STRUCTURE DE LA CRIMINALITÉ Cette section s’inspire des données de la DUC II donc à partir des statistiques officielles de la criminalité. Cette analyse porte seulement sur le crime d’incendie et sur les éléments pertinents pour comprendre ce type de crime. Par contre, il est important de spécifier que les incendies criminels compilés ne possèdent pas beaucoup de caractéristique donc l’analyse sera concentrée sur quelques variables. Ces variables sont tout de même très importante pour établir le portrait du crime. Alors, l’analyse se concentrera sur les variables suivantes : l’âge et le sexe du suspect, la valeur des biens endommagés et l’endroit de l’infraction Tableau # 1 : La moyenne d'âge du suspect en fonction du sexe
Dans le tableau 1, on peut voir que la moyenne d’âge de tous les suspects est de 24 ans. Pour les femmes, la moyenne d’âge est plus élevée car elle est de 32 ans tandis que les hommes présentent une moyenne d’âge de 23 ans. Il est aussi important de noter que le crime d’incendie n’est pas un crime où il y a beaucoup de femmes car on voit que les femmes suspectes sont seulement 61 tandis que les hommes sont 515. Ces différences entre les hommes et les femmes sont significatives étant donné que le p est de 0,000 (p<0,05). Par contre, cette relation est faible étant donné que l’eta a une valeur de 0,189. Tableau # 2 : La moyenne de la valeur des biens endommagés par rapport au sexe du suspect.
Le tableau 2 nous permet de constater que la moyenne de la valeur des biens endommagés est assez élevée avec 15 959,50$. De plus, on peut voir que les hommes causent en moyenne plus de dommages que les femmes : les hommes ont une valeur de 16 604,29$ et les femmes de 10 607,2$. Par contre, ces résultats ne sont pas significatifs puisque le p a une valeur supérieure à 0,05 (p=0,699) donc il n’y a pas de relation entre le sexe du suspect et la valeur des biens endommagés. Tableau # 3 : La moyenne de la valeur des biens endommagés par rapport à l’âge du suspect.
Maintenant, ce tableau explique la moyenne de la valeur des biens endommagés en fonction de l’âge du suspect. On constate que plus l’âge augmente, plus la valeur des biens endommagés augmente : moins de 12 ans [1] =2 092$, 12-17ans=15 820$ et 18 ans et plus=19 307$. Malgré ces constatations, il est important de noter que ces différences ne sont pas significatives car le p est de 0,53 (p<0,05). Tableau # 4 :Valeur des biens endommagés en relation avec l'âge du suspect
Sig: 0,000 ; Phi: 0,236 ; Cramer's V : 0,167 Les données du tableau 4 nous démontre la relation entre la valeur des biens endommagés et l’âge du suspect. Tout d’abord, on remarque que les suspects âgés entre 12 et 17 ans représentent 36,8% (60/163) des accusés qui ont commis un incendie criminel sans aucun dommage matériel. Au niveau des 18 ans et plus, ils ont un pourcentage de 47,88% (78/163) dans le cas d’un crime sans dommage. De plus, lorsqu’on additionne les données pour les moins de 12 ans avec les données des 12-17 ans, on observe qu’ils représentent 52,14% de tous les individus accusés pour un crime d’incendie ayant aucun dommage enregistré. Maintenant, pour les crimes d’incendie qui ont causé des dommages aux biens entre 1$ et 499$, on constate que la majorité des accusés sont des individus de moins de 18 ans. Ces individus composent 53,77% de cette catégorie tandis que les 18 ans et plus représentent 42,23% des accusés pour les crimes d’incendie qui ont endommagé des biens pour une valeur maximale de 499$. La même tendance est identifiée au niveau des dommages s’élevant entre 500$ et 2 999$ c’est-à-dire que les moins de 18 ans représentent 58,28% et les individus majeurs correspondent à 47,62% des suspects de cette catégorie. Par contre, pour les incendies criminels causant des dommages de 3 000$ et plus, nous observons un phénomène contraire dont 70,90% des suspects sont commis par des individus de 18 ans et plus. Au niveau des juvéniles, ils représentent 30,1% des suspects qui ont endommagé des biens pour plus de 3 000$. Finalement, pour l’ensemble des catégories selon les