Bonjour .
Assez c'est assez, selon un groupe de 8000 médecins Américains ! .
EXTRAIT «Nous avons eu 80 ans pour essayer de faire fonctionner le système privé et, malgré ça, il n'y a jamais eu autant de personnes sans couverture médicale de toute l'histoire des États-Unis, même depuis la création dans les années 60 du Medicaid et du Medicare», a souligné au Los Angeles Times le Dr David Himmelstein, professeur en médecine à l'Université Harvard. L'hospitalisation, cause première des faillites aux États-Unis .
Un groupe de 8000 médecins américains réclame la création d'un
système de santé universel et gratuit
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Préparant le terrain en vue de la campagne électorale américaine qui se dessine, un groupe de 8000 médecins américains a réclamé, mercredi dernier, que les États-Unis imitent le Canada en créant un système de santé universel et gratuit, plutôt qu'avec des assureurs privés comme c'est le cas actuellement. Cette sortie publique, accompagnée d'un article fouillé sur les avantages d'une protection entièrement gouvernementale, a été publiée dans le prestigieux Journal of the American Medical Association (JAMA) et représente la plus importante prise de position sur le sujet depuis 10 ans. Selon le Physicians for a National Health Program, il est temps que les États-Unis revoient leur couverture médicale et emboîtent le pas aux modèles canadien et britannique. C'est le Physicians for a National Health Program (PNHP), un organisme de médecins progressistes qui milite depuis une quinzaine d'années pour un système de santé plus équitable, qui a relancé le débat chez nos voisins du sud. Selon l'association, il est temps que les États-Unis revoient leur couverture médicale et emboîtent le pas aux modèles canadien et britannique. Le président du PNHP, Robert LeBow, ratisse le pays pour tenter de détruire les croyances solidement ancrées chez les Américains. «J'entends fréquemment les gens me dire que les États-Unis ont le meilleur système de santé au monde, a-t-il dit lors d'une conférence à l'hôtel de ville de Philadelphie. Sur certains points, c'est vrai. Mais nous sommes aussi le seul pays développé où tomber malade peut envoyer toute une famille à la rue. L'hospitalisation est la plus grande cause de faillite aux États-Unis. Et ces faillites arrivent souvent à des gens qui ont une assurance privée.» Actuellement, 41 millions d'Américains n'ont aucune couverture médicale, alors que des millions d'autres, sous la protection d'un assureur privé, ne sont protégés que pour certains accidents ou maladies. Par contre, les assistés sociaux profitent du Medicaid et les personnes âgées du Medicare, deux programmes offerts par le gouvernement et qui couvrent la plupart des risques. «Nous avons eu 80 ans pour essayer de faire fonctionner le système privé et, malgré ça, il n'y a jamais eu autant de personnes sans couverture médicale de toute l'histoire des États-Unis, même depuis la création dans les années 60 du Medicaid et du Medicare», a souligné au Los Angeles Times le Dr David Himmelstein, professeur en médecine à l'Université Harvard. Son collègue, le Dr Steffie Woolhandler, ne mâche pas ses mots.
«Jusqu'où faut-il que ça aille ? Combien de patients doivent-ils
mourir parce qu'ils n'ont pas d'assurance ? Combien de personnes
encore devront-elles choisir entre manger ou se faire soigner avant
qu'un système gouvernemental national ne soit mis en place ?»
Le Dr David Himmelstein avoue cependant que tout n'est pas parfait au Canada. «C'est vrai qu'ils ont des listes d'attentes, mais la mortalité infantile est plus basse qu'aux États-Unis, la durée de vie de leurs citoyens est plus grande, et ce, même si le gouvernement canadien dépense deux fois moins per capita pour leur système de santé. Eux, c'est un problème d'argent, nous, c'est un problème de fonctionnement.» Pour étayer leur position dans le JAMA, les partisans d'une protection gouvernementale soutiennent que les coûts administratifs du système privé sont astronomiques. Aux États-Unis, 26 cents pour chaque dollar dépensé en santé va en bureaucratie, contre moins de 10 cents dans un modèle comme celui du Canada. Juste avec cette économie, le pays économiserait 200 milliards de dollars US par année, disent-ils. Et ce n'est pas parce que les États-Unis ont le système le plus cher du monde, avec 14 % de leur produit intérieur brut (PIB) consacré à la santé (8,6 % au Canada), que la qualité est au rendez-vous. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en 2000 un palmarès des 181 meilleurs systèmes de santé dans le monde. Au premier rang, la France. Les États-Unis arrivaient au 37e rang, deux échelons seulement devant Cuba et sept rang sous le Canada. Ces données commenceraient à porter leurs fruits, selon le PNHP, qui explique dans l'article que, «plus de la moitié du personnel médical, y compris la vaste majorité des professeurs des facultés de médecine, appuient maintenant la création d'une protection gouvernementale complète, tout comme 40 % des présidents de petites ou moyennes entreprises. De plus, les sondages nationaux montrent tous que la population se range derrière cette idée». L'AMA est contre Si le projet fait tranquillement son chemin, tous ne sont cependant pas sur la même longueur d'ondes. L'American Medical Association (AMA), l'organisme officiel qui représente les médecins américains, a tenu à souligner son désaccord avec le texte paru dans son propre journal, soulignant que la ligne éditoriale de la publication ne reflétait pas la position de l'AMA. «Un système central n'est pas la solution, estime le président Donald Palmisano dans le Christian Science Monitor de Boston. Ça ne ferait que rationner les ressources, augmenter la bureaucratie et empêcher l'innovation. En plus, ça démoraliserait les docteurs et les patients.» Cette réaction ne surprend pas Antonia Maioni, professeure en science politique à l'Université McGill et auteure d'une thèse de doctorat sur les politiques de santé aux États-Unis et au Canada. «L'AMA avait même résisté à l'instauration du Medicare en 1965, explique-t-elle en entrevue au Devoir. C'est historique comme position, elle ne veut pas que le gouvernement s'en mêle. Et c'est normal, puisque le gouvernement contrôlerait tous les leviers, donc aurait plus de pouvoir pour imposer ce qu'il veut, notamment un plafond salarial, comme au Canada. Actuellement, c'est le marché qui décide de la rémunération, c'est pourquoi les médecins américains gagnent autant d'argent.» La sortie de certains Américains en faveur d'un système de santé universel pourrait bien avoir un impact sur la prochaine campagne électorale qui doit débuter dans un an aux États-Unis. «Si l'économie ne s'améliore pas et que le nombre de chômeurs continue de grimper, ça pourrait être un bon cheval de bataille pour les démocrates, explique Antonia Maioni. Car plus il y a de sans-emploi, plus il y a de monde sans assurance médicale. En 1994, Bill Clinton avait fait une bonne partie de sa campagne là-dessus, et ça avait bien fonctionné. Ça pourrait fort bien être la même chose.» . 08/2003 |