Mais qu'a donc fait G.C. Burger, pour que neuf policiers en civil viennent l'arrêter à la sortie de «Ciel mon mardi» ? Ce physicien de formation, inventeur de «l'instinctothérapie», auteur de «Manger vrai» (Ed. du Rocher) et des «Enfants du crime», n'hésite pas à remettre en cause le consensus le plus ancien, le mieux établi, la base de toute civilisation : la cuisson des aliments. Plus écologiste que lui, tu meurs de faim ...
Maintenant : Vous êtes un contestataire de premier ordre, vous vous attaquez au consensus le plus universel ! Vous n'avez peur de rien ...
Guy-Claude Burger : La raison pour laquelle j'ai été amené à remettre en cause l'art culinaire est la suivante : le patrimoine génétique de l'être humain change très lentement (environ 1% sur un million d'années), tandis que la manière de s'alimenter change très vite. Il faut donc se demander si nous pouvions nous adapter en quelques milliers d'années à des inventions telles que la cuisson, les mélanges, la traite du lait, les aromates, etc... Et dans quelle mesure toutes sortes de dysfonctionnements ne sont pas dus tout simplement à une inadaptation génétique. C'est une question tout à fait fondamentale, qu'aucun savant ne peut refuser d'envisager.
Maintenant : Vous, quelle réponse apportez-vous ?
Guy-Claude Burger : Le public et les médias voient des réponses là où le chercheur ne voit qu'une expérience. L'instinctothérapie - puisque c'est le nom qui lui a été donné - consiste à nourrir des organismes d'aujourd'hui avec les règles alimentaires du temps où le patrimoine génétique s'est mis en place. Depuis vingt-six ans que j'ai débuté mes recherches, environ 20.000 personnes se sont prêtées à cette expérience au cours de périodes plus ou moins longues.
Maintenant : Expliquez-nous brièvement l'instinctothérapie ...
Guy-Claude Burger : Il s'agit, dans la mesure du possible, de retrouver une alimentation originelle. En supprimant des artifices tels que la cuisson (la chaleur provoque des réactions chimiques qui entraînent l'apparition dans les aliments de molécules nouvelles, auxquelles notre organisme n'est pas forcément adapté), les mélanges, les assaisonnements, les dénaturations mécaniques, l'usage de lait animal (aucun primate ne se nourrit du lait d'une autre espèce que la sienne), la sélection artificielle, la chimie dans la culture des fruits et légumes ...
Maintenant : Et l'instinct dans tout çà ?
Guy-Claude Burger : Un aliment, quand on le mange nature, change de goût, parfois brusquement. De la même façon, selon les jours et l'état du corps, le même aliment va sentir bon ou sentir mauvais. Tout comme les animaux, nous sommes capables, instinctivement, de trouver ce qui fait du bien à notre corps. L'aliment dont nous avons besoin devient bon ; quand nous n'en avons plus besoin, il devient mauvais. Ce phénomène d'alliesthésie olfactive et gustative est assez bien connu des scientifiques, mais la diététique n'en a jamais tiré parti.
Maintenant : En vingt-six ans de «thérapie», quels résultats avez-vous obtenus ?
Guy-Claude Burger : En fait, l'approche que je propose se situe en deçà de toute thérapie. La médecine cherche des thérapies pour lutter contre les troubles de la santé ; nous, nous essayons de supprimer la cause alimentaire de ces troubles. Je dois dire que nous avons été surpris de constater des résultats dans pratiquement tous les domaines de la pathologie. Il faut se rendre à l'évidence : les troubles de l'organisme dus à la nourriture existent partout et conditionnent l'image que l'on se fait de la santé. Tout le monde est enrhumé et on pense que c'est normal. Mais ce n'est pas normal ! De même en ce qui concerne les maladies dites incurables. Une maladie incurable, c'est une maladie que la médecine ne peut pas guérir. Dans mon système, cette définition tombe. Une maladie que l'on ne saurait guérir par des artifices médicaux peut très bien disparaître si nous en supprimons la cause. Pour autant que la cause doit alimentaire, évidemment !
Maintenant : Et sur les gens bien portants, quels changements observés ?