biens endommagés, on observe une distribution plutôt égale entre les moins de 18 ans et les 18 ans et plus : les suspects de 18 ans et plus représentent 52,06% et les moins de 18 ans sont repartis ainsi, 12-17 ans correspondent à 35, 73% et moins de 12 ans équivalent à 12,21%. Alors, cela nous permet de dire que les suspects de moins de 18 ans sont tout de même très présent dans ce type de crime contrairement à d’autres types de crime. Pour les moins de 12 ans, il est possible d’associer les raisons de la commission d’un crime d’incendie à une sorte de fantaisie de faire brûler quelqu’un qui nous a fait du mal donc les incendies causés par des enfants sont commis près de leur maison, dans leur entourage. De plus, ces crimes ne font pas beaucoup de dommages car les enfants deviennent anxieux et ils appellent à l’aide très rapidement. Pour les adolescents, les incendies sont déclenchés pour l’excitation ou pour la vengeance de problèmes reliés à l’école et les biens endommagés peuvent être importants. (Vreeland et Waller, 1978) Enfin, Cusson (1990) démontre aussi que les crimes contre la propriété atteignent un sommet durant l’adolescence donc cela pourrait expliquer les raisons du nombre assez élevé de mineur pour les crimes d’incendie. Enfin, la valeur des biens endommagés n’est pas présente de manière égale dans chaque catégorie. Pour les crimes sans dommage matériel, il y a 29,26% des suspects. Au niveau des dommages situés entre 1$ et 499$, on retrouve 27,88% des suspects. Entre 500$ et 2 999$, il y a 18,85% tandis que pour 3 000$ et plus, il y a 24,06% des suspects. Alors, on peut conclure qu’il y a une majorité d’incendie criminel qui cause moins de 500$ de dommages matériels. Au niveau de ces deux variables, on obtient un p de 0,000 (p<0,05) ce qui veut dire qu’il y a une relation significative entre la valeur des biens endommagés et l’âge du suspect. Pour la force de la relation, on obtient un V de cramer de 0,167 donc la relation entre ces deux variables est faible. Tableau # 5 :La relation entre l’endroit de l’infraction et le sexe du suspect.
P= 0.029 ; V de Cramer : 0.158 Avant de débuter l’analyse des données du tableau 5 qui met en lien l’endroit et le sexe du suspect, il est important de noter la proportion de chacun des endroits. Les crimes commis dans les résidences sont les plus fréquents avec 51,4% de tous les crimes d’incendie déclarés. Au deuxième rang, il y a les établissements publics tels que les écoles, les banques ou les établissements commerciaux qui représentent 21,3%. Ensuite, on retrouve les stationnements, rues, routes et autoroutes à 13,1% qui doivent être possiblement des incendies dans les véhicules moteurs. Finalement, il y a les constructions et les industries à 8,6% et les dépanneurs et restaurants à 5,4%. Il est aussi important de mentionner que les résultats de ce tableau sont significatifs puisque qu’on note un p de 0,029 (p<0,05). Alors, il y a une relation entre l’endroit du crime et le sexe du suspect mais cette relation est plutôt faible étant donné que le V de cramer est de 0,158. Pour tous les endroits, on observe une proportion beaucoup plus élevé d’hommes que de femmes. Cette constatation est évidente car il y a un plus grand nombre d’accusé du sexe masculin que féminin. Mais, pour les crimes d’incendie dans les résidences, les femmes sont plus présentes que dans les autres catégories d’endroit avec un pourcentage de 16. Cette constatation est confirmée par Vreeland et Waller (1978) qui affirment dans les résultats d’une recherche que la majorité des actes criminels commis par les femmes étaient fait contre leur propre propriété. Ces femmes étaient souvent dépressives et elles voulaient se venger contre, dans la majorité des cas, une figure d’autorité. Pour les autres endroits, la proportion est d’environ 90% d’hommes et 10% de femmes ce qui semble s’apparenter à plusieurs autres crimes tels les crimes de violence. Tableau # 6 :Corrélation entre les biens endommagés et l’âge du suspect
Corrélation est significative à un niveau de confiance de 0.05 (2-tailed).
