Le projet d'appui à l'Horticulture Urbaine et Périurbaine
en République Démocratique du Congo
Projet FAO GCP/DRC/028/BEL
Table des matières
51. Introduction
L'Afrique connaît le même phénomène d'urbanisation accentuée que les autres continents du monde ces dernières années avec un taux qui est passé de 10 à 30%. La RDC est parmi les pays d'Afrique où l'urbanisation est galopante : les populations de Kinshasa (de 3 à 6 millions) et de Lubumbashi (de 0,5 à 1,2 million) ont doublés en 15 ans.
Pour faire face à la demande croissante en légumes et fruits frais, la population urbaine et périurbaine a réagi en mettant en valeur des superficies importantes, tant au niveau de parcelles éparpillées qu’au niveau de périmètres ou de bas-fonds ; cette horticulture joue aujourd’hui un rôle essentiel dans l’approvisionnement journalier de la ville, d’autant plus que l’approvisionnement de l’intérieur du pays est rendu difficile par la dégradation du réseau routier, le manque de moyens de transport et l'insécurité.
Cette Horticulture Urbaine et Périurbaine (HUP) offre de réelles opportunités.
Une opportunité d'emploi et de revenu : l’horticulture intensive permet de générer des revenus appréciables à partir de parcelles de petites dimensions et elle peut donner un emploi à une personne à temps plein par 50 à 100 consommateurs. L’horticulture urbaine et péri-urbaine remplit donc un rôle socio-économique important en particulier pour les plus démunis, les femmes et les enfants.
Une opportunité d’approvisionnement journalier de la population urbaine : grâce à la production urbaine et périurbaine, le marché est approvisionné chaque jour en produits frais de haute qualité nutritionnelle. L'horticulture urbaine et périurbaine remplit donc un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, l’équilibre de la nutrition et de la santé publique.
L'horticulture urbaine et périurbaine rencontre néanmoins aussi des contraintes et des risques : les exploitants ne disposent le plus souvent ni de titres de propriété ni de concessions d’exploitation ; la maîtrise de l’eau n’est pas assurée, ni en saison pluvieuse (besoin de drainage), ni en saison sèche (besoin d’irrigation) quand en plus les eaux d’irrigation n’offrent pas les garanties sanitaires souhaitables ; faute de connaissances en matière de techniques culturales appropriées, les producteurs ont recours à l’utilisation de produits chimiques souvent mal appliqués.
Force est de constater que le secteur de l’horticulture urbaine et périurbaine est négligé par les services de l’état : il y a un réel vide stratégique. En effet, si dans les plans d’aménagement des villes on constate que les dispositions sont prises pour les routes, les lotissements d’habitations, les édifices publics, les écoles, les stades sportifs et même les zones « industrielles », la planification de zones ou de lotissements maraîchers par contre fait défaut.
2. Historique
A la requête du gouvernement, la FAO a dressé un bilan de la production horticole à Kinshasa, au Bas-Congo, à Lubumbashi et les autres grandes villes du Katanga, à Mbuji-Mayi et à Kisangani (1996). Une stratégie et une approche cohérente de développement de l'HUP dans un contexte durable ont également été définies. Le projet actuel, financé par la Belgique pour un montant de 1.369.000 USD pour une durée de trois ans, en est le résultat.
3. Les modalités de coordination du projet
Le projet, placé sous la responsabilité du Ministère du Développement Rural, est coordonné par un Coordonnateur National (CN) basé à Kinshasa. Il s’intègre dans les structures existantes du secteur public.
Le projet intervient dans les villes de Kinshasa et Lubumbashi ; l’exécution revient dans chaque ville au Conseiller HUP (C/HUP), assisté par une Unité Technique (UT) composée d’un expert en génie rural, un agro-économiste et un horticole. Il assure le dialogue entre les partenaires du projet et suit l’état d’avancement des activités. Il est responsable de la préparation et la distribution des “fiches prototype”, la sélection des partenaires opérationnels et des initiatives de base, de la vérification des dossiers et de la préparation des cahiers de charges et contrats relatifs aux initiatives à financer, ainsi que du suivi et de la réception des travaux des micro-aménagements.
Au niveau de chaque ville, un Comité Municipal de Concertation (CMC) présidé par le Maire (Lubumbashi) ou le Gouverneur (Kinshasa) est créé. Il est composé d’un représentant des différents bourgmestres, de l'hydraulique, de l’urbanisme, du Ministère en charge des affaires foncières, du droit coûtumier, des associations de producteurs partenaires, des opérateurs privés et des associations professionnelles.
Le rôle principal du CMC est (i) d'impliquer les différents services et compétences requises pour assurer un développement intégré de l’HUP, (ii) de gérer les démarches pour sécuriser l’occupation des bonnes terres agricoles et de les (iii) faire inscrire dans le plan d’aménagement de l’espace urbain. De même les CMC promouvoient une gestion adéquate des ressources naturelles et de leur accès.
4. Partenaires
Les interventions du projet sont mises en place avec les autorités nationales (partenaires directs et associés) et la participation des partenaires tels que :
Les partenaires directs : autorités nationales de tutelle et celles directement concernées par le projet.
Partenaires publics associés : les structures publiques chargées de la vulgarisation, la formation, la recherche.
Partenaires opérationnels : il s'agit d'associations professionnelles, de groupements de producteurs, d'initiatives locales de développement et d'opérateurs privés.
