Instruments et genres musicaux des
Soninké |
Les Soninké se trouvent en majorité dans les cercles de
Nioro et Nara et le sud du cercle de Bananba où ils cohabitent
avec des Bamanan. C'est une population à forte tradition
marchande, qui fût très tôt convertie à l'islam. Ces deux
phénomènes ont eu pour conséquence la disparition de beaucoup
de types musicaux traditionnels soninké avec leurs éléments
symboliques, et l'instauration d'activités musulmanes plus
fortes. Les principaux instruments de musique des Soninké sont :
les ganbare, luths à 3 ou 4 cordes, les dunduge, tambours à
aisselles, le dange, grand tambour reposant sur quatre pieds
(dont il existe le petit et le grand), le tabale, tambour à une
peau. Chez les Soninké, la musique peut être produite par un
griot, un esclave, plus rarement un noble à l'occasion de
cérémonies particulières telles que la circoncision et
l'excision.
La musique sunke, "causerie intime " est un genre
musical assez représentatif de leur patrimoine musical. Elle est
produite à plusieurs occasions : baptême, circoncision,
excision, mariage, tabaski, ramadan. Les instruments utilisés
sont deux ou plusieurs luths, ganbare, à 3 ou 4 cordes ayant
chacune leur nom propre, et deux tambours à aisselles, dunduge,
dont seuls les forgerons jouent. Une chanteuse principale
accompagne ces instruments. Ce genre musical était une musique
guerrière servant à accueillir les braves guerriers rentrant du
champ de bataille. Son répertoire, riche, sert aujourd'hui à
rappeler les noms et faits héroïques de ces derniers à la
jeune génération. Le thème de la relation frère/sur
occupe également une place centrale dans le répertoire de ce
genre musical, sous le titre de berebere, "cajoler
tendrement ". Il présente le frère aîné comme celui qui
doit apporter subsistance et affection à la sur cadette.
Le frère se substitue ainsi au père et à la mère mais sa
responsabilité 'paternelle' ne recouvre tout son sens que
lorsqu'on la situe dans le contexte de l'émigration à laquelle
tous les jeunes Soninké s'adonnent avec un ensemble. de valeurs
sociales, culturelles et économiques. La pièce musicale
berebere sert à cultiver chez les jeunes garçons soninké
l'idéal de l'aide à apporter à la sur surtout en
situation d'exode. L'instrument ganbare est aussi utilisé pour
animer les manifestations des griots.
Le tabalen est avant tout un tambour messager en voie de
disparition. On rencontre encore quelques spécimen de cet
instrument chez les Soninké, servant d'alarme pour annoncer les
attaques (enlèvements de bétail par les Maures), la mort du
chef de village et la perte en brousse d'un membre de la
société.
La musique cibarani, bien que d'origine bamanan, a pris une
place centrale dans la tradition musicale des Soninké. On la
rencontre dans tous les villages où Soninké et Bamanan vivent
ensemble. Elle est produite à l'aide d'un tambour conique, cun,
d'un tambour cylindrique à deux peaux, dununba, dont on joue
avec une batte en bois courbé, et un tambour gobelet, binimini,
dont le joueur développe les rythmes complexes. Cet ensemble,
pour produire une musique complète, s'accompagne de chants et de
danses. Les chants évoquent la vie des grands producteurs de
mil, encouragent les jeunes aux travaux des champs car les
récoltes qui en résultent sont le garant de la cohésion du
groupe social.
La musique kòlè, qui est le gita des Bamonan et le kòbe des
Dogon, est produite par les femmes à l'aide d'une calebasse
renversée sur un tas d'habits. Elle est jouée pour animer les
mariages ou les simples réjouissances.
L'amusement des jeunes filles au clair de lune, que l'on
rencontre chez presque toutes les ethnies, peut être
accompagné, chez les Soninké, de deux tambours à aisselle
joués par les hommes.