Appel
de Hocine Ait-Ahmed à la solidarité nationale et internationale
En condamnant le chanteur poète de renommée
nationale Ait Menguelete chantre de la
liberté à la suite d'une machination de type colonial, en aggravant la
répression contre la Ligue Algérienne des Droits de l'Homme et contre l'Association
des enfants de Martyrs, les tenants du pouvoir ont une fois de plus montré leur
mépris de l'opinion algérienne et internationale. En déployant un énorme
dispositif militaire autour de la Kabylie, en y dépêchant renforts sur renforts
de police, en y menant une campagne de rumeurs et de terreur qui rappelle celle
qui a précédé la répression tragique de mai 1945, les gouvernants prennent la
responsabilité d'ouvrir une grave crise politique.
Ils opposent la force brutale aux manifestations pacifiques d'une jeunesse dont le civisme et la vitalité honorent l'Algérie. La preuve est faite par la répression que le nouvel épisode de la Charte Nationale est tout le contraire de la libre expression du peuple Algérien. La crise politique ne peut aider à escamoter la crise de légitimité.
La parole doit être redonnée au peuple
Algérien, la promesse de la révolution doit être tenue.
Le peuple Algérien doit s'unir dans la
solidarité et le combat démocratique pour imposer l'élection d'une Assemblée
nationale constituante au suffrage universel et garantie par l'instauration
préalable des libertés publiques.
Pour
l'heure tous les démocrates algériens doivent s'élever contre la politique
systématique de division et de répression menée notamment en Kabylie.
Lycéens,
syndicalistes, femmes, de toutes les régions d'Algérie doivent montrer que la
lutte pour le respect des Droits de l'Hommes est la leur, la seule fidèle aux
idéaux de la révolution algérienne.
Les
amis traditionnels de l'Algérie ont acquis le droit de se solidariser avec
l'Algérie des Droits de l'Homme qu'ils n'ont pas hésité à soutenir dans les
moments les plus difficiles de son histoire.
Le
5 novembre 1985