5. Mise en oeuvre des activités
Les micro-projets (voir ci-dessous) sont parrainés par des associations professionnelles qui faciliteront leur diagnostic, mise en oeuvre et suivi et constitueront un intermédiaire pour permettre aux groupements d'accéder à des sources de financement. Ils sont co-financés par les bénéficiaires qui contribuent (travail, finances) pour au moins 20% des coûts.
6. Considérations spéciales
Le projet mène des actions concrètes en faveur des femmes horticultrices, en encourageant leur participation dans les séances d'information et de formation dans différents domaines intéressant le secteur horticole. Les associations de femmes sont privilégiées pour la réalisation des micro-projets.
7. Les résultats attendus du projet se situent à deux niveaux
au niveau des mécanismes de concertation : un programme fonctionnel qui s’intègre dans les structures opérationnelles du pays est établi, une Coordination locale (CMC) et nationale de l'HUP mise en place et opérationnelle
au niveau des transferts de technologies : les techniques d’intensification et de diversification des cultures horticoles adaptées aux conditions locales seront maîtrisées, des messages techniques simples mis en forme pour leur diffusion effective par les services de la vulgarisation.
8. Interventions sur le terrain
La réalisation de micro-aménagements : 7 à 8 bas-fonds à Kinshasa (environ 400 ha) et 5 à 6 bas-fonds et vallées à Lubumbashi (environ 115 ha).
Par micro-aménagement, on entend des travaux impliquant un ensemble de groupements de producteurs et susceptibles d'améliorer le potentiel de production au niveau de l'ensemble d'un zoning horticole. Il s'agit généralement de travaux d'aménagement hydro-agricoles, faciles à gérer et pouvant être entretenus de façon durable par les utilisateurs.
La mise en oeuvre de micro-réalisations (30 - 50) par des groupements de producteurs.
Par micro-réalisation on entend une initiative émanant d'un groupement de producteurs à la base et destiné à résoudre des contraintes techniques spécifiques rencontrées au niveau de l’intensification et de la diversification de la production horticole.
A titre indicatif, les sujets suivants sont considérés :
l'établissement d'une pépinière fruitière de groupe
l'installation de petits marchés de quartier
l'établissement de compostières (gestion des ordures ménagères et recyclage)
la construction d'abris pour la culture en saison des pluies
l'établissement d'une pépinière maraîchère pour la production de plantules
la maîtrise de l'eau à la parcelle (réservoir, pompes à pédales, matériel de micro-irrigation)
Les micro-réalisations sont financées par un micro-crédit mis à disposition par le projet. Une ONG spécialisée assure la formation des membres des associations concernées dans la création et la gestion d’une Mutuelle d’Epargne et de Crédit. C’est la Mutuelle, par sa caisse de proximité, qui gère le micro-crédit. Les membres de l’association sont responsabilisés dans la gestion de leurs moyens de production.
La démonstration de techniques culturales améliorées en vue d'intensifier, de diversifier et d'étaler la production horticole, telles que
le développement de pratiques agricoles alternatives à l'utilisation de l'engrais
l'introduction de matériel végétal sélectionné, pour relancer les activités au niveau des pépinières
la mise en place d'essais d'adaptation dans les domaines de la fruticulture et de la micro-irrigation au niveau de quelques exploitations pilotes
l'établissement d'itinéraires techniques améliorés pour les principales cultures fruitières.
La publication de matériel de formation/vulgarisation
Il s'agit surtout ici d’un curriculum de formation pour les encadreurs et formateurs pour diffuser les principes de la Production et Protection Intégrées (PPI) et de l’Ecole Paysanne (EP), mais surtout d’une série de fiches illustrées (cartes PPI) avec des messages simples pour utilisation directe par les producteurs.
La formation des services d'appui technique
Ici il s'agit de consolider la formation et élargir les connaissances des animateurs ruraux et des agents locaux dans les différents domaines de l'horticulture et d'organiser un service-conseil permanent pour les exploitants horticoles.
L'information et la formation des maraîchers/horticulteurs (aux concepts PPI) par
l'organisation de l'encadrement de quelques groupements suivant la méthode de l'Ecole au Champ sur les thèmes tels que les techniques de production maraîchère, la gestion des ressources en eau, l'utilisation des pesticides, la commercialisation et d'autres sujets à définir conjointement avec les producteurs
l'installation de parcelles de démonstration sur les variétés et les techniques culturales, au niveau de petites et moyennes exploitations horticoles (actions en appui à la production)
la spécialisation et l'encadrement technique de certains paysans pilotes dans la multiplication de matériel végétal sélectionné et la production de plantules maraîchères
Les thèmes de vulgarisation, des démonstrations et opérations pilotes peuvent être par exemple :
le choix des variétés/cultivars adaptés
la gestion de la fertilité durable des sols (compost, mulching, ...)
techniques de Production et Protection Intégrées
conduite du verger : choix du site, des espèces et des variétés, irrigation, taille, entretien
la gestion d'une pépinière maraîchère et l'utilisation de semences de qualité de variétés recommandées
l'identification du matériel végétal sain, techniques de multiplication rapide
L'amélioration de la gestion technique, administrative et financière des associations (coopératives) de base
Des actions de formation/vulgarisation sont nécessaires pour améliorer l'organisation des producteurs. L'objectif ultime est de faire évoluer les associations vers des coopératives de base et de faciliter l'établissement de groupes maraîchers autogérés.
La mise en place des Comités Municipaux de Coordination et d'une Cellule de Coordination Nationale pour le Développement de l'HUP
Ceci afin de renforcer l'ancrage institutionnel pour la sécurisation des terres horticoles et de mettre en place un système continu de gestion et de suivi-évaluation du secteur horticole en milieu urbain et périurbain.