HARO SUR LA GRANDE NOIRCEUR. À Radio-Canada et aux autres médias, immanquablement lorsqu’on se refère à la période du régime Duplessis spécialement de 1944 à 1960, on la désigne sous le nom de la «Grande Noirceur». Cette appellation de Grande Noirceur provient d’un certaine intelligentsia attelée au char de Pierre Elliot Trudeau laquelle vouait un certain mépris pour le petit peuple, qui refusait leurs lumières. Ce terme Grande Noirceur ne fut utilisé que plusieurs années après la mort Duplessis Pour bien évaluer cette période dressons un historique à partir de la prise du pouvoir par Maurice Duplessis et l’Union Nationale en août 1936. Le parti de l’Union nationale résulte d’une coalition formée de l’Action libérale Nationale de Paul Gouin, fils de l’ancien premier ministre du Québec Lomer Gouin. Cette formation progressiste comprenant Philippe Hamel, René Chaloult, Oscar Drouin. s’était alliée au vieux parti conservateur dirigé par Maurice Duplessis. En 1936, le Québec était en pleine dépression et connaissait un taux de chômage d’un peu plus de 30%. Pour remédier à cette situation, le gouvernement Duplessis entreprit un vaste programme de travaux publics dont je cite de mémoire: -Le jardin botanique de Montréal,
Différents travaux publics couvrant l’ensemble du Québec, de sorte que l’on parvint à faire descendre le taux de chômage aux environs de 12%.. Pendant ce premier règne de Duplessis, en outre, plusieurs mesures d’ordres sociales furent
adoptées, s’inscrivant dans le prolongement du régime libéral précédent. parmi celles-ci:
Puis arrive en septembre 1939 la déclaration de guerre, mettant par conséquent le Canada sur un pied de guerre. Pour citer l’”Histoire Populaire du Québec:” en rapport avec la nouvelle situation: “Taxes et impôts seront insuffisants pour financer l’effort de guerre du Canada. Le gouvernement fédéral devra faire appel à des emprunts auprès des banques, des compagnies et du peuple. Pour ce faire, il surveille de très près les emprunts que veulent effectuer les provinces et les municipalités. L’évolution de la situation commence à causer des problèmes à Duplessis qui doit songer à emprunter à des banques pour continuer à gérer la province de Québec.” Ce fut une occasion en or pour les politiciens libéraux fédéraux ayant à leur tête Ernest Lapointe pour le Québec de se débarrasser du régime Duplessis... Toujours dans "l’Histoire populaire du Québec": “Par un drôle de hasard, le lendemain même de cette directive, à la surprise de tous, la 20ième législature du Québec est dissoute et des élections générales sont fixées au 25 octobre 1939.” Il faut se rappeler que nous n’étions qu’à la fin de la troisième année du mandat de l’Union nationale. Comme il était impossible d’emprunter pour la poursuite entre autres de tous ces travaux publics, le gouvernement se trouvait de ce fait paralysé. De retour au pouvoir en 1944, Duplessis s’était promis qu’il ne se ferait plus prendre. Les «maîtres du jeux» étaient ailleurs. C’était probablement là l’explication de son administration jugée conservatrice par la suite au chapitre des investissements. C’est ainsi qu’en ce 25 octobre 1939, l ‘Union Nationale secouée par des dissensions internes perdit le pouvoir aux mains du parti libéral d’Adélard Godbout. Une élection dans laquelle la question de la conscription devient le principal thème de la campagne. Ernest Lapointe, le ministre fédéral de la Justice intervenait dans la campagne électorale, se proclamant comme la muraille qui devait protéger le Québec de la conscription. À cela s’ajoutent les grands serments des principaux ténors libéraux. en plus de chercher à établir des liens entre Duplessis, Staline et Hitler. Lapointe ajoute son grain de sel: “Le parti de Duplessis devrait s’appeler l’Union nazi-onale. . 25 octobre 1939: Arrivée des libéraux d’Adélard Godbout au pouvoir: À la faveur de la transformation de l’économie en une d’état de guerre dès l’annnée 1940, le lourd chômage qui prévalait pendant la grande dépression des années précédentes s’évanouit comme par enchantement Comme première mesure législative, le gouvernement Godbout restaura en novembre 1940, le droit de vote aux femmes du Québec. Ce droit de vote leur fut retiré par une législation du Canada Uni en 1849. Les femmes du Québec ( Bas-Canada,) avaient alors exercé ce droit de vote depuis 1792. -Une autre mesure importante: en 1943. Une législation fut celle rendant l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans. C’est incroyable que l’on ait été contraint d’adopter cette mesure en plein milieu du XXième siècle Il s’est trouvé des esprits attardés pour s’opposer à cette mesure. -Puis en 1944, il y eut l’adoption d’une très importante loi établissant l’Hydro-Québec. Tout le règne de Godbout s’est déroulé pendant les années de guerre, années turbulentes s’il en fut, tels que le plébicite de 1942, la crise de la conscription, etc Malgré une administration assez progressiste, on a déploré son attitude très molle vis à vis du pouvoir central. dont la cession du droit de taxer le revenu des particuliers. . 8 août 1944, arrivée de l’Union Nationale au pouvoir. Lors de cette élection trois parties éaient en lice:
