Message de Hocine
Ait-Ahmed
à la session extraordinaire du Conseil National du FFS tenue à
Alger le 29 mars 2002
Chers compatriotes, Salams ! Salams ! âlaikum wa rahmatu Allah ! azul
fellawen fellaket !
Bonjour et bons débats!
Je sais combien étaient riches sereins et passionnés les débats
marathons que vous avez menés, la semaine dernière, pendant deux jours. Je me
permets de vous en féliciter. Décidément, le F.F.S. surprend toujours et le
report de la déclaration, qui devait clôturer vos travaux, a fait couler un flot
de commentaires plutôt de bonne foi dans l’ensemble. Je pense que le suspense
prolongé a été vraiment utile.
Certes nous avons appris sur nous mêmes, et principalement sur les
réactions de la base militante solide et confiante parce que sûre d’elle-même.
Mais nous savions aussi que beaucoup d’eau et de sang, malheureusement, allait
couler sous les ponts au cours de cette semaine; et je voulais faire observer à
l’avance, à nos amis étrangers que les actes du pouvoir toutes tendances
confondues ne tarderont pas à contredire leurs propres effets d’annonce et leurs
faux engagements. En tout cas, il en est résulté une bonne dose de
démystification de la propagande diplomatique du régime, et un surcroît de
crédibilité pour le FFS.
Une manière, également, de préparer le terrain à la publication,
aujourd’hui, de vos résolutions et de ce message. Force est de souligner, encore
une fois, l’harmonisation discrète et responsable des positions des deux
instances souveraines du parti. Chers compatriotes, Notre nation est d’abord,
aujourd’hui, une guerre insensée terrible et interminable subie au tréfonds de
chacun de nous . Mais elle ne renonce pas à être un avenir de liberté de justice
et de solidarité partagé.
Il en est ainsi parce que le sentiment national indestructible procède des
prouesses libératrices d’hier qui demeurent le patrimoine et la fierté de
l’ensemble des Algériens et Algériennes. Et si hier resurgit avec puissance dans
la conscience de ces derniers c’est comme fondement et espoir de ce dont demain
sera reconquis et construit.
Or, plus les Algériennes et les Algériens, projetteront ICI ET
MAINTENANT, la reconquête et l’exercice plénier de leurs droits imprescriptibles
de citoyens, plus ils sentiront se raffermir en eux le sens national authentique
et plus assurées contre le parjure et la trahison – seront les garanties
citoyennes qu’ils prendront sur leur propre destin. La dissidence citoyenne
pacifique et nationale, est née fondamentalement du refus généralisé par notre
jeunesse de cette sale guerre qui bat les records de l’ignoble guerre
coloniale.
Dans sa durée, 10 ans !, dix années d’horreurs entourées d’une omerta
maffieuse imposée aux "partenaires étrangers amis de l’Algérie". Et en terme
d’engrenages de haines et de vengeances d’autant plus insupportables qu’ils sont
fratricides. Aucune propagande incantatoire ne peut exorciser le Printemps noir,
cette nouvelle tragédie nationale programmée ouvertement par les décideurs pour
briser l’unité nationale en croyant pérenniser ainsi leur main mise sur le
pouvoir et les richesses du pays. La répression sauvage ordonnée par les tenants
du pouvoir et qui se poursuit toujours a déclenché les extraordinaires
manifestations de solidarité et de revendications multiples à l’échelle
nationale .
Le souci de préserver l’unité du pays et de signifier leur congé aux
détenteurs illégitimes de la puissance publique fut la cause directe de la
naissance de cette dissidence citoyenne pacifique et nationale. Cette dynamique,
en dents de scie, mais sans cesse en développement, demeure l’axe principal de
l’alternative démocratique à laquelle nous devons continuer de travailler
d’arrache-pied. Chers compatriotes ! Vous allez sans doute découvrir dans la
note politique ci-jointe, l’esquisse de la stratégie globale du régime pour en
finir avec l’un des bastions démocratiques de notre pays, et par là même briser
la dynamique historique de la dissidence citoyenne.