Le tableau 6 vient confirmer la relation entre la valeur des biens endommagés et l’âge du suspect trouvé dans les deux tableaux précédents. Ce tableau démontre qu’il y a une corrélation entre la valeur des biens endommagés et l’âge du suspect. La relation entre ces deux variables est significative puisque le p est de 0,015 (p<0,05). De plus, la relation positive est relativement faible car le r est de 0,103. Cette relation veut donc dire que lorsque la valeur des biens endommagés augmente, l’âge augmente aussi. Tableau # 7 : La relation entre l’endroit de l’infraction et l’âge du suspect.
Sig : 0.000 ; Phi: 0.451 ; V de Cramer : 0.319 Ce tableau fait référence à la relation entre l’endroit du crime et l’âge du suspect. Une première constatation est que les incendies criminels dans les résidences sont largement dominés par les individus majeurs (74,6%). Ensuite, la catégorie des établissements publics a une forte quantité de moins de 18 ans (76,4%) donc pour les 12-17 ans, ils commettent 61,3% des crimes d’incendie dans les établissements publics et les moins de 12 ans 15,1%. Ce fort pourcentage peut être expliqué puisque cette catégorie contient les écoles donc plus spécifiquement, les mineurs peuvent provoquer des incendies dans leurs écoles par frustration ou par vengeance. Ensuite, pour la catégorie des stationnements, on note une proportion plutôt semblable pour les adultes et les 12-17 ans avec des pourcentages respectifs de 43,1% et 46,2%. Puis, les constructions et les industries sont aussi dominés par les juvéniles car les 12-17 ans représentent 48,8% des suspects tandis que les 18 ans et plus composent 30,2% des suspects. Dans cette catégorie, les moins de 12 ans sont aussi important avec un pourcentage de 20,9%. Une explication semble être plausible à ce sujet. Les jeunes sont souvent à l’extérieur et ils peuvent s’amuser près d’usines ou de chantiers de construction donc ils peuvent vouloir mettre le feu dans un bâtiment et ce, pour le «thrill». Finalement, au niveau des restaurants et débits de boisson, les 18 ans et plus sont en majorité avec 59,3% et les 12-17 ans représentent 37%. Toutes ces relations sont significatives puisque le p a une valeur de 0,000 (p<0,05). Cette relation est faible car on note un V de cramer de 0,319. Tableau # 8 : La relation entre l’endroit de l’infraction et la valeur des biens endommagés.
Sig: 0,000 ; Phi: 0,220 ; V de Cramer : 0,127 Avant de regarder les données du tableau 8, il est important de spécifier que la relation entre l’endroit du crime et la valeur des biens endommagés est significative car on obtient un p de 0,000 (p<0,05). Par contre, la force de cette relation est faible étant donné que le V de cramer a une valeur de 0,127. De manière générale, la valeur des biens endommagés pour toutes les catégories ne varient pas énormément. Il est certain que dans certaines catégories, il y a des valeurs qui sont plus présentes. Au niveau des résidences ainsi que pour les restaurants et les débits de boisson, les crimes sans dommages et ceux avec 3000$ et plus sont plus importants. Les établissements publics ont une forte proportion (65,6%) de crimes ayant causée des dommages de moins de 500$. Au niveau des stationnements, rues, routes, autoroutes, la plus forte catégorie est celle des biens endommagés de 3 000$ et plus avec 35,5%. On observe la même chose pour les constructions et les industries avec 38,5%. Toutes ces données peuvent être expliquées par les biens disponibles donc qui peuvent être détruits par un incendie criminel. Par exemple, dans les stationnements ou sur une route, les biens qui peuvent être endommagés sont des véhicules moteurs donc ils peuvent exploser instantanément et ils doivent alors être remplacés totalement contrairement à un établissement public où les dommages peuvent être concentrés dans un petit secteur étant donné que l’intervention des pompiers peut se faire rapidement. Bref, les biens et l’endroit influencent la quantité de dommages d’un incendie criminel. Finalement, tous ces éléments dressent le portrait des incendies criminels. Le sexe des suspects est largement dominé par les hommes et on note une assez grande proportion de suspects âgés de moins de 18 ans. Au niveau des biens endommagés, il y a une majorité d’incendies criminels qui causent moins de 500$ de dommages. Enfin, en ce qui concerne l’endroit de l’infraction, les résidences et les établissements publics sont la cible d’une grande quantité d’incendies criminels. [1] Il est important de noter que les moins de 12 ans n’ont pas atteint l’âge de la responsabilité pénale puisqu’elle débute à l’âge de 12 ans. |