Le Bloc populaire, d’André Laurendeau considéré comme le successeur de l’Action libérale Nationale, avait recueilli 15% des suffrages et avait fait élire 4 députés. Malheureusement ce parti devait cesser ses activités dans les années qui allaient suivre. Dans la composition de son gouvernement Maurice Duplessis allait rompre avec une tradition établie depuis la confédération. Le titulaire du Ministère des Finances sera détenu dorénavant par un québecois francophone. Les Canadiens-français telle que le veut la tradtion et entretenue depuis quelque 100 ans, les Canadiens-français dis-je n’avaient pas les aptitudes requises pour gérer les finances de l’état, seul un anglophone pouvait occuper ce poste. À cette époque les journaux en firent grand état, comme si cette nomination était jugée audacieuse. Par la suite le nouveau gouvernement entreprit son premier mandat favorisé grandement par la prospérité d’après-guerre Parmi les mesures adoptées par le gouvernement Duplessis dans ce premier mandat on relève: - Création de l’Office de l’électrification rurale et du département des ressources naturelles (1945) Finies les lampes à l’huile dans les campagnes et dans certains centres ruraux. ainsi que les écoles de ces centres et de rangs non-éclairées. Le pourcentage d’habitations rurales reliées au réseau électrique est passsé de 20% à 97%. - Refus de renouveler l’entente provinciale sur de droit de taxer le revenu que le gouvernement précédent avait cédé à Ottawa (1945) -En vertu de la loi créant l’Hydro-Québec par le gouvernement précédent, Hydro-Québec prend possession de la Montreal Light, Heat and Power (1947) -Loi établissant le crédit urbain à l’habitation (1948) Les nouveaux propriétaires ont bénéficié de ces hypothèques au taux de 3% pour une durée de 25 ans. Il faut se rappeler qu’au début des années 1980, les taux d’hypothèque sur le m«rché variaient entre 15 et 20%. . -Adoption par l’Assemblée législative du Fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec (1948) -Le gouvernement du Québec établit l’impôt provincial et force Ottawa à réduire le sien (1954) Ces années d’après-guerre, le Québec fut secoué par plusieurs crises dont celles de la grève de l’amiante, celle du Textile à Louiseville, etc. Duplessis autoritaire, anti-syndical se servit de sa police provinciale pour matraquer les grévistes d’Asbestos ou de Murdochville rapportent les journaux de l’époque.. Il faut dire que les défauts qu’on prête à Duplessiss étaient caratéristiques de la plupart des politiciens de son époque. Compte tenu de la légèreté des moeurs électorales, sa manière musclée de gouverner, il fut loin d’être le seul à adopter ce style de gouvernance. Beaucoup des politiciens de l’époque et même d’aujourd’hui de par l’Amérique du Nord ne sont pas encore arrivés au 20ième siecle. Il est également vrai que la politique de favoritisme pratiquée par Duplessis, il y a quelque cinquante ans, correspond à celle pratiquée par Jean Chrétien en 2003: “Votez du bon bord si vous voulez obtenir les faveurs du Fédéral.” Duplessis tenait un discours d’un homme du 19ième siècle. Heureusement que ses législations s’inscrivaient dans la foulée du 20ième siècle dans le sens du progrès social, jugé par contre trop lent pour certains. Comme contrepoids à ce régime, il y avait une presse LIBRE. Il y avait aussi à cette époque une floraison d’activités artistiques et littéraires. Les nombreux colloques et publications portant sur les différents problèmes de la société. Les syndicats étaient très actifs. ----------------------------------------------------------------------------- Les “enfants de Duplessis”....et de St-Laurent? La présente diffusion de l’excellente série Les Enfants de Duplessis, nous donne l’occasion de s’interroger sur plusieurs aspects de cette affaire qui nous est révélée mais quelque 45 années plus tard. alors que les principaux témoins et protagonistes sont disparus. Rappelons brièvement qu’en vertu de l’arrêté en conseil #816, sanctionné en août 1954, le comité d’hospitalisation de Québec recommande la transformation du Mont Providence en hôpital pour le traitement des idiots et des séniles. C’était pour éviter de rembourser au gouvernement