PIERRE MURRAY explique; le test du VIH pour les futurs séminaristes.
Paru dans La Presse, mardi 13 ou 14 janvier 2004.

La nouvelle controverse suscitée par le test de VIH demandé aux futurs séminaristes témoigne d'une grave crise de confiance des médias et d'une partie du public à l'égard de la hiérarchie catholique. Une crise d'autant plus éloquente et troublante que les faits parlent d'eux-mêmes. Voilà plus de 50 ans qu'un examen médical complet est exigé de tout candidat qui veut entrer au Grand Séminaire. Depuis plus de 30 ans, une évaluation psychologique est aussi exigée, évaluation qui couvre la maturité humaine et affective du candidat, de possibles problèmes d'apprentissage, son identité sexuelle.

Il faut donc donner raison au cardinal Turcotte lorsqu'il nous dit que le test du VIH ne concerne que le bilan de santé physique du candidat. L'information quant à l'identité et l'orientation sexuelle du candidat lui sera disponible plus tard, par l'évaluation psychologique. Ce, depuis 30 ans !

Il faut également lui donner raison lorsqu'il affirme que l'orientation sexuelle ne fait pas partie des critères a priori de sélection des candidats, puisque cette évaluation psychologique a lieu une fois que le candidat est accepté et qu'il a commencé sa première année de séminaire.

Que font les autorités du Grand Séminaire avec les résultats de l'évaluation psychologique ? Ils peuvent mettre à la porte le candidat. Depuis 1983 que je suis engagé d'une façon ou d'une autre au Grand Séminaire, je peux compter sur les doigts d'une main amputée le nombre de fois où cela s'est produit. Il est bon de rappeler que le Grand Séminaire a la réputation aux yeux de certains de ne pas être assez sévère dans l'application des critères de sélection.

Une autre possibilité est d'offrir aux candidats une thérapie psychologique afin de les aider à grandir , à atteindre la maturité si un tel besoin est discerné par le psychologue. Le candidat est toujours libre d'accepter ou de refuser cette démarche qui ne sera pas à sa charge financière. Jamais cette démarche ne sera considérée comme un signe de non-vocation.

Y a-t-il des hommes d'orientation homosexuelle présentement au Grand Séminaire ? Si rien ne me permet de l'affirmer, rien ne me permet de le nier. Ma petite expérience me fait dire que oui, il y en a déjà eu. Que s'est-il passé alors? Certains sont partis d'eux-mêmes au bout de quelques années, ou peu après l'ordination. D'autres ont été mis à la porte par les autorités après quelques années à cause de leur comportement: autant des homosexuels que des hétérosexuels ont été remerciés parce que le célibat était une réalité plus théorique que pratique dans leur vécu...

Finalement, d'autres se sont engagés, ont été ordonnés et font de leur mieux, comme tous leurs confrères prêtres, pour être fidèles à leur engagement et accomplir un ministère fécond.

Deux Églises ?

Comment se fait-il qu'à lire les lettres d'opinion et les éditoriaux,[ on a l'impression que] le cardinal Turcotte n'arrive pas à convaincre les gens ? Y aurait-il deux Églises ? L'une faite d'hommes et de femmes engagés dans la communauté chrétienne du quartier, à qui on fait confiance pour nos besoins spirituels (baptême, funérailles, mariage, counselling..) chez qui l'on reconnaît la compassion et l'écoute que manifestait Jésus à ses contemporains. L'autre, plus institutionnelle, représentée par le pape et les évêques, qui n'arrive pas à susciter cette confiance, chez qui les gens n'arrivent pas à reconnaître les traits du Christ.

Si tel est le cas, il devient urgent pour les autorités ecclésiales d'en chercher les causes et de vivre les conversions nécessaires. Il n'est pas moins urgent pour les médias et la population en général de se demander si cette attitude soupçonneuse est toujours raisonnable et juste. S'engager dans une telle démarche m'apparaît nettement plus important que de lancer un débat, compte tenu des faits, sur la pertinence d'exiger ou non un test du VIH [administré] aux futurs candidats. -

Pierre Murray, prêtre et professeur au Grand Séminaire de Montréal.
================


Mon Noël 2003 ? - Ce Noël m'a permis la rencontre d'un prêtre âgé encore actif. Je l'ai vu célébrer dans une petite communauté. Sa particularité ce fut d'inviter les assistants à partager sur l'Évangile, en toute simplicité. Un expérience enrichissante. J'ai pensé au Noël de tous ceux qui ne pouvaient pas célébrer leur Noël dans la joie: en Irak, en Palestine.. J'ai pensé à ceux qui allaient sincèrement à la rencontre de Jésus .

==============
page d'accueil