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Accueil > XIXe siècle > Les Dossiers > Le soulèvement des Sioux, 1862 [Auteur : Jacques VAILLANCOURT]
Avant-proposCe soulèvement s'inscrit dans une longue série de conflits entre les anglo-américains et les tribus indiennes. Les causes étaient toujours les mêmes.
Des traités étaient signés et non respectés suite aux pressions exercées par les colons venus s'installer sur leurs terres et repoussant ainsi toujours les Indiens vers l'intérieur des terres, à l'ouest.
Les premiers conflits datent des années 1636 à 1638, (Pequot war) et se terminent en 1890, soit une durée de 254 ans, pour un total de 45 affrontements majeurs en plus évidemment des escarmouches lesquelles se produisaient sporadiquement.
Le chef des Dakotas, Little Crow est né en 1810, un endroit où se rencontrent les rivières Ste-Croix et Mississippi, dans l'est du Minnesota. Il s'imposa dès son jeune âge comme chef de sa tribu. Il s'était impliqué dans le commerce de la fourrure et était connu d'un grand nombre de commerçants blancs.
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Little Crow Little Crow fut longtemps reconnu comme un diplomate représentant les Sioux. Quand les tempéraments s'échauffèrent entre les Blancs et les Indiens, à titre de porte-parole de sa tribu, il s'appliquait à ramener le calme. Il s'efforça pacifiquement de maintenir la culture indienne face à la culture des Blancs.
En 1858, lors d'un voyage à Washington il rencontrait le Président où il eut en plus des entretiens avec différents sénateurs. Il se rendit compte que toutes ces rencontres étaient futiles, et voyait déjà l'avenir plutôt sombre pour sa tribu. Il constatait sur les lieux la puissance de l'armée fédérale et les vastes ressources du pays.
Dès les années 1840, l'agitation dans le Dakota allait en augmentant suite aux accords brisés et traités non respectés, en plus de se voir confinés sur des territoires de plus en plus restreints.
Little Crow s'est appliqué à persuader ses Indiens de la futilité de toute révolte armée.
PARTIE I : Le soulèvement
Fort Laramie, le 18 août 1854.
Un camp Brûlé (Sicangu) est établi près du fort. Les convois d'émigrants défilent sur la piste. Il advient qu'une vache s'échappe du troupeau d'un Mormon et s'élance dans le camp indien, semant la confusion. Un Indien l'abat. Le Mormon s'empresse d'aller se plaindre au commandant du fort.
Un lieutenant, refusant les propositions d'indemnisation exige que le « meurtrier » de la vache lui soit livré. Suite au refus du chef Conquering Bear, le lieutenant fait tirer au canon sur le village tuant et blessant plusieurs guerriers, dont Conquering Bear.
Il s'ensuivit des représailles de la part des Indiens suivies en retour de répliques de l'armée.
Cet épisode de « la vache du Mormon » marque le début de la guerre dans les plaines du Nord, une guerre qui durera trente-six ans pour se terminer dans la neige ensanglantée de Wounded Knee.
Le 3 novembre 1855, le général William Harney attaque le village brûlé Little Thunder installé à Ash Hollow, Nebraska, un endroit que les Lakota appellent « Eau Bleue ». Les soldats tuent et mutilent cent trente-six Indiens dont beaucoup de femmes et d'enfants et amènent soixante-dix prisonniers.
-Enlèvements;
Par la suite, des enlèvements demandant rançons se sont produits:
On cite le cas de deux femmes et de six enfants qui ont été retenus prisonniers par les Sioux:
Ainsi un 1er décembre 1860, à deux jours de Fort Pierre, le major Pattee rencontrait deux métis nommés Frédéric Dupré et Louis Laplante, escortant les femmes et les enfants. Les captifs pris à Lake Shetek (Minnesota) au mois d'août précédent, avaient été libérés des Indiens moyennant une rançon versée par Charles Primeau, bourgeois de Fort Pierre.
