent la véritable nature du maître qu'ils suivent depuis trois ans.
Voir devint donc comme un incontournable chemin risquant peut-être de discréditer ceux qui n'en auraient pas fait l'expérience. Mais rassurons-nous, le regard dont il est ici question s'inspire de celui de Dieu. Quand Dieu voit, son regard est une manière de dire son attention aimante. Pensons à Jésus croisant sur sa route le jeune homme riche.

C'est ce regard, c'est ce voir qui met Abraham en route. C'est celui qui permet à Pierre, Jacques et Jean de voir au-delà de l'éblouissement et de redescendre de la montagne.
Donne-nous de voir Seigneur, mais de voir à ta manière, c'est ce qui ouvre devant nous des voies de renaissance.

Jacques Houle, c.s.v.

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