Au fur et ? mesure que les connaissances humaines, les sciences se sont d?velopp?es, il devint inutile de chercher une explication divine ? la r?alit?. Alors, la religion qui pr?tendait expliquer l'inexplicable de la nature ?volua ?galement, mais sans changer son but premier. La voil? maintenant limit?e ? expliquer la vie, les raisons de la vie, comment on doit vivre, qu'est-ce que la mort, o? va-t-on, qu'est-ce que l'univers, pourquoi existe-t-il ou qui l'a cr??. Dieu explique tout, ce qui d?boucha sur l'invention de la morale religieuse, la morale de Dieu r?glementant la soci?t?, orientant la vie du peuple. Alors arrive un proph?te qui se dit le messager de Dieu, r?duit maintenant en un seul vu ses fonctions limit?es d'"explicateur du monde". Puis, apr?s avoir re?u ses fondements, la nouvelle soci?t? continue ? vivre, de g?n?ration en g?n?ration, comme avant, avec les m?mes probl?mes de s?cheresse, de manque de nourriture, de guerre c mais voyant les choses sous un autre angle. Dans les faits, cette nouvelle soci?t? ne se cr?e d'abord qu'en Palestine. Mo?se fut le proph?te messager de Dieu qui donna son fondement ? la soci?t? nouvelle. Cette soci?t? n'?tait pas son peuple sauv? d'Egypte, mais ces derniers m?lang?s aux tribus qui occupaient d?j? la Palestine (Isra?lites3 et Arm?niens). Cet alliage de culture donna d'abord lieu ? une union de tribus. Les guerres contre les Philistins, r?cemment arriv?s en Palestine (Gaza), et contre les Ammonites (Jordanie) sont courantes (la situation est au demeurant encore semblable aujourd'hui). Finalement, un roi, Sa?l, est ?lu pour d?fendre le territoire, mais meurt au combat. Le roi David unifie ensuite Isra?l et Juda en un royaume et vainc les autres peuplades, leur reprenant du territoire - d'o? sa gloire et sa c?l?brit?. Son fils, Salomon, commerce avec l'Arabie, ce qui lui permet de faire construire un temple ? J?rusalem. L'Egypte, plus ancienne d'environ 1500 ans (la soci?t? cr??e par Mo?se n'est vieille que d'? peine 500 ans), beaucoup plus vaste et populeuse4, poss?de d?j? un grand nombre de temples en l'honneur de ses multiples dieux. Les Assyriens et les Hittites, eux aussi, ont leur religion et leurs lieux de culte. En Gr?ce, les civilisations cr?toises et myc?niennes ont d?j? eux leur heure. L'Inde et la Chine sont bien avanc?es face ? l'Occident. Cette notion sacr?e de temple n'a donc rien de bien nouveau et est m?me habituelle a tout peuple. "[Jusque l?, la religion ?tait rest?e dans un juste rapport avec la nature]. Yahv? exprimait la conscience de la puissance, le plaisir de soi, l'esp?rance en soi-m?me ; en lui on attendait la victoire et le salut, avec lui on se fiait ? la nature, elle donnait ce qui est n?cessaire au peuple - avant tout la pluie. Yahv? est le Dieu d'Isra?l et par cons?quent le Dieu de la justice : logique de tout peuple qui se trouve en ?tat de puissance et tire de l? sa bonne conscience. C'est dans le culte de la f?te que s'expriment chez un peuple ces deux c?t?s de l'approbation de soi-m?me : il y a de la gratitude pour les grandes destin?es gr?ce auxquelles il a pris le dessus, il a de la gratitude quant au cycle des saisons et ? toute r?ussite dans l'?levage et l'agriculture. Cet ?tat des choses demeura longtemps l'id?al, et l'?tait encore lorsqu'il fut aboli de fa?on [? rompre avec tout ce que l'on connaissait jusque l? en mati?re de religion]"5. Apr?s Salomon, Isra?l et Juda furent deux royaumes distincts. Au d?but, les rapports entre les deux pays sont tendus, puis redeviennent ?troits. Une princesse