A la suite de ces actions, il existe bel et bien un état de guerre.
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Le retour des otages -Les attaques
Le 18 août 1862, les Indiens Sioux commencèrent un massacre qui enflamma toute la frontière ouest du Minnesota. 500 colons furent tués.
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Les Sioux avant le soulèvement Le soulèvement a causé une grande panique parmi les colons, spécialement ceux habitant les endroits isolés. Des comtés entiers furent abandonnés par ses habitants cherchant refuges dans les plus grands centres.
Quelles en furent les causes ?
Les causes évoquées pour ce soulèvement peuvent être multiples, et peuvent varier selon les opinions émises. Une des première explications mises de l'avant, est celle relative au comportement des officiels du gouvernement, responsables des affaires indiennes. Mais en vérité, il s'agit là qu'une des causes parmi d'autres.
Les Indiens Dakota, ont été confinés dans des réserves suite à l'arrivée en masse des colons blancs comme ce fut le cas dès le début de la colonisation aux Etats-Unis.
Le gouvernement américain et les Indiens ont conclu des ententes et signé des traités. Dans ces traités les Indiens acceptaient le principe des réserves en retour d'une substantielle somme d'argent. Cependant seulement une faible partie de ces argents ont été versés.
Des montants étaient versés régulièrement, mais les agents chez qui ces sommes étaient acheminées pour distribution détournèrent souvent une grande partie de ces argents.
En 1862, la situation avait atteint le point d'ébullition. Les Dakotas profitèrent du fait que beaucoup des jeunes hommes blancs étaient partis combattre au loin; c'était pendant la guerre civile. De sorte que leurs maisons et familles étaient laissées sans protections. De plus sévissait pendant l'hiver une famine en raison de récolte insuffisante de l'automne précédent.
Les versements venant du gouvernement se faisant attendre les marchands refusèrent le crédit aux Indiens, lesquels ne pouvaient satisfaire aux besoins essentiels de nourriture et autres nécessités pour leur famille. Ce qui ne pouvaient qu'attiser la colère chez les Indiens.
Pour ce qui est du soulèvement, le tout a commencé quand quatre jeunes Indiens décidèrent de piller un poulailler appartenant à un résident du nom de Robinson Jones, de Acton dans le comté de Micher.
Un des jeunes s'est objecté à s'attaquer à la propriété d'un homme blanc. Les trois autres l'accusent de manquer de courage et d'être un lâche. Piqué au vif le premier indien déclare qu'il s'approcherait de la maison et tuerait le propriétaire blanc.
Les membres de la famille Jones, voyant les Indiens s'approcher s'enfuyèrent chez leur gendre Havard Paker. Les Indiens les suivirent et tuèrent Baker Jones ainsi que les trois autres personnes dont les deux femmes.
Par la suite les Indiens volèrent les chevaux et se rendirent au camp du chef Shak-fre pour l'informer de ce qui était arrivé. Le chef Shakopec, les conduisit immédiatement chez le chef « Little Crow »
La nuit suivante, un conseil de guerre fut tenue. Les chefs décident d'attaquer l'agence indienne Redwood dès le matin venu, soit le 19 août. Le lendemain les Dakotas attaquent sans avertissement. Ils tuèrent plusieurs hommes blancs et dirigèrent leurs attaques sur New Ulm et Fort Rigely.
Quelques années plus tard les quatre indiens à l'origine de ces attaques furent identifiés: Killing Ghost (fantôme tuant), Brown Wing, (Aile Brune) Breaking up (Brisant) Runs Againts Something When Crawling (Courant contre quelque chose quand rampant)
New Ulm
Des bandes de Dakotas avaient commencé à s'attaquer à des établissements et des familles isolés dès le 18 août. La nouvelle se répandit vite et les colons terrorisés s'enfuyèrent à New Ulm pour leur sécurité. D'autres colons se réfugièrent à Mankato, lequel avait improvisé une milice pour contrer une possible attaque.
