Approches du projet
1. Approche participative 2. Production et Protection Intégrées (PPI) 3. Coopération Régionale/Internationale |
En raison du rôle primordial des producteurs dans l’approvisionnement journalier en légumes et fruits frais des centres urbains, la filière sera promue à partir d’interventions destinées à appuyer directement les initiatives de base. A ce titre les producteurs seront directement impliqués dans la programmation des activités, leur exécution ainsi que leur suivi et dans l’évaluation des résultats obtenus.
La démarche envisagée pour développer des productions maraîchères de qualité dans les zones urbaines et périurbaines consiste à faire participer activement l’ensemble des acteurs (politique/administratifs, services d’appui, le secteur privé et les producteurs) et de les responsabiliser chacun à leur niveau. A cette fin, l’approche participative sera mise en oeuvre tant au niveau de la base (périmètres) qu’au niveau de l’encadrement et de la gestion du projet :
- sensibilisation des groupements/associations de producteurs et leur responsabilisation au niveau de leur diagnostic participatif et de l’analyse des contraintes et des potentiels (assistés par des options proposées par les services d’appui technique)
- la participation directe des producteurs dans la programmation, l’exécution et le suivi des initiatives de base ;
- coordonner les différents appuis techniques et organisationnels avec les groupements de producteurs (sur base de la demande et des priorités exprimées par les producteurs)
- autogestion d’un fond de roulement (principes, formations à définir)
L’approche participative et la méthodologie de l’Ecole au champ
Mise au point par la FAO, la méthodologie de "Ecole au Champ" (EC), est basée sur l'approche participative. Le principe est de faire participer les bénéficiaires cibles à l'identification et l'analyse des problèmes rencontrés, à la recherche des options potentielles, la sélection de solution appropriées et leur application. Sur base de leurs contraintes et potentiels, les paysans participent ainsi à la recherche d’options appropriées et à la prise de décisions à partir de leur propre analyse. L’animateur n'est qu'un facilitateur voire un catalyseur.
Les champs sont les lieux de formation où les agriculteurs apprennent à partir d'observations de faits concrets. Le principe de base étant "d’apprendre par l'action" et "apprendre par le faire". Cette approche repose sur la conviction que les paysans possèdent beaucoup d'expérience et des connaissances dans le domaine agricole et qu'aucun résultat ne peut être atteint sans leur participation. Outre les solutions propres générées par les membres de l’école au champ, les autres partenaires (R/D) proposeront des options potentielles, en réponse aux demandes des producteurs.
Objectifs : appuyer les paysans à développer leur capacité :
- d'identification, d'analyse, d'interprétation des informations de base,
- de prise de décisions après analyse de leurs propres expérimentations,
- d'évaluation des résultats d’essais comparatifs de technologies potentielles (et réorientation des décisions).
Cette approche permet aux paysans d’être indépendant, car il est expert dans son champ, et de (1) partager son expérience avec d'autres agriculteurs, (2) d’essayer d’autres options potentielles en groupe (risque partagé).
Principes :
- le programme de formation/travail est établi sur base des besoins exprimés par les paysans en fonction des conditions locales,
- le champ représente la première ressource pédagogique,
- la connaissance est le résultat des expériences acquises, des découvertes personnelles à travers un processus de coopération et de partage/échange,
- la formation est permanente (avec des pics d’intensité adaptés aux besoins).
Méthodes et approches de formation : la formation devra se baser sur :
- le partage des informations et connaissances (même par le jeu … voir cartes PPI),
- le cycle d’apprentissage par l’expérience
- d’autres méthodes actives de formation (le jeu des rôles (prendre des initiatives en situation réelle) et les études de cas (faire référence à des événements historiques),
- les exercices de dynamique du groupe (résolution de problèmes posés, la constitution et la gestion du groupe, la coopération, etc.)
- l’évaluation participative (tester les connaissances pratiques par la technique du test de l’urne)
- des solutions seront recherchées au niveau local pour la sécurisation du foncier, la qualité de l’eau, etc., par la participation active de tous les partenaires (publics, associatifs et privés) dans les Comités Municipaux de Concertation appuyés par les Unités Techniques HUP dans chaque ville concernée.
