Jacques Brel
" Il faut se tromper, il faut être imprudent, il faut être fou. On est infirme autrement."
" Je nie la notion d'artiste, je tolère celle d'artisan."
" Un acte d'amour, s'il n'est pas suivi d'épuisement, c'est qu'il n'est pas complet "
" L'avenir dépend des révolutionnaires mais se moque bien des petits révoltés. "
" Notre vie est finie quand on en voit l'horizon "
J’ai un ami. Il s’appelle Jacques.
Comme moi, il est enfant de la balle, mais enfant surtout.
Son numéro ? Le vol à voies au dessus des chants.
Ses débuts, c'était avec Raymond, aux trois baudets.
D’ailleurs, c’en est un de sacré numéro !
Il sait être aussi triste qu’heureux.
Un jour, je l’ai rencontré dans un rêve.
Il s’est approché de moi, courroucé :
- « J’irais rêvé plus loin que toi ! »
M’a-t-il lancé sur un ton provocateur.
Il s’est mis à battre des dents et s’est envolé,
en fragile pégase qu’il est.
Aujourd’hui encore je cherche à atteindre l’inaccessible étoile,
laissée derrière lui,
sans doute pour qu’on l’y rejoigne.
Parfois, j’entends sa joie.
Elle me dit :
« Regarde dans l’herbe ! »
Je lui réponds en souriant :
Jacques, je teigne.
VF98
"Mais le diable dort-il sous la bible... Mais les rois savent-ils prier..."
Prologue :
Un jour, un jour le Diable vint sur terre,
un jour le Diable vint sur terre pour
surveiller ses intérêts, il a tout vu
le Diable, il a tout entendu, et après avoir
tout vu, après avoir tout entendu, il est
retourné chez lui, là-bas.
Et là-bas, on avait fait un grand banquet,
à la fin du banquet, il s'est levé le Diable,
il a prononcé un discours :
Ca va
Il y a toujours un peu partout
des feux illuminant la terre
Ca va
Les hommes s'amusent comme des fous
au dangereux jeu de la guerre
Ca va
Les trains déraillent avec fracas
Parceque des gars plein d'idéal
Mettent des bombes sur les voies
Ca fait des morts originales
Ca fait des morts sans confession
Des confessions sans rémission
Ca va
Rien ne se vend mais tout s'achète
L'honneur et même la sainteté
Ca va
Les Etats se muent en cachette
en anonymes sociétés
Ca va
Les grands s'arrachent les dollars
Venus du pays des enfants
L'Europe répète l'Avare
Dans un décor de mil neuf cent
Ca fait des morts d'inanition
Et l'inanition des nations
Ca va
Les hommes ils en ont tant vu
Que leurs yeux sont devenus gris
Ca va
Et l'on ne chante même plus
Dans toutes les rues de Paris
Ca va
On traite les braves de fous
Et le poètes de nigauds
Mais dans les journaux de partout
Tous les salauds ont leur photo
Ca fait mal aux honnêtes gens
Et rire les malhonnêtes gens
Ca va, ca va, ca va.