Déclaration sur les Élections Communales et de Wilayas du 12 Juin1990
Les élections communales et de wilaya viennent d'être fixées par le
gouvernement pour le 12 Juin 1990 alors que le parlement FLN discute encore du
projet de code électoral, sans qu'au surplus aucune consultation préalable n'ait
été faite avec les différents courants politiques. Cette décision s'inscrit dans
la logique de l'octroi ( Code électoral, code de l'information, etc ...) qui
compromet gravement la phase transitoire.
Il s'agit bel et bien, pour le pouvoir, de conduire le FLN du monopole
politique à un rôle hégémonique sur l’État et la Société. Une récente
déclaration officielle n'avait-elle pas d'ailleurs affirmé que les échéances
politiques sont fixées par le FLN, par le biais de lois FLN au bénéfice de
celui-ci. La transition de la dictature à la démocratie exige une administration
non partisane et une démocratisation de l'information, à l'exemple notamment des
peuples des pays de l'Est qui ont réussi à imposer un véritable processus
démocratique.
Tout, en demeurant, sans ambiguïté, partie prenante du jeu démocratique
amorcé par les réformes politiques, le FFS réaffirme plus que jamais la
nécessité de l'élection d'une assemblée Nationale Constituante. L'Assemblée
Nationale Constituante est un impératif de la stabilité politique. Elle
constitue une échéance incontournable pour sortir du provisoire et des
incohérences juridiques et rendre irréversible la Démocratie.
Seul un État de Droit issu d'un socle constitutionnel incontesté et
incontestable, fondé sur les droits de l'homme, l'égalité de l'homme et de la
femme, la séparation des pouvoirs dans le cadre d'un État civil, l'abolition de
la torture, pourra réconcilier l’État et la Société et renforcer la cohésion
nationale. Seul la libre participation des citoyens et des citoyennes, garantie
par la constitution, pourra faire renaître l'esprit civique et de responsabilité
indispensable au développement de notre pays.
L'ère des fausses légitimités historiques ou révolutionnaires est révolue.
Le retour à la légitimité populaire commande que le FLN devienne un parti comme
les autres. Il est aberrant, après 27ans de privilèges et de gestion
désastreuse, qu'il puisse encore prétendre à un traitement privilégié. De même
est-il inacceptable que les espoirs soulevés par l'ouverture démocratique
puissent être compromis par les crises internes de ce parti.
Le FLN qui fut façone par la résistance héroïque du peuple algérien,
appartient quant à lui, au patrimoine national. Lever l'hypothèque de tutelle
hégémonique du FLN sur cette phase décisive du processus de démocratisation
reste la condition sine qua non du libre choix des citoyens et des citoyennes.
Faute de quoi la fixation du calendrier et des modalités électorales,
refléteraient les seuls intérêts du FLN.
Hocine Ait-Ahmed
Alger, le 09/03/1990