- les autorités municipales (assistés par les CMC) auront un rôle primordial dans la détermination des périmètres/zonings maraîchers et dans la facilitation de l’accès des associations à des titres de concessions foncières.
- la satisfaction des besoins/contraintes exprimés par les producteurs et l’appui aux initiatives de base (approche participative dans le cadre de la gestion du terroir en s’appuyant sur les organisations paysannes émergentes),
- la mise en œuvre de la méthodologie de « l'Ecole au Champ » (voir encadré) pour dynamiser une vulgarisation active, tant au niveau technique que de la gestion des groupements au niveau des périmètres,
- la popularisation des technologies appropriées pour mieux valoriser les ressources disponibles en vue d’intensifier, étaler et diversifier la production horticole,
- l’appui à l’organisation de l’approvisionnement en intrants (service de proximité) et de la commercialisation des produits,
- la promotion d’une meilleure intégration des populations ciblées (spécialement les jeunes et les femmes),
- le conseil technico-économique aux ‘exploitations’ horticoles et l’appui aux innovations paysannes.
- coordination des interventions HUP,
- consolidation des stratégies HUP dans le cadre des politiques de développement horticole/agricole et de sécurité alimentaire,
- appui au développement HUP.
Les cultures horticoles[1], en particulier les cultures maraîchères, sont agressées par de nombreux ennemis (insectes, acariens, nématodes, champignons, bactéries, virus, ...). Avec l’apparition de résistances aux traitements chimiques, certains d’entre eux ont atteint des niveaux d’incidence très élevés. Les coûts des traitements deviennent alors prohibitifs car les maraîchers augmentent le nombre de traitements ou doivent faire appel à des produits de plus en plus chers et toxiques (escalade).
Un produit horticole (légume ou fruit) de bonne qualité doit être un produit « sain » répondant à un certain nombre de caractéristiques comme : (i) l’absence de résidus de pesticides non autorisés , (ii) des teneurs en résidus acceptables pour les produits autorisés , (iii) des concentrations acceptables (ni trop ni trop peu) en minéraux , (iv) l’absence d’agents pathogènes pour l’homme, (v) une bonne valeur nutritionnelle (vitamines, minéraux, protéines et hydrates de carbone), (vi) un goût apprécié par le consommateur (caractéristiques organoleptiques), et (vii) une conformité avec les exigences du marché (aspect, forme, taille, couleur, ...). Il doit également être produit dans des conditions qui permettent une sécurité physique pour les travailleurs/producteurs, le respect de l’environnement (sols, eau, …), tout en assurant des revenus appréciables pour le producteur.
La stratégie appelée Production et Protection Intégrées (PPI) est proposée afin de satisfaire à ces préoccupations. La PPI est basée sur une approche globale intégrant les pratiques culturales, la lutte biologique ou bio-technique, ainsi que le contrôle chimique en vue d’une production optimale et saine. Elle consiste à appliquer prioritairement des pratiques culturales (variétés résistantes, techniques de culture, rotations, lutte biologique et physique, etc.) qui permettent de réduire l’incidence des ennemis des cultures. L’usage de produits phytosanitaires n’est alors admis qu’en dernier recours. Il doit être raisonné et la préférence est donnée aux produits les plus ‘doux ‘ (respect de l’environnement, de l’utilisateur, du consommateur et des auxiliaires).
Il est important de remarquer que l’adoption d’une stratégie PPI doit pour être efficace, être envisagée au niveau de l’ensemble de l’exploitation (et du terroir) et non parcelle par parcelle ou culture par culture. En effet, les précédents culturaux, les cultures avoisinantes, la végétation environnante en général, le matériel de culture et son mode d’utilisation, le mode d’irrigation, le type de brise-vent, etc. ... sont un ensemble de facteurs qui influencent fortement le niveau de pression des principaux ennemis des cultures (dans l’espace et dans le temps). A partir du moment où un équilibre naturel est rompu, la perturbation favorise l’action d’organismes indésirables et nuisibles dont l’influence passerait normalement inaperçue.
