ACCUEIL       INDEX GÉNÉALOGIQUE        INDEX D'HISTOIRES      FAMILLE

 

NICOLET ET SES ORIGINES

         Les débuts de Nicolet s’identifient avec l’arrivée au Canada du puissant régiment de Carignan, qui après s’être illustré en Europe contre les Turcs traversait les mers pour apaiser les Indiens et protéger les Français. En 1665 le régiment de Carignan s’échelonne le long des rives du St-Laurent dans le but d’assurer aux colons plus de succès dans leurs travaux de défrichement. Parmi les vingt-quatre compagnies établies au Canada, l’une intéresse spécialement Nicolet, car elle va lui donner ses premiers seigneurs et ses pionniers, Il s’agit de la compagnie commandée par le capitaine Arnould de Laubia, avec comme enseigne Pierre Mouet, sieur de Moras.
 

         Le capitaine Laubia fut, pendant un certain temps, chargé du poste de Trois-Rivières, et, dans ses moments de répit, il se rendait pêcher et chasser aux alentours de la ville actuelle de Nicolet. Son subalterne, l’enseigne Pierre Mouet se construit même un manoir, dans l’île Moras, ainsi nommée en sa mémoire. Son arrière-pensée était de se faire reconnaître, un jour, comme seigneur de toute cette contrée riche de promesses pour la colonisation.
 

         Mais, après un court retour en France, le capitaine Laubia, favorisé par son rang social et ses titres, se fait octroyer la seigneurie de Nicolet avec les cinquante soldats de sa compagnie. Ainsi, au tout début, la petite colonie de Nicolet se trouve partagée, sous les ordres de deux maîtres. La cause fut portée devant l’intendant Talon qui se rangea du côté de Laubia et le fit seigneur de Nicolet en date du 29 octobre 1672, Moras resta seul propriétaire de son île, mais perdit toutes ses concessions.
 

         Hélas, les préjugés de classe qui avaient présidé à ce jugement, eurent des conséquences pitoyables sur la jeune colonie de Nicolet. Laubia, tout grand seigneur qu’il fut, n’était pas colon du tout. Aussi, trois mois après la réception de son titre, il passa en France où on le perd de vue. Il n’est donc pas étonnant qu'en 1681 on ne trouve plus dans la seigneurie de Laubia que six familles. Beaucoup de ces soldats de Carignan se sont enfuis dans les bois, et forment la majorité des quatre cent coureurs de bois de cette époque. Ajoutons aussi, pour expliquer ces départs de Nicolet qu’avant 1693, les Iroquois effectuèrent de sanglantes incursions à Nicolet, ce qui découragea souvent les colons.
 

         Durant toute cette période, Nicolet ne possédait pas d’église. De temps à autre un bon Père Récollet quittait Trois-Rivières pour aller dire la messe dans l’un des manoirs de Nicolet. Les enfants étaient ondoyés sur les lieux, et baptisés par la suite à Trois-Rivières, où sont encore les registres des premiers baptêmes de Nicolet. Ainsi aux registres des Trois-Rivières, en date du 4 août 1683, on lit que Jean Laspron, un colon de Nicolet a fait baptiser l’une de ses deux petites jumelles dans le manoir Cressé (successeur de Laubia), et l’autre dans le manoir Moras. Autre détail curieux, toutes les sépultures avaient lieu aux Trois-Rivières, avant l’érection de la paroisse de Nicolet vers 1710. Parmi les Récollets qui ont exercé leur zèle à Nicolet, on signale des RR.PP. Claude Moireau, le 31 janvier 1673, Sixte Le Tac, le 6 février 1678, Martial Limosin vers la même époque, ainsi que les Pères Georges Harel et Luc Filiastre, en 1679 et les Pères Maxime Brache, Élisée Crey et Samuel Antheaume, de 1693 à1701 inclusivement. A partir de 1702, le Père Simon Dupont en est responsable.
 

         C’est le même Père Dupont qui le 1er janvier 1716, fit parapher le premier registre d’état civil de Nicolet par René de Tonnancourt, juge de Trois-Rivières, comme l’indique clairement le R.P. Odoric M. Jouve, o.f.m. dans son livre " Les Franciscains et le Canada " (p. 309). Selon M. l’abbé Bellemare, la première église ou chapelle de Nicolet fut bâtie entre 1710 et 1714, au Cap Pelletier, ( Histoire de Nicolet Tome1, p. 109). Comme la chapelle était bâtie entre la terre de Jacques Daniau et celle de Thomas Stillet, on comprend facilement que les premiers actes de baptêmes de Nicolet portent la mention " ondoyé en cas de nécessité par le sieur Daniau" Pour l’information des amateurs de dates, disons que c’est le 20 octobre 1705 que le nom de Nicolet commence de figurer sur les états civils; que la première mention d’une chapelle en ce lieu apparaît le 14 juin 1714, au mariage de Michel Jutras et de Ursule Pinard et que la première sépulture s’y fit le 26 novembre 1718. Ajoutons que lorsque Mgr de Laval, premier évêque de Québec, fit sa première visite pastorale à Nicolet en 1681, il célébra les saints mystères au manoir du seigneur Cressé.

Source: Le Nouvelliste 14 mai 1949.

Retour à l'accueil

ACCUEIL       INDEX GÉNÉALOGIQUE        INDEX D'HISTOIRES      FAMILLE