fédéral les 37 millions qui avaient servi à la construction du Mont Providence. On ignore totalement les démarches du gouvernement fédéral de Louis St-Laurent qui ont forcé cette transformation du Mont Providence en hôpital psychiâtrique. Il semble que les considérations humanitaires aient été absentes de ces négociations. Plusieurs se questionnent sur le silence ou le quasi-silence de nos plus grands journalistes de l’époque .Gérard Filion, André Laurendeau, Gérard Pelletier, Pierre Elliot Trudeau, Jean Marchand, Jacques Hébert, etc, lesquels pouvaient alors s’exprimer librement. Pourtant , ils consacraient une partie importante de leurs énergies à pourfendre le gouvernement de l’époque sur à peu près tous les fronts.. Espérons qu’un jour toute la lumière se fasse sur les gestes administratifs qui ont été posés dans cette affaire. - -------------------------------------------------------------------- Duplessis défendit avec passion le Québec au nom de “l’autonomie provinciale” contre les visées centralisatrices du gouvernement fédéral, C’est vrai que sa conception de l’État fut celle du 19ième siècle. Mais il faut reconnaître en lui le bâtisseur qui fit entrer le Québec dans la modernité, même s’il en eut une vision très étroite Citons Conrad Black: «Maurice Duplessis en particulier, avait si pleinement doté le Québec des attributs d’un État moderne -routes, écoles, universités, hôpitaux- tout en éliminant presque totalement la dette publique que ses successeurs ont pu, pendant un certain temps, se livrer à un prodigalité insouciante.». On se souvient au début que les “maîtres du jeu” avaient bloqué son administration , le forçant à aller en élection au bout de trois ans soient en octobre 1939. Et que par la suite, il avait promis qu’il ne se ferait plus prendre . D’où sa politique de ne recourir à aucun emprunt massif pour la poursuite des travaux d’immobilisation. De la sorte que son gouvernement arriva à parfaitement équilibrer son budget pendant 15 ans tout en lançant de grands travaux publics tels que la construction de routes , d’écoles et d’hôpitaux.etc. Les mêmes milieux financiers avaient tenté de bloquer la nationalisation de l’électricité sous le gouvernement de Jean Lesage en 1963, . Quant à la méthode d’adjucation des contrats la méthode suivie était celle qui avait cours à l’époque publique ou privée. Cette façon de faire correspond aujourd’hui à celle perpétuée par Jean Chrétien comme le démontre l’affaire des commandites. Ce n’est que plusieurs années après le décès de Maurice Duplessis survenu le 7 septembre 1959, que son régime fut associé à la Grande Noirceur et ce par toute une génération d’intellectuels et d’historiens. De son vivant aucun jugement de ce genre n’a été formulé par ces derniers. Pendant cette période de prospérité, les gens n’auraient vu qu’une certaine dose d’intérêt politique mesquin. Les esprits lourdauds aurait trouvé curieuse cette expression pour décrire le politicien à qui le Québec doit l’électrification de ses campagnes.. . C’est vrai qu’il y a une période de Grande Noirceur, mais ce n’est pas celle désignée généralement par les médias.d’aujourd’hui.. LA “GRANDE NOIRCEUR” de l’information au Québec. Depuis quelques années un nuage noire recouvre le Québec provoquant une grande noirceur sur l’information au Québec. En effet, le Québec est privé des grands médias permettant de faire connaître les enjeux à la population. Les services de télévision d’états et privés sont sous la coupole du gouvernement fédéral pour le premier et les seconds aux mains d’intérêts politico-financiers reliés au pouvoir. Les grands journaux sont pour la plupart la propriété des membres de la famille de Jean Chrétien. Ces journaux sont dans l’ordre “La Presse” de Montréal, “Le Soleil” de Québec, “Le Nouvelliste” de Trois-Rivières, le “Quotidien” de Chicoutimi , la Tribune” de Sherbrooke, et la “Voix de L’Est” de Granby. Ces journaux couvrent presque l’ensemble du Québec. Le président de Power Corporation et de Gesca (la chaîne de journaux) est M. André Desmarais, marié à Mme France Chrétien Desmarais. celle-ci étant la fille du Très Honorable Jean Chrétien. Et quand on sait a quelles fins ces journaux sont utilisés, il ne faut pas se surprendre de constater que la presse est malade au Québec et qu’elle gangrène toute la société. Quand au rôle des télévisions d’états et privées, pendant des années, ils ont poursuivi un travail de sape, s’en prenant au système de santé, aux entreprises d’ état , tel qu’Hydro-Québec, aux institutions financières, telles que Caisse populaire, Caisse de dépôt, etc qui permettent aux Québecois de tirer leur épingle du jeu dans ce monde nord-américain .
. 08/2003 |