En utilisant les méthodes de production comme des méthodes préventives de protection des cultures, et les règles de protection comme des outils de production raisonnée, on obtient la notion de « Production et Protection Intégrées » (PPI). Ainsi la PPI s’appuie sur trois actions de base :
L’action préventive – L’application de pratiques culturales permettant d’optimiser la production (en quantité et en qualité) et de maintenir l’incidence des parasites en dessous d’un niveau critique (effet de seuil). Ces pratiques intègrent les variétés résistantes/tolérantes et les techniques culturales spécifiques adaptées à chaque culture et à son environnement. De plus le contrôle des sources de contamination et de multiplication des ennemis avant, pendant et après la culture permet également de garder un niveau tolérable d’infestation par les ennemis.
L’utilisation de moyens biologiques – Dans les conditions de champs, l’introduction d’auxiliaires sur des petites parcelles n’est généralement pas applicable. Mais le respect des ennemis naturels de ravageurs par le choix des produits phytosanitaires, ou la modification du comportement de ces ravageurs sont également des applications des moyens biologiques.
L’utilisation raisonnée des produits phytosanitaires – Leur application se fera après une reconnaissance précise de l’ennemi de la culture, de son stade sensible de développement, de son niveau d’infestation et du risque pour la culture en fonction du stade de développement de celle-ci. Parmi les matières actives disponibles, le choix de celles à utiliser prendra en compte tous les paramètres environnementaux (danger pour les auxiliaires, toxicité pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs, risque de pollution des eaux, effet sur la faune terrestre et aquatique...) et toxicité pour l’homme (consommateur et producteur).
L’encadrement technique recherchera des technologies PPI appropriées/adaptées sur la base des acquis au niveau national (recherche-développement) mais également régional (RADHORT) et international, notamment au niveau de zones homologues/iso-potentielles. Le RADHORT est un réseau de coopération régionale pour le développement de l’Horticulture en Afrique, chargé notamment de la promotion de l’échange d’information technique et de matériel génétique entre les pays du réseau.
L’approche PPI a été mise au point dans le cadre du projet GCP/RAF/244/BEL qui a également préparé les documents techniques nécessaires pour en assurer la mise en application. Ainsi le projet HUP devra s’appuyer sur les acquis du RADHORT et :
ü utiliser et adapter les informations (documents techniques, fiches, …) et le matériel génétique développées par le RADHORT et/ou échangées entre les partenaires du réseau
ü utiliser les compétences des spécialistes thématiques du réseau RADHORT, en l’occurrence les Animateurs Régionaux spécialisés en PPI (ARppi), techniques culturales (ARtec) et économie des productions horticoles (AReco)
La capitalisation et l’échange d’informations techniques disponibles permettent d’accélérer la mise au point de techniques adaptées. A cet effet, le système d’information HORTIVAR[2] sur les performances des cultivars horticoles en relation avec les conditions agro-écologiques et les pratiques culturales permet de répondre à cette demande. En outre, l’intégration des cartes PPI à ce système d’information permet l’échange d’informations sur l’application de techniques PPI.
Etant donné que ce projet est financé par le même donateur et fait partie de la politique belge en matière de co-opération internationale comme précisée dans la note programmatique, la passerelle directe avec HORTIVAR sera établie et :
ü les fonds du projet GCP/INT/697/INT seront utilisés pour développer les activités de capitalisation de l’information technique prévues dans le cadre du projet en RDC.
ü le projet d’appui au développement de l’HUP contribuera par l’entrée d’informations relatives aux performances des variétés horticoles que des techniques PPI adaptées développées dans le cadre du projet.
[1] Cependant, le but n’est pas d’augmenter les rendements par tous les moyens possibles et notamment par l’utilisation massive d’intrants. L’accent doit être mis sur le développement de systèmes de culture durables visant l’optimalisation de la productivité qui sera économiquement rentable, socialement acceptable, respectueuse de l’environnement (sol, eau, air, …) et de la santé des consommateurs F
[2] Le système d’information HORTIVAR est développé par la FAO dans le cadre du projet GCP/INT/697/BEL : ce projet normatif a permis de créer les outils qui sont proposés à l’ensemble des pays membres de la FAO en appui au développement de l’Horticulture. Plus spécifiquement, ses outils sont conçus pour faciliter la capitalisation et la diffusion de l’information (par Internet) concernant la performance des cultivars horticoles en fonction des conditions environnementales et des pratiques culturales. Plus récemment un système d’information sur les techniques culturales selon les principes de la PPI (cartes PPI) fut intégré à HORTIVAR. Visitez le site HORTIVAR F