Guy-Claude Burger : J'ai pu constater sur un grand nombre de sportifs une augmentation de l'endurance, de la résistance et de la force musculaire. Ce qui diminue, en revanche, c'est l'excitation du système nerveux et, simultanément, l'obsession de la compétition (ce qui laisserait à penser que la compétition est aussi une maladie) ... Les obèses, en mangeant totalement librement, se débarrassent de 500 g à 1 kilo superflus par jour (ce qui montre bien que ce n'est pas une question de quantités ingérées, mais de qualité des molécules apportées au corps) ... Les enfants sont capables d'une meilleure concentration. Leurs cauchemars disparaissent. Ils grandissent normalement, sans aliments cuits, sans produits laitiers, tout en développant des squelettes solides, une musculature abondante ... Détail amusant : les instinctos gardent toujours l'haleine fraîche, même au réveil, et leur transpiration ne dégage aucune odeur désagréable ...
Maintenant : Si tout ce que vous dites est vrai, pourquoi vous met-on tellement de bâtons dans les roues ?
Guy-Claude Burger : L'instinctothérapie est un délit : elle met en danger la bonne conscience culinaire et l'agro-économie. Une grande angoisse est liée à la nourriture. L'alimentation fait partie de ce que l'on pourrait appeler l'image inconsciente de la mère ... Ce sont les médias qui ont commencé à faire campagne contre moi. Sans essayer d'y comprendre quoi que ce soit. Sans même venir m'interroger. En se copiant les uns les autres ! On ne soupçonne pas le conformisme qui règne dans la presse ! En fait, ils n'ont fait que projeter sur moi l'éternel fantasme du gourou, moitié escroc, moitié charlatan, qui supprime les médicaments, empêche les gens de se soigner, et les fait crever de maigreur ... Ensuite, la justice s'est sentie obligée d'intervenir. Je suis inculpé d'exercice illégal de la médecine, de publicité irrégulière pour des thérapies et, bien sûr, descroquerie. Je vous ferai remarquer au passage qu'il n'y a aucune plainte, aucun fait contre moi. Seulement des bruits ... Des rumeurs ... N'empêche, la justice m'a fait un grand honneur : je suis le premier homme qui ait été jeté en prison pour avoir exprimé ses opinions à la télévision, du moins dans les pays non totalitaires.
Maintenant : On dit qu'un malade du sida serait mort dans votre centre ...
Guy-Claude Burger : Nous avons eu, effectivement, deux cas de malades très avancés (un cancer, un sida) qui ont décidé de venir mourir chez nous. Fallait-il les jeter dehors ? Bien sûr que non. Je précise que notre responsabilité «médicale» n'a jamais été mise en cause.
Maintenant : Qui sont vos ennemis les plus acharnés ? Les médecins ?
Guy-Claude Burger : Seulement ceux qui ne comprennent pas ce que je dis. Les médecins qui m'écoutent vraiment ne sont pas mes ennemis. Deux d'entre eux ont d'ailleurs préfacé mon dernier livre. En fait, je vais dans le même sens que la médecine. Ce qui est triste, c'est quelle pourrait activer sa démarche analytique, qui est très lente, si elle voulait bien s'inspirer de ma démarche synthétique. Malheureusement, il est très difficile de se faire entendre. Depuis treize ans que je fais des conférences, je ne connais qu'un seul médecin qui se soit penché sur mes hypothèses ... Ce qui est sûr, en revanche, c'est que l'instinctothérapie gêne beaucoup les médecines naturelles, parce-qu'elle fout par terre le pain complet et les petits biscuits biologiques ...
Maintenant : Question que tout le monde se pose : l'instinctothérapie, çà rapporte ?
Guy-Claude Burger : J'ai 8.400 FS sur mon compte suisse (je suis de nationalité suisse), environ 15.000 FF sur mon compte français. Le château de Montramé, où est installé notre centre, est loué, il ne nous appartient pas. Pour ma part, j'ai 125.000 F de dettes et une hypothèque qui grève ma seule assurance-retraite. Après deux perquisitions et bientôt deux ans d'enquête, le juge d'instruction a été obligé de reconnaître que tout était en règle. Reste le fisc, qui veut absolument nous étrangler. Là, nous sommes encore en plein sous le règne de la Terreur ! C'est sans doute le dernier moyen qui reste quand on ne sait plus comment démolir les gens qui dérangent ...
(Merci a Simone G. qui a saisi le texte)