Mankato ne fut jamais attaqué, les Indiens se dirigeant plutôt sur New-Ulm, et Fort Ridgely.
Le premier assaut sur New Ulm eut lieu le 19 août 1862. La journée précédente dans l'après-midi le shérif Roos émettait un ordre mobilisant la milice.
Le 19, sur l'heure du midi, on ne trouvait que 42 hommes suffisamment bien armés qui pouvaient être assignés à la défense de la ville. A ces 42 hommes formés en compagnies leur furent confiés des postes de gardes.
Le reste des hommes fut considéré comme réserviste, armés seulement avec des fourches et autres objets hétéroclites, ils devaient être utilisés dans l'éventualité où les Indiens perceraient les défenses.
16 hommes de Nicollet et Courtland et 12 cavaliers de Fort Pierre arrivent aussi à temps pour repousser le premier assaut.
Aux environs de 5 heures, une compagnie réunie à la hâte arrive de Fort Pierre juste au moment où les Indiens se préparent à abandonner la lutte.
La ville fut évacuée et un train de 153 wagons transportant les 2000 personnes comprenant les femmes, les enfants et les blessés, arrivent à Mankato, après un trajet de trente milles (50 km). Les secours s'organisent immédiatement.
Le capitaine William Bierbauer de Mankato forme une compagnie de 80 hommes et le capitaine John D. Zimmeman de South Bend levait une compagnie de 73 hommes. Les deux compagnies se mirent en route pour NewUlm et y arrivent le mercredi le 20 août. Le Sueur et Fort Pierre envoient aussi des hommes pour renforcer la défense.
La loi martiale est décrétée et on s'active aux travaux de consolidations de défense. Le lendemain, le jeudi, l'équipe de South Bend décide de retourner à domicile, en raison de la menace d'un soulèvement de la part des Winnebagoes, lesquels vivent à domicile. En dépit de ce départ, le nombre de miliciens continue à augmenter.
Le samedi, le jour de la seconde attaque, le total des défenseurs atteint plus de 800 hommes. Cette journée, les Dakotas attaquent une seconde fois. Quoique la ville fut en grande partie détruite, les colons parviennent à les contenir. Une avant garde sous le commandement du général Sibley arriva en renfort, avec en plus 175 volontaires à cheval. Démoralisés les Dakotas cessèrent leurs attaques mais après qu'ils eurent causé beaucoup de dommages. Beaucoup de colons sont tués ou blessés et la ville de New Ulm réduite en cendre. Il ne restait plus debout que deux édifices que les défenseurs avaient fortifiés.
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Le général Sibley Défaite des Dakotas;
Une fois la sécurité de Fort Ridgely assurée, le général Sibley se mit en route pour engager des batailles qu'il espère décisives à Birtch Coulée et Wood lake. La défaite à Wood Lake, mit fin à toute résistance indienne organisée.
Little Crow prit la fuite, laissant ses captifs blancs aux mains d'Indiens amis. Dans les jours qui suivent, les 107 captifs blancs et les 162 métis aussi captifs furent remis à Sibley à un endroit près de la cité de Montevideo.
Sibley nomma la place Camp Release. Un monument en granit d'une hauteur de 15 mètres marque à cet endroit la fin du soulèvement des Sioux.
Les procès et les exécutions:
Un bon nombre d'Indiens qui avaient pris part au soulèvement fuyèrent à l'ouest du Dakota. D'autres furent capturés et traduits devant les tribunaux pour leurs crimes. Au moins 2000 Sioux furent capturés et traduits devant les tribunaux. Les procès ne commencèrent que le 25 octobre 1862, en raison du fait qu'il prit à Sibley, un certain temps pour transférer ses prisonniers à l'agence des Sioux.
