Procès de Guy-Claude Burger, 25 mars 1996 ; jugement 29 mai 1996

La sentence rendue par le tribunal de Melun

Extrait de Instincto Magazine, n° 74, juin-juillet-août 1996


Coupable d'exercice illégal de la médecine

"Le Tribunal vous déclare coupable d'exercice illégal de la médecine"

La sentence est tombée ce mercredi vingt-neuf mai en presque moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
La bouche de Madame la Présidente s'articule encore: "... et prononce à titre de peine principale l'interdiction d'exercer toute activité relative à l'instinctothérapie ou l'instincto-nutrition sous quelque forme que ce soit, a savoir l'accueil de curistes dans des centres, enseignements, publications, publicité et interventions médiatiques et, ce, pendant une durée de trois ans par application des dispositions de l'article 131.6 du code pénal. Le magistrat termine ces quelques mots en précisant que cette mesure fait l'objet d'une "exécution provisoire"  ce qui signifie qu'elle est immédiatement applicable.

Injustice ! a-t-on envie de crier. Que d'injustice est capable de générer la Justice ! Que ton J majuscule peut devenir petit parfois ! Eh oui, il faut se rendre à l'évidence, quelques juges, trois juges ont écrit une nouvelle page de l'instinctothérapie, une nouvelle page d'incompréhension. Décidément, cette démarche est un lieu d'oppositions forcenées,de barrages continuels.

Ont-ils jugé en conscience ? Ont-ils été manipulés ? Ont-ils capté l'immense force "révolutionnaire", dérangeante, contenue dans l'instinctothérapie ? Ou encore l'insuffisante maturité de la société pour la recevoir ? Les questions se multiplient. Il y a tant d'étonnement après ces quelques phrases.

Bien sûr, la relaxe pure et simple de Guy-Claude Burger, bien que demandée avec fermeté par la défense lors du procès du vingt-cinq mars, était peu probable. Après sept ans d'instruction et de contrôle judiciaire, il fallait sans doute, du point de vue de la justice, une condamnation, question d'honneur. On pouvait s'attendre à une mise sous surveillance, par un comité d'experts scientifiques par exemple, ou encore à une interdiction de s'adresser à des gens atteints de maladie.

`"Interdiction d'exercer": la sémantique est un piège dans le maniement duquel les juges excellent: il est clair que l'instinctothérapie n'est jamais "exercée" mais simplement  "enseignée" par son fondateur. "L'interdiction d'enseigner l'instinctothérapie" en direction des bien-portants, voilà une atteinte à la liberté individuelle. L'interdiction de parler à des joumalistes, voilà une atteinte à la liberté d'expression et d'opinion.

Chose étonnante: le verdict énoncé ne s'appuie sur aucun considérant, aucun attendu, aucun fait précis; cela n'est finalement pas surprenant, car il n'y en a pas ! Ceci nous fonde à penser que les juges ont jugé, en fait, à partir des projections personnelles qu'ils ont faites, malgré eux, sur l'instinctothérapie et son fondateur. Et de quoi peuvent être faites ces projections ? La rumeur alimentée par la presse à la recherche de sujets à scandales, de "scoop", puisque tel est le système dans lequel elle évolue ? Les réactions du corps médical "bien pensant" et souvent structurellement incapable de la moindre ouverture d'esprit sur le plan scientifique ? Les résistances psychologiques internes, tant il est vrai que le bouleversement des habitudes alimentaires que suggère l'instinctothérapie touche les couches profondes de l'inconscient collectif par le biais des courts-circuits nourriture-amour inhérents à notre culture prométhéenne ?

Et pourtant, la rumeur n'était pas si défavorable lorsque le public de l'émission "Ciel mon mardi !" avait pu bénéficier, grâce à l'objectivité de son animateur Christophe Dechavanne, d'informations suffisamment complètes en 1989; le sondage Minitel effectué durant l'émission donnait 55%  de téléspectateurs pensant que l'instinctothérapie était une démarche sérieuse et scientifique, 35% seulement pensant qu'elle était farfelue. Dans le flot des émissions et des articles de presse, quelques- uns ont constitué de  bonnes références, trop vite oubliées, malheureusement. Ils étaient toujours le fait de professionnels qui avaient pris le temps de faire les investigations nécessaires pour se faire une opinion personnelle,objective et fondée.

Enfin, il y a lieu de souligner qu'après deux ans d'instruction, 1989 et 1990, Monsieur le juge Pomet avait tout à fait changé d'attitude vis-à-vis de Guy-Claude Burger et s'adressait à lui avec beaucoup de déférence, ce qui tranchait nettement avec la rudesse du premier contact lors de la perquisition générale de septembre 1988. C'est ce juge qui lui avait rendu son passeport, levant ainsi de facto l'interdiction de se rendre à l'étranger qui pesait alors sur l'inculpé. De même, Madame le juge d'instruction Subra, recueillant la charge de poursuivre l'instruction de 1991 à 1995, avait elle-même prononcé la main levée du contrôle judiciaire; ceci constituait une marque sensible, un préjugé favorable du magistrat à l'encontre de Burger. Il est vrai que ces juges, à force d'"explorer" les tenants et les aboutissants de l'affaire, ont fini par comprendre et accepter les fondements de la démarche. Mais, élégante contradiction du système judiciaire, ils ont été relégués à la portion congrue, le premier par mutation géographique, le second par rappel à l'ordre de sa hiérarchie institutionnelle. Et maintenant par le fonctionnement même de la justice: par un coup de baguette magique, le magistrat instructeur, qui est celui qui connait le plus à fond le dossier par le temps passé, les personnes rencontrées, eh bien ! ce magistrat ne participe pas au procés et n'émet même pas d'avis: il instruit et il se tait. Puis ce sont des juges arrivant de l'extérieur, dans un ensemble de faits qu'ils ne peuvent connaître et qu'ils n'ont pas le temps d'approfondir, qui manient l'épée de Salomon.

L'application immédiate du jugement va, en tout premier lieu, provoquer l'interdiction pour Guy-Claude Burger d'exercer toute activité sociale relative à l'instinctothérapie. C'est pourquoi le Président de l'Association de Montramé qu'il est, a d'ores et déjà donné sa démission. Il nous faudra donc tenir une prochaine assemblée générale dans le courant de l'été.

Pour les cours et séminaires inscrits à notre programme, nous devons suspendre jusqu'à nouvel avis tous ceux qui étaient prévus à Montramé pour l'été. Les personnes déjà inscrites pourront contacter le Centre afin d'obtenir tous les renseignements les concernant. En ce qui concerne l'avenir immédiat de l'instinctothérapie, les bases d'une nouvelle relance sont à définir. Cela sera l'occasion de réaliser un voeu émis depuis longtemps par Guy-Claude lui-même, tant il est vrai qu'à terme, le relais doit être pris, la responsabilité que nous portons tous sur les épaules, pour l'avenir, pour les générations futures, doit être assurée. Les assistants potentiels, déjà partiellement formés, ne manquent pas. Et, pendant ce temps, Guy-Claude aura le temps d'écrire les livres que nous attendons tous...

Sur le plan purement judiciaire, Me Vergès estime que cette sanction justifie une procédure en appel. La chose va se décider dans les jours qui viennent. D'ici là, le mouvement instincto a besoin de la plus grande unité qui soit. C'est l'appel, qu'au nom de tous, je vous lance en ce soir du vingt-neuf mai...


Bernard Mercier


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