Vous y comprendrez aussi l’instrumentalisation des arouch dans cette
stratégie; sans oublier qu’une partie de nos adolescents en état de révolte
spontanée et en l’absence de moyens pacifiques d’expression, peuvent constituer
à leur escient, un terrain nourricier supplémentaire pour ce mouvement.
Celui-ci, au surplus pousse l’escroquerie jusqu’à s’approprier le sigle de la
dissidence citoyenne, en lui greffant le concept " révolutionnaire " afin
d’exploiter le ras le - bol d’une jeunesse qui, elle, ne peut qu’ignorer
les tenants et aboutissants de l’agit-prop de ces mercenaires de la
sédition.
Dès lors, notre devoir est, de continuer à faire un travail de
proximité auprès de nos jeunes désorientés et désespérés. Ils comprendraient
aisément, par exemple que les arrestations récentes de certains meneurs locaux
des "ârouch", ont pour but de les valoriser crédibiliser comme victimes de leur
opposition " radicale " au régime. La 2e note historique celle-là sur
cette question brûlante fait partie de ce message. Il s’agit d’un argumentaire
pédagogique qui démontre que la spécificité de la Kabylie est d’avantage son
contexte géo-sociologique, que la langue Tamazight dont elle n’a pas le monopole
et pour laquelle, d’ailleurs, nous revendiquons, non pas une reconnaissance
fictive inopérante et donc inutile, mais bien un statut officiel ouvrant tous
les domaines de la vie publique à sa promotion.
Chers amies et amis ! Nous voilà devant l’échéance législative qui
semble surexciter " les castes politiques " qui s’acharnent à noyer les vrais
problèmes et les vraies solutions dans un verre d’eau. Ma " religion " est faite
depuis plusieurs mois, dès l’instant où j’ai compris que ce rendez-vous
"électoral " est, évidemment intégré dans ce complot global visant à détruire
les forces autonomes et les structures démocratiques en Kabylie. Une montée aux
extrêmes qui, du coup, ouvrira la voie à la généralisation des tueries à
l’ensemble du pays.
Alors, j’avais pensé à une seule position du parti, celle d’une
Dissidence Citoyenne Electorale Pacifique et Nationale : participer ou
boycotter n’a effectivement aucun sens. Il faut d’abord être citoyen ou
citoyenne pour donner du sens à la participation ou au boycott . Depuis les
élections à l’Algérienne inaugurées par le Gouverneur Général Naegelen, les
Algériens n’ont pas connu une seule opérationélectorale libre.
Quelles mascarades successives ! Réduire le suffrage universel au simple
dépôt du bulletin dans l’urne ; sans se soucier de la présence des citoyens dans
l’exercice du pouvoir et par l’exercice de leurs libertés d’information,
d’expression, et d’organisation. Et alors que le droit, la justice sont en
totale déshérence et que toutes les catégories des droits de l’homme sont
refusées aux citoyens.
L’Unique droit qui leur est concédé est, une fois de plus, de se rendre
complice en toute connaissance de cause, d’abord avec un vote falsifié et
ensuite à la désignation d’un appareil enregistreur de domination . Cet acte de
dissidence électorale s’inscrit dans la dynamique citoyenne. Il doit faire
l’objet d’une déclaration très forte avec le rappel des exigences principales
avancées par notre Mémorandum pour la reconquête du peuple algérien du premier
et du plus fondamental des droits de l’homme : son droit à l’autodétermination.
Cette décision devrait se terminer par un appel généralà la grève de tous
les Algériens désignés pour gérer le dispositif de cette mystification. Il
faudra, également en appeler aux sursauts et aux rassemblements de toutes les
forces saines de la société. Enfin un appel urgent aux institutions
internationales des droits de l’homme, à L’Union Européenne, et aux ONG en vue
de peser de tout leur poids en faveur de l’arrêt immédiat de la répression,
d’une solution politique globale et démocratique, et de la rétrocession au
peuple algérien collectivement et aux Algériennes et Algériens individuellement
de leur souveraineté pleine et entière.
Je suggère que le Conseil National et le président signent ensemble au moins
l’appel à la communauté internationale.
Hocine Ait-Ahmed