Certains jours la commission entendit jusqu'à 40 Indiens, (procédant à l'interrogatoire ) Quelques prévenus furent entendus et reçurent leur sentence en moins de cinq minutes. Et dans ce que plusieurs considèrent comme une parodie de justice, 307 Dakotas furent condamnés à mort et 16 autres reçurent des peines d'emprisonnement.
Quoique quelques uns des généraux favorisèrent l'exécution immédiate, permission fut demandée au Président Lincoln en raison du grand nombre de peines capitales. Le président ordonnait de surseoir à ces exécutions et un rapport sur chaque condamné sera transmis à Washington, D.C. pour examen par des personnes désignées par la président.
Il en résulte que l'on devra distinguer entre ceux qui ont commis des meurtres et des viols et les autres qui ont participé aux batailles. Le président a nettement spécifié qu'aucun homme ne sera pendu pour avoir combattu pour sa tribu.
Pendant ce temps, le général Sibley fit transporter les prisonniers au camp Lincoln, à proximité de Mankato.
Le 4 décembre, une foule de citoyens de Mankato tentèrent d'exécuter les condamnés, mais furent repoussés par les soldats. Le lendemain, les prisonniers furent déplacés à l'intérieur de Mankato pour leur sécurité.
Le 6 décembre, le président Lincoln approuvait la peine capitale pour seulement 39 des condamnés sur les 307 de prévus et les autres obtinrent commutation de leur peine. Il fixait la date des exécutions pour le 19 décembre, mais un délai d'une semaine s'est avéré obligatoire pour faire les arrangements nécessaires.
Des pasteurs furent à l'œuvre et prêchèrent aux condamnés avant l'exécution et un certain nombre furent baptisés. Un Indien bénéficia d'une commutation de peine au dernier moment, quand il fut établi que la preuve reposait sur le témoignage de deux jeunes garçons.
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L'exécution des 38 Sioux à Mankato, le 26 décembre 1862 Le 26 décembre 1862, 38 hommes furent conduits sur l'échafaud. Trente-huit nœuds furent placés autour de 38 cous. Au signal donné, les câbles retenant la plate-forme furent rompus. La plate-forme se déroba sous les pieds des condamnés et les 38 hommes restèrent suspendus dans le vide.
Les personnes témoins poussèrent un cri étouffé au moment où la plate-forme s'effondra puis restèrent silencieuses. Elles venaient d'assister à la plus grande exécution en masse qui soit survenue aux Etats-Unis.
L'exécution eut lieu en face de l'édifice connue aujourd'hui comme étant la bibliothèque de Mankato. Un monument a été érigé à cet endroit commémorant les 38 personnes exécutées ce jour-là.
PARTIE II : Les procès
Cas No-I: Godfrey (O-ta-Kle)
Camp Releise, le 28 septembre 1862
La commission militaire dûment assermentée vs O-ta-kle, ou Godefrey, un homme de couleur vivant avec la tribu des Sioux:
L'accusation : meurtre :
lre accusation:
Le dit O-ta-kle, ou Godfrey, un homme de couleur, près de New Ulm Minnesota, le ou vers le 19 ième jour d'août 1862, joignait une bande d'Indiens de la tribu Sioux attaquant des citoyens des Etats-Unis, et de ses mains assassinait sept hommes blancs, femmes et enfants, (plus ou moins) citoyens paisibles des Etats-Unis.
2ème accusation:
Le dit O-ta-kle ou Godfrey, un homme de couleur, en différents temps et endroits entre le 19 août 1862 et le 28 septembre 1862, participa à des meurtres et massacres commis par les Indiens Sioux à l'intérieur des frontières du Minnesota.
Signé: Col. H. H. Sibley.
Témoins appelés:
Mary Woodury,
Sénateur David Faribault,
Mary Swan,
Bernard La Batte.
