Instruments et genres musicaux des Sonraï |
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Les Sonraï habitent en majorité le Nord de la région de Mopti,
les régions de Gao et Tombouctou.
Les principaux instruments de musique des Sonraï sont: le zarka
(ou gooje en langue djerma), le kolo, tambour rond en poterie, le
hare, tambour cylindrique à deux peaux, le kurubu, harpe à 4
cordes, le gaasu, calebasse. Hormis la harpe et les calebasses
servant d'instruments de percussion, tous ces instruments,
notamment le violon, sont, excepté certaines occasions,
utilisés par les femmes. L'utilisation des instruments par les
femmes s'affiche en effet comme une règle de la tradition
musicale des Sonraï, Tuareg, Bella et Maure. Contrairement aux
autres groupes ethniques du sud du Mali, où le maniement des
instruments de musique est presque exclusivement réservé aux
hommes. L'une des particularités de la musique des Sonraï est
qu'elle établit une distinction presque nette entre musique de
simple réjouissance, musique corporative et musique religieuse.
Les instruments suscités sont utilisés pour produire plusieurs
genres musicaux.
Le gao-gao est l'un des plus anciens genres musicaux des Sonraï,
qui s'enracine dans l'histoire de la ville de Gao.
Essentiellement instrumental, il est joué à l'aide d'un violon,
deux tambours à peaux et un tambour d'eau, et dansé par les
femmes pour célébrer le premier mariage et la première
maternité d'une femme, les fêtes de tabaski, de ramadan, et les
réceptions officielles.
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Mah Wellet Hama, joueuse de violon. (Tombouctou) | Joueuse de tambours kolo et tubal |
Le takanba, "prends la main", est
un genre musical très populaire. Né à Takanba, village situé
près de Bourem, il a évolué en prenant des formes complexes.
Aujourd'hui il a largement dépassé les frontières du pays
sonraï : on le rencontre dans toutes les villes où il existe
une forte communauté sonraï. Il est joué pour célébrer les
baptêmes, les mariages ou les simples réjouissances. La grâce
des gestes et des mouvements des danseurs et danseuses richement
habillés, évoluant assis ou debout dans une harmonie frôlant
l'intimité, constitue un des attraits de la musique takanba. Le
répertoire, chanté en langue sonraï ou tamasheq est
essentiellement laudatif.
Le genre musical dinba est lié à l'organisation corporative de
la société sonrai de Tombouctou, où il existe la corporation
des maçons, la corporation des bouchers, la corporation des
cultivateurs. Chacune de ces corporations a sa propre musique. La
musique dinba est liée à l'origine et à l'histoire des
maçons, dans la plupart des cas, elle est produite par les
femmes. Comme musique de travail, elle sert à animer les travaux
de restauration des minorets de mosquées. Mais elle est
également jouée pour célébrer le mariage d'un maître maçon,
et pour saluer ce dernier à son retour de pèlerinage à la
Mecque.
Les pièces musicales fewa et hala sont deux composantes
complémentaires, inséparables, de la musique agraire des
Sonrai. La première est exécutée au champ pour encourager les
cultivateurs, la seconde est jouée au village pour saluer leur
retour. Leurs répertoires mettent l'accent sur le nom de Dieu,
le Coran et le Chérif dont les bénédictions protègent les
travailleurs et favorisent de bonnes récoltes.
Des noms de mares, sources d'eau rares en zone aride, sont
souvent cités.
Le holley-horey est une musique cultuelle commune aux Sonraï et
aux Bella.
Il s'enracine dans la structure sociale de ces deux groupes.
Liée au culte des génies de l'eau et de la brousse, cette
musique de possession est inséparable d'un rite complexe qui
allie croyances religieuses et pratiques magiques. Elle est plus
instrumentale que vocale. La mélodie est assurée par le violon
et le rythme par la calebasse. Elle établit la relation entre
les danseurs (possédés) et les génies par l'intermédiaire
d'un ensemble hétéroclite d'objets et d'habits aux couleurs
chatoyantes portés par les danseurs, ou qu'on expose pour
décorer l'aire de la manifestation. La confrérie du
holley-horey exerce à travers cette musique une fonction
thérapeutique essentielle dont peuvent bénéficier tous les
membres de la société, mais aussi un pouvoir religieux et
politique.
Aux genres musicaux cités ci-dessus, qui sont loin d'être
exhaustifs, s'ajoutent les chants de mariage, d'apaisement de
l'enfant, etc.