D'après la meilleure définition que j'ai trouvée, c'est l'incertitude de pouvoir dire ce que l'on veut dire, quand on veut le dire et comment on veut le dire. C'est la meilleure car les effets du bégaiement ne sont pas seulement physiologiques, ils sont aussi psychologiques. Tout ce que je dis peut paraître un peu compliqué à première vue alors laissez-moi vous expliquer d'abord les effets physiologiques :

Quand nous voyons une personne bégayer, ce sont les aspects physiologiques que nous remarquons. Si nous étions assez petits pour entrer dans l'appareil phonatoire de la personne bègue, nous constaterions bien des choses! Pourquoi ne pas y aller de façon imaginaire? Prêt? On part!

Nous sommes présentement dans les cordes vocales d'Églantine ( personne ficive ). À première vue, tout semble normal chez-elle. Mais demandons-lui d'émettre le son "A". Pour une personne ayant une parole fluide, c'est facile à faire mais dans le cas d'Églantine, bègue sévère, cela donnerait à peu près ça. Vous vous demandez sans doute pourquoi...Eh bien, à l'aide de notre caméra imaginaire regardons de plus près ce qui s'est passé : Églantine a d'abord inspiré pour remplir ses poumons d'air, ce qui est très bien. Ensuite, ses poumons ont expulsé l'air qui en passant, était supposé de faire vibrer ses cordes vocales. Si nous regardons bien celles-ci, nous constatons instantanément qu'elles se sont crispées au point de ne plus être en mesure de vibrer, donc...aucun son. Mettez votre main sur votre gorge et dites "A". Vous constaterez que ça vibre en-dedans. Essayez à présent de faire "A" sans faire vibrer vos cordes vocales...Vous me le direz si vous réussissez car c'est physiologiquement impossible! Il faut une vibration pour engendrer le son. Voilà donc le but de nos cordes vocales.

Bon, maintenant qu'elle s'en est bien remise, nous allons lui demander de dire le mot "papillon". Écoutez-bien le son produit par le premier "p". Comme vous le constatez, elle a répété le son "p" à plusieurs reprises. Toujours à l'aide de notre fidèle caméra, observons de plus près...

Elle a d'abord inspiré, expiré tout en faisant vibrer ses cordes vocales normalement cette fois-ci. Jusqu'ici, aucune anomalie. Mais en regardant ses lèvres se contracter démesurément, nous avons trouvé ce qui cloche. En disant "p", une personne normale collerait doucement ses 2 lèvres ensemble pour les décoller immédiatement après qu'elles se soient touchées. Églantine, elle, ne pouvait pas les décoller car elle exerçait une trop forte pression sur celles-ci.

Mais alors, pourquoi ne pas exercer une pression moins forte? C'est justement sur ça que se base les orthophonistes pour donner un peu plus de contrôle à leurs patients. Ils apprennent à des personnes comme Églantine à faire de légers contacts entre leurs articulateurs ( langue, lèvre, dents, palais ). Avec une bonne dose de volonté, ils arrivent à acquérir une fluidité acceptable.

Pourquoi est-ce que des personnes comme Églantine s'acharnent à faire de gros contacts entre leurs articulateurs? D'abord, tout ça n'est PAS volontaire. Personne en ce jour ne sait exactement la cause de cette prononciation trop "prononcée". Il existe plusieurs théories tout aussi logiques les unes que les autres. Certain disent que le bégaiement est d'origine neuromusculaire, d'autres affirment que c'est psychologique, etc...

Maintenant que vous avez compris les aspects physiologiques, attaquons-nous aux symptômes psychologiques, les moins apparents mais les plus pénibles.

Ce sont les aspects physiologiques qui amènent les symptômes psychologiques. Je m'explique. Un enfant commençant à bégayer s'aperçoit qu'il n'est pas comme les autres. Cette idée le mène à s'exclure peu à peu de son milieu social. Il commence à faire rire de lui par ses amis, alors il ne parle plus en présence de qui que ce soit. Pour lui, un exposé oral deviendra un enfer! Le téléphone se métamorphosera peu à peu en un monstre à ses yeux. Plus tard, il remarquera que certains phonèmes lui sont plus faciles à dire. Il les utilisera donc d'une manière abusive et à la longue, ses structures de phrases deviendront insensées. Il aimerait bien parler avec les mots exacts mais il en est incapable. En plus, il ne pourra jamais être certain qu'il dira ce qu'il a à dire quand il veut le dire car un même mot, dit à différents moments de la journée ne sera jamais dit avec le même niveau de fluidité. D'où la fameuse définition citée ci-haut. Alors vous comprenez maintenant que ce ne sont pas les peurs qui conduisent au bégaiement, mais bien le fait de bégayer qui conduit aux peurs.

Alors maintenant, si je vous pose la question : Qu'est-ce que le bégaiement? Vous saurez inexorablement quoi me répondre!

Cliquez ici pour retourner à ma page principale