Extraits du témoignage de l'accusé:
« Lorsqu'on parvint au « foyer du voyageur » ils m'ont dit d'arrêter. J'ai vu une vieille femme accompagnée de deux enfants, qu'elle tenait à la main traversant la cour en courant. Un Indien, Maza-bom-doo, accusé, fit feu sur la vielle femme, et l'enjambant frappait les enfants avec ses pieds. La vielle femme, tombait au sol comme morte. J'ai tourné la tête, je n'ai pas vu si les enfants avaient été tués. Après j'entendit un coup tiré en arrière de la grange, mais je n'ai pas vu qui fut atteint. Je présume que quelqu'un a été tué.»
un autre extrait:
« J'entrai dans la maison. Il y avait un homme, sa femme et son fils. Il y avait aussi un autre homme et un garçon. Ils étaient à prendre le repas La porte resta ouverte, et les Indiens en arrière de moi, me poussait à l'intérieur. Je frappai le vieil homme sur l'épaule avec le plat de ma hachette, et alors les Indiens se pressèrent à l'intérieur et commencèrent à faire feu sur eux. Le vieil homme, la femme et le garçon se sauvèrent dans la cuisine. L'autre homme se sauva aussi, je ne sais pas comment. Mais quand je retournai à la voiture, environ vingt pas, je le vis mort au milieu du chemin.
C'était l'homme que j'avais frappé dans la maison. J'ai entendu les Indiens faire feu sur la maison, mais je ne l'ai pas vu. Après que nous fussions en route pour Red-Wood, un jeune Indien, avec des marques de petites véroles sur son visage, dit qu'il avait frappé le garçon avec son couteau, mais n'a pas dit qu'il l'avait tué »
Témoignage de Mary Woodbury:
Mary Woodbury, témoigna qu'elle a vu l'accusé deux ou trois jours après le début des hostilités au village de Little Crow, habillé à l'indienne, ses jambes et visage peints comme pour aller sur un parti de guerre. En route pour New Ulm, il est apparu très heureux et fier d'être des leurs, les accompagnant dans leur chants et cris.
À son retour, un Indien nomme Hunka, raconta aux témoins que le negro fut le plus brave de tous; il les dirigea dans la maison et frappa les occupants avec une hachette. Une fois prisonnière dans la tente, le témoin entendit les Indiens l'interroger sur la nombre de personnes il avait tué., il répondit qu'il en avait tué que sept.
Le témoin ajoute qu'avant de se mettre en route l'accusé avait en sa possession, un fusil, un couteau et une hachette.
Le sénateur David Faribault, confirma le témoignage de Mary Woodbury à l'effet qu'il se ventait d'avoir tué sept personnes. Le témoin affirme l'avoir vu à New Ulm, combattant agissant comme les Indiens, et que jamais il ne lui avait dit qu'il avait été forcé d'avoir participé au soulèvement.
L'accusé Godfrey fut trouvé coupable de la seconde accusation, et condamné à être pendu, mais il obtint une commutation de peine.
Cas No-2: Te-he-hdo-ne-cha
Camp Release, le 28 septembre 1862.
Devant les membres de la commission militaire.
Les charges contre Te-he-hdo-ne-cha, un Indien Sioux.
1ère charge : meurtre
2ème charge : viol
Charge meurtre:
Il est spécifié que le dit Te-he-hdo-ne-cha, un Indien Sioux prit part à une action armée contre des citoyens blancs des Etats-Unis et y participait par sa présence directement ou indirectement causant la mort du père, mari et neveu de Martha Classen vers le 19 ième jour d'août . Ceci se passait à ou près de Beaver Creek, Minnesota.
2ème charge : viol :
Il est spécifié que le dit Te-he-hdo-ne-cha enlevait Margaret Cardinal, lui, faisant parti du groupe qui tuèrent son père et beau-frère vers le 10ième jour d'août 1862, quand elle fut retenue prisonnière par ce même groupe.
