A J I I R Action pour une Justice Internationale
Impartiale pour le Rwanda
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COMMUNIQUE N° AJIIR/01/10.02
De source digne de foi proche du Tribunal Pénal International pour le Rwanda
(TPIR), nous venons d'apprendre avec stupéfaction la suspension des enquêtes
en cours pour mettre en lumière les crimes commis par les responsables du
Front Patriotique Rwandais au cours de l'année 1994 conformément au mandat
du Tribunal Pénal International pour le Rwanda.
Cette grave décision prise par Madame Carla del Ponte, Procureur du TPIR,
serait le résultat des pressions constantes exercées sur elle par le gouvernement
rwandais et certains de ses alliés membres du Conseil de sécurité. L'abandon
des poursuites contre le Général Kagame et ses hommes de main serait par
ailleurs le prix payé par la communauté internationale pour récompenser
le retrait des troupes rwandaises de la République Démocratique du Congo.
Retrait contre impunité, en somme !
Au moment où la précipitation et l'excès de zèle caractérisent les inculpations
et les arrestations de présumés génocidaires Hutu, tournant même parfois
à la confusion et à la légèreté comme dans l'affaire Rusatira, cet ex-général
des Forces Armées Rwandaises et de l'Armée Patriotique Rwandaise connu pour
avoir sauvé au péril de sa vie des milliers de ses compatriotes au plus
fort des massacres de 1994, l'amnestie de fait accordée au FPR, une des
deux parties belligérantes, vient consacrer la justice du vainqueur sur
le vaincu, et constitue un déni de justice d'une extrême gravité et une
insulte aux centaines de milliers de victimes des massacres du FPR ; dans
tous les cas, cette décision renforce le camp de ceux qui rejettent toute
idée de réconciliation pacifique au Rwanda.
Dans les faits, la décision scandaleuse d'arrêt des poursuites contres les
responsables civils et militaires du FPR s'est traduite par la dissolution
de l'équipe des enquêteurs chargés de réunir les preuves retenues contre
les membres du FPR impliqués dans les crimes de génocide, les crimes contre
l'humanité ou les crimes de guerre au Rwanda en 1994 relevant de la compétence
du TPIR. En atteste la mutation toutes affaires cessantes du chef de l'équipe
des enquêteurs, de nationalité canadienne, pour la Sierra Leone, avant la
finalisation de son rapport.
Soucieux de contribuer aux efforts en vue d'aider le Peuple rwandais à sceller
un nouveau pacte de paix et de réconciliation basé sur les principes d'égalité,
de respect mutuel, d'équité et de justice,
Conscient que la justice internationale est une des voies susceptibles de
contribuer à la réconciliation tant attendue au Rwanda et à mettre un terme
définitif à la culture d'impunité au Rwanda en particulier et dans la région
des Grands Lacs en général,
Convaincu que la classification actuelle des ressortissants rwandais en
bourreaux d'un côte (les HUTU) et en victimes de l'autre (les TUTSI) est
une grave erreur politique destinée à maintenir une oligarchie criminelle
au pouvoir, compromettant ainsi toute chance de réconciliation authentique
et durable entre les diverses composantes de la population rwandaise :
Le collectif AJIIR qui milite pour une justice internationale impartiale
et non discriminatoire susceptible de contribuer à la réconciliation du
Peuple rwandais,
Proteste énergiquement contre ce déni de justice flagrant ayant pour objectif
inavoué de soustraire les criminels au pouvoir à Kigali aux poursuites judiciaires
au moment où tout converge pour prouver la responsabilité du FPR et de son
chef le Général Paul Kagame non seulement dans l'assassinat des Présidents
Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira et leurs collaborateurs, mais
aussi dans les massacres qui ont précédé et suivi ce crime ignoble.
Dénonce les pressions exercées par le régime de Kigali et ses alliés
sur le Procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Madame
Carla del Ponte qui s'en est publiquement plainte à plusieurs reprises.
§ Invite madame le procureur Carla del Ponte à ne pas se départir de l'indépendance
qui doit caractériser sa mission afin de mettre en échec les tentatives
inacceptables d'intimidation exercées sur elle et sur les membres de l'équipe
des enquêteurs basés à Kigali.
Exige que les enquêtes qualifiées de " très avancées " par Madame Carla
del Ponte elle-même se poursuivent normalement et que les inculpations annoncées
par le Procureur soient rendues publiques.
§ Dénonce le marchandage politique éhonté tendant à vendre la justice contre
des concessions politiques fussent-elles vitales pour la région des Grands
Lacs
Invite les associations rwandaises et internationales des droits de l'homme
(Amnesty International, Fédération Internationale des Droits de l'Homme,
Human Rights Watch…) à exiger la reprise immédiate des enquêtes en cours
en dehors de toute pressions politiques
Demande aux puissances membres du Conseil de Sécurité d'exiger la stricte
application par le régime de Kigali des diverses résolutions de l'ONU invitant
les Etats membres à coopérer avec le TPIR ; à cet égard le gouvernement
rwandais doit transférer sans tarder au TPIR les responsables du Front Patriotique
Rwandais et de l'Armée Patriotique Rwandaise inculpés pour crimes de génocide,
crimes contre l'humanité ou crimes de guerre comme l'a demandé le Procureur
Exige que la décision de suspendre ou d'abandonner les poursuites contre
des membres du gouvernement de Kigali en échange de son retrait de la République
Démocratique du Congo soit immédiatement retirée afin de permettre aux enquêteurs
de finaliser leur rapport et de lancer les poursuites sur des bases suffisamment
documentées.
Lance un appel à la communauté internationale afin que l'enquête confiée
à un Juge indépendant pour identifier et engager des poursuites contre le
ou les auteurs de l'attentat terroriste contre l'avion du Président Juvénal
Habyarimana le 06 avril 1994 et ayant entraîné la mort de ce dernier et
celle du Président burundais Cyprien Ntaryamira ainsi que plusieurs de leurs
collaborateurs soit rapidement finalisée § Prie le Secrétaire Général des
Nations Unies, Monsieur Koffi Annan de rendre publics le rapport Hourigan
sur l'attentat terroriste contre l'avion du Président Habyarimana ainsi
que le rapport Gersony sur les massacres des populations civiles par le
Front Patriotique Rwandais entre juillet et septembre 1994.
Tient la communauté internationale pour responsable des frustrations
supplémentaires que ne manquera pas d'engendrer cette injustice flagrante
au sein d'une grande partie de la population rwandaise qui attend de connaître
la vérité sur les causes du génocide de 1994. § Réitère toute sa disponibilité
à coopérer avec le Tribunal Pénal International pour le Rwanda afin de concourir
à la réalisation de son objectif premier, celui de contribuer à la réconciliation
du Peuple rwandais par une justice impartiale et non discriminatoire.
Fait à Paris le 13 octobre 2002
Jean Marie V. NDAGIJIMANA
Porte-parole du Collectif AJIIR