Le matin.
La douloureuse sonnerie d’un réveil lui-même fatigué.
Le souvenir brumeux d’un rêve fugace mais qu’il sait triste.
Le pied droit posé à terre , symbole de victoire contre l’obscurité.
La marche lente vers l’interrupteur pour abattre définitivement les ténèbres.
Les ténèbres sont abattues , la tristesse de la vie reprend le dessus.
La lumière est trop brusque , l’œil cligne et rechigne.
L’ouverture du premier volet , la vraie lumière pénètre partout.
Le second volet grince mais cède , il y a un monde dehors.
Le bruissement de la mer est calme , avant la tempête.
Le ciel est bleu , mais ne peut le rester éternellement.
Même le Soleil qui brille est destiné à mourir.
Qu’importe , pense-t-il , la fin est proche.
La fenêtre se ferme , le bruit cesse.
La lampe inutile est éteinte , mais resservira peut-être.
Le vide du lit défait n’apporte qu’amertume.
La porte s’ouvre et s’efface.
Un long couloir s’annonce , le plancher soupire déjà.
La lente préparation d’un café qui coule paresseusement.
Le début d’une méditation.
Quel jour sommes-nous ? Peu importe.
Il y a longtemps que le jour ne me mérite plus.
La vive douleur qui dévore le cœur.
La recherche inutile d’une raison.
Le lointain souvenir d’un bonheur qu’il sait parti à jamais.
Douce caresse sur une béante plaie.
Il serait d’ailleurs peut-être temps de la refermer.
Il y a un monde dehors.
Mais n’est-il pas traître et douloureux , à l’image de ses sujets ?
La fin d’une méditation.
La brûlure de la boisson trop chaude.
Le silence désepérant d’une trop grande maison.
La toilette quotidienne , inévitée.
Pourtant évitable , à quoi bon ne pas se négliger ?
Le choix hasardeux d’une tenue vestimentaire décente.
Le nouage fébrile de lacets.
L’ouverture puis le vérouillage de la porte d’entrée.
L’hésitation à prendre la voiture , signe de paresse par excellence.
Apres tout , le lieu de travail n’est qu’à quelques minutes de marche.
Le choix énergique de se déplacer par ses propres moyens.
Le début d’une marche interminable.
La tête qui se lève pour observer un ciel assombri.
Le frémissement de la peau face au froid.
La vive douleur qui dévore le cœur.
La recherche inutile d’une raison.
Le lointain souvenir d’un bonheur qu’il sait parti à jamais.
La brusque bifurcation vers le Sel.
La mer est un portail vers un autre monde.
Le risque des sentiers escarpés.
L’arrivée au spectacle majestueux d’une mer déchaînée.
La vue magnifique du haut d’une falaise.
Le Soleil qui se cache.
Le vertige de regarder en bas.
Les mouettes qui s’agitent au loin.
Le vague bruit d’un bateau qui s’éloigne.
La longue recherche du courage.
La tristesse qui combat ardamment.
Le temps qui file , rapide comme le vent.
Qui semble reculer au point de départ.
Le souvenir de cette même falaise , deux ans plus tôt.
Le clair de Lune magnifique au dessus d’une eau endormie.
La clarté des étoiles , la douceur de l’herbe.
Le bonheur , palpable , mais pourtant si incompris.
L’anxiété qui s’efface , l’attente qui se termine.
La joie d’être enfin uni , par ce baiser eternel et trop court.
La magie de l’air iodé.
La discussion unique d’une nuit avec une personne aimée.
Le total détachement vis à vis du monde.
Les phrases qui s’enchaînent naturellement.
La fatigue qui innocemennent brise le charme.
Le reveil meutrier.
Tout est parti , seule subsiste la solitude inexpliquée.
La vive douleur qui dévore le cœur.
La recherche inutile d’une raison.
Le souvenir d’un bonheur qu’il espère retrouver.
Le temps qui s’écoule , inexorablement.
Elle est partie , seule subsiste la solitude inexpliquée.
La succession de jours dénués à jamais de raison.
Le rendez-vous avec la falaise , deux ans plus tard.
Endroit maudit et pourtant merveilleux.
Les larmes qui coulent d’un visage perdu dans les ténèbres.
La marche est maintenant lente , mais sûre.
Jusqu’à ce que le pied ne puisse trouver terre.
La chute est comme son mobile , absurde.
Car si la vie est triste , comment savoir que ce qu’il y après n’est pas pire encore ?
V.Rolin