Témoins: Margaret Cardinal,
Madame Fallant:
Signé: S.H Fowler
On demande au prisonnier ce qu'il a à répondre à ces accusations, il fait la déposition suivante:
Je ne me souviens pas d'avoir tué aucune personne blanche, ni d'avoir commis aucune déprédation. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas avec les autres indiens. Je ne sais rien de la tuerie à l'entrepôt de l'agence jusqu'à ce que deux jours plus tard j'arrivais sur les lieux. Moi-même et neuf autres nous nous dirigeâmes à l'Est de Beaver Creek.
Je vis un wagon rempli de personnes blanches. Les hommes fuyèrent, et les autres Indiens les poursuivirent. Cette femme Margaret Cardinal était l'une d'elles.
Je crois qu'il y avait 10 femmes et enfants et que les autres Indiens voulaient les tuer, mais les ai empêchés. Si j'avais tué une personne blanche, elle l'aurait su. Je fus contraint d'aller au Fort et à New Ulm. Je n'ai pas participé au combat. Je fus à la bataille de Birch Coolie, mais je retournai à domicile sans avoir effectué de coup de feu. Je fus également à Yellow Medicine pour la dernière bataille, mais je n'ai pas tiré de coup de fusil. Si j'avais tué un homme blanc, je ne serais pas ici.
J'ai couché avec cette femme, une fois. J'ai fait de vilaines choses avec elle, une fois. Je vous dis la vérité. Un autre Indien a pu coucher avec elle aussi.
Margaret Cardinal, témoignant pour la commission, fut dûment assermentée et fit sa déposition:
Le prisonnier a couché avec moi. Il m'a violée, c'était contre ma volonté. --Quand je fus retenue prisonnière, -- trois jours après-- C'est bien l'homme qui m'a retenue prisonnière.
Je ne l'ai vu tuer personne.
Il y eut cinq Indiens qui vinrent où nous étions.-- Trois hommes blancs, une femme et un petit enfant se sauvèrent en courant vers les bois. Cet Indien et un autre restèrent dans le wagon.-- Chaque fois qu'il y avait une escarmouche en cours, cet homme y allait participer. Il était toujours prêt à participer avec les autres et en retirait beaucoup de plaisirs.
Harriet Falant, aussi un témoin pour la commission fit la déposition suivante:
J'ai entendu la déposition du dernier témoin. J'étais avec elle lorsqu'elle fut prise. Nous étions ensembles dans la maison de Mme Classen.-- Les trois Indiens qui prirent part à la poursuite, revinrent et disent qu'ils en avaient tué deux.-- Cet Indien était présent--Il semblait se réjouir de leur succès.-- Le groupe prirent nos provisions et ne nous laissèrent rien.
Ce fut la fin des témoignages et la commission après délibération en arrivait aux conclusions suivantes:
L'accusé fut trouvé coupable de meurtre et de viol et le dit Te-he-hdo-ne-cha un indien Sioux est condamné à être pendu jusqu'à la mort s'ensuive.
Nous certifions que le présent compte-rendu des procédures incluant les témoignages en annexes est conforme, et le tout enregistré sous le no-55 du colonel H.H. Sibley.
PARTIE III : Lettres et déclarations
Quelques extraits de lettres et de discours relativement au soulèvement des Sioux de 1862:
-Hdainyanka favorisant la poursuite de la guerre:
Je suis pour la poursuite de la guerre et je m'oppose à toute reddition. Je n'ai aucunement confiance que tous les blancs vont respecter leurs engagements si l'on se rend. Depuis toujours que l'on négocie avec leurs agents et les marchands, ils nous ont volés et spoliés.
Quelques uns de notre peuple ont été tués, d'autres pendus, ou encore déposés sur de la glace fondante et noyés. Et combien d'autres sont morts de faim dans les prisons.