ph?nicienne, J?zabel, ?pouse Achab, fils d'Omri, roi d'Isra?l. Des divinit?s ph?niciennes sont alors introduites dans le royaume, ce qui ne pla?t pas au proph?te Elie qui se retourne contre les Omrides (maison d'Omri). Le proph?te Elis?e sacre alors J?hu comme roi, qui fait exterminer les Omrides et r?prime le culte de Baal. Du c?t? de Juda, Athalie ?tablit un gouvernement tyrannique, extermine la maison de David et introduit le culte de Baal ! Pendant ce temps, l'Assyrien est aux portes des deux royaumes et force ceux-ci ? lui payer un tribut. La barbarie est ? son comble lorsque les Isra?lites attaquent Juda et s'emparent du tr?sor du temple (ils pillent le temple de leur Dieu, chez leurs fr?res !). Bref, l'anarchie ? l'int?rieur, la guerre qui menace ? l'ext?rieur (les Assyriens), que va faire Dieu pour nous venir en aide ? "[Jusque l?,] le peuple s'en tenait, comme ?tant le plus d?sirable, ? la vision d'un roi bon soldat et juge rigoureux : surtout ce proph?te type (c'est-?-dire critique et satirique de l'?tat du moment), Isa?e. Mais tout espoir demeura vain. L'ancien Dieu ne pouvait plus rien de ce qu'il pouvait autrefois. On aurait d? le laisser choir. Qu'arriva-t-il ? On modifia la notion qu'on avait de lui - on d?natura cette notion : ? ce prix on le maintint. Yahv? le Dieu de la "justice" ne fait plus un avec Isra?l, n'est plus l'expression de l'amour propre du peuple : n'est plus qu'un Dieu sous conditionsc Sa notion devient un instrument aux mains des agitateurs sacerdotaux, lesquels interpr?tent tout bonheur comme une r?compense, tout malheur comme une punition pour avoir d?sob?i ? Dieu, pour avoir "p?ch?" : frauduleuse manie interpr?tative de soi-disant "moralit? de l'ordre universel", qui permet de renverser, une fois pour toutes, la notion naturelle de "cause" et d'"effet". Quand on vient de faire dispara?tre la causalit? naturelle, il faut bien trouver une causalit? anti-naturelle : et tout le reste de contre-nature s'ensuit. Un Dieu qui exige au lieu d'un Dieu qui assiste, donne conseil, qui est au fond une inspiration de courage et de confiance en soi, [agissant comme r?gulateur et stabilisateur de l'homme]. La morale ne [soutient] plus les conditions de vie et de croissance d'un peuple, [n'aide plus l'homme dans sa vie sociale et sa relation avec la nature], mais est devenue abstraite, l'oppos? de la vie, [de la r?alit?]. L'innocence [devient culpabilit?], le malheur est souill? par la notion de "p?ch?", le bien-?tre consid?r? comme un danger, une "s?duction". Le malaise physiologique [frappe sous le nom de] conscience."5 1 Exemple : L'Egypte o? le culte des divinit?s variait d'une r?gion ? l'autre ou selon les souverains se succ?dant. 2 On sait que la Su?de a toujours ?t? tr?s riche en fer et, en plus d'en avoir vendu en masse ? l'Allemagne pendant la derni?re guerre, est encore un producteur mondial important de nos jours. 3 Les isra?lites en question furent men?s du croissant fertile ? la Palestine par Abraham quelques si?cles plut?t. 4 Aujourd'hui, l'Egypte, qui concentre sa population le long du Nil et des c?tes, est encore le pays arabe le plus peupl? de la plan?te. 5 Extrait de l'Ant?christ de Nietsche, chapitre n25. J'ai ici d?velopp? le contexte historique un petit peu plus que Nietsche dans son livre, de sorte que le lecteur ne soit pas perdu parmi les nombreux rebondissements de l'histoire de Juda et Isra?l. A plusieurs reprises, j'ai d? adapter le texte original, parfois un peu pompeux, ou le modifier l?g?rement de sorte ? ce qu'il refl?te mieux ma fa?on de penser. |