Le Mali: musique traditionnelle
Instruments et genres musicaux des Khasonke |
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Les Khasonke vivent en majorité dans les cercles de Bafulabé et
de Kayes. Le grand tambour cylindrique à deux peaux, dundunba,
le tambour cylindrique à deux peaux (plus petit que le premier),
jingò, le tambour à une peau, tantanwò, reposant sur trois ou
quatre longs pieds, les luths à 4 ou 5 cordes, kontinwòn, les
tambours à aisselles, tamandinwo, les clochettes en fer,
ngangaw, et les raclettes métalliques, karignàw, constituent
l'essentiel du matériel musical des Khasonke. A cela s'ajoute la
harpe sinbiwò, et les sifflets de chasseurs.
D'après l'histoire du peuplement du Khaso, les Khasonke sont
issus du métissage des Peul et des Malinké autochtones. Des
premiers, ils ont gardé des traits physiques et patronymiques,
et des seconds, la langue qui a subi d'importants changements
phonétiques. Leur société est profondément castée et cette
organisation se reflète dans la production musicale dont les
acteurs sont principalement les gens de caste: griots, forgerons,
esclaves.
Les quatre instruments dundunba, jingo, fantanwò et tamadinwò
sont utilisés pour produire plusieurs genres musicaux. Seuls les
forgerons jouent de ces instruments, en même temps qu'ils en
sont les fabricants, pour animer les manifestations destinées à
la simple réjouissance mais aussi pour marquer les nombreuses
étapes des rites de l'excision et de la circoncision fortement
élaborés chez les Khasonke.
De nombreux chants sont clamés à l'occasion des cérémonies
liées à ces étapes importantes de la vie de la jeune fille et
du jeune garçon. Ils expriment à la fois la peur et la joie des
mères devant l'épreuve du fer que doivent subir les jeunes
gens, et encouragent ces derniers à affronter cette épreuve.
Ainsi le pas de danse barinwò et sa musique caractéristique,
marquent la séparation des circoncis des non circoncis, le rite
yiri sego, " couper le bois ", protège les circoncis
du mauvais sort et marque leur retour au village. Les
manifestations mayo khò et lènlènkhuma, marquent
respectivement le bain rituel que les filles excisées prennent
au fleuve, et leur libération.
Chaque classe sociale a sa musique et sa danse particulière
auxquelles ses membres s'identifient. Il existe la danse des
forgerons dont le tage, la danse des cordonniers, dònba et
wulunkò, la danse des nobles, dansa et la danse des esclaves,
jubaliya. Le chant de la cantatrice principale, accompagnant les
tambours mentionnés ci-dessus, est repris en chur par les
femmes, tandis que les hommes et quelques femmes exécutent les
pas de la danse propre à leur classe sociale. Cette
différenciation de la danse et de la musique en fonction des
classes, qui résulte du caractère fortement casté de la
société, est aussi un des traits marquants de la tradition
musicale des Khasonke.
L'utilisation des instruments cordophones traduit également
cette spécialisation de la musique Khasonke. Les griots,
notamment ceux du secteur de Oussoubidianya, utilisent la luth,
kontinwò, pour exercer leur profession, jeliya, tandis que les
femmes se servent du chant pour évoquer les faits et les
bienfaits de leurs maîtres ou les remercier de leur constante
générosité. Les chants yamaruwo et bula introduisent toujours
les louanges des nobles pendant les manifestations Le sinbinwò,
harpe à sept cordes, appartient à la confrérie des chasseurs
khasonke comme partout au Mali.
La musique khumè est jouée à l'aide de cet instrument,
accompagné du sifflet, pour accueillir les chasseurs rentrant de
chasse avec du gros gibier, pour animer leurs mariages et leurs
funérailles. Les chants du khumè décrivent la vie des
chasseurs émérites et la chasse qui, dit un chant, 'plus qu'un
passe-temps, est une profession, une vie avec ses secrets, son
code de conduite, ses génies'.
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