Il n'était pas dans l'intention de notre nation de tuer tous les blancs après avoir eu connaissance des actions menées au tout début par les quatre jeunes braves. Une fois cette action perpétrée, les jeunes hommes devinrent excités et commencèrent le massacre. Les vieux auraient pu les prévenir s'ils avaient pu. En raison de la violation des traités, ils avaient perdu toute influence.
On peut regretter ce qui est arrivé, mais les choses étaient allé trop loin pour y remédier. Nous avons à mourir. Tuons le plus de blancs possible et laissons les prisonniers mourir avec nous.
Lettre du général Pope, préconisant l'extermination des Sioux.
Les horribles massacres de femmes et d'enfants et l'abus outrageux de femmes prisonniers, encore vivantes, exige un châtiment au-delà de notre pouvoir. Il n'y aura pas de paix dans cette région basée sur les traités et la bonne foi des Indiens. J'ai la ferme intention d'exterminer tous les Sioux, si j'ai le pouvoir de le faire, même si la campagne devait durer toute l'année. Détruire tout ce qui leur appartient, et les forcer à évacuer les plaines, à moins comme je le suggère, de les capturer tous.
Ils doivent être traités comme des maniaques ou des bêtes sauvages, et en aucune façon comme des gens avec lesquels des compromis peuvent être faits.
(Lettre à Sibley, le 28 septembre 1862.)
Lettre de Hdainyanka écrite peu avant son exécution: Lettre au chef Wabasha.
Vous m'avez déçu. Vous me disiez que si je suivais l'avis du général Sibley, et me rendre aux blancs, tout rentrerait dans l'ordre; aucun homme innocent serait inquiété. Je n'ai pas tué, blessé et causé aucun préjudice à un homme blanc ou à toute personne blanche. Je n'ai pas participé à aucun pillage de propriétés; et aujourd'hui je dois être exécuté, et je dois mourir dans quelques jours, alors que les hommes coupables resteront en prison. Ma femme est votre fille, mes enfants sont vos petits enfants. Je les laisse sous vos soins et votre protection. Ne les laissez pas souffrir; quand mes enfants auront grandi, dites leur que leur père est mort parce qu'il a suivi les avis de son chef, sans avoir le sang d'un homme blanc à répondre devant le Grand Esprit.
Un appel de Jacob Nix, commandant de New Ulm, réclamant le sang des Dakota.
Les Peaux Rouges, haïssent les visages pales et cette haine allait en s'accentuant pendant des siècles depuis l'arrivée de l'homme blanc sur le continent. Personne ne doit croire que la présente génération d'Indiens a oublié, ou ignore que le territoire actuel des Etats-Unis, dans son entier appartenait à leurs ancêtres, et que ce territoire de chasse était animé et rempli de toutes sortes de gibiers. Les sauvages savent aussi bien que nous, et c'est la raison pour cette haine persistante pour les visages pales, une haine qui guette l'occasion pour détruire ces derniers.
Personne ne devrait bien sûr provoquer les Indiens avec des injustices, mais on ne devrait pas faire payer aux habitants de cette région, pour les actes commis par des individus, meurtres, incendies, terre brûlée, attaquant les colons, détruisant tout, hommes et femmes, les vieux et les enfants qui surgissent devant leurs fusils et arcs et flèches.
Evidemment apparaissent subitement les fanatiques qui immédiatement prennent la cause des meurtriers capturés après la fin du soulèvement. Les mots appropriés extraits de la bible devront être projetés devant ces fous, puritains hypocrites. Œil pour œil, dent pour dent. Ce qui signifie: immédiatement après la capture de ces vauriens, on ne devrait pas tarder à fusiller ou pendre chacun de ceux qui ont commis les crimes horribles qui sont survenus durant l'été de 1862 au Minnesota.
Déclaration de Tazoo lors de son exécution:
Dites à nos amis que nous laissons ce monde en prenant le chemin qu'ils devront prendre un jour. Nous partons les premiers, mais beaucoup de nos amis vont nous rejoindre dans un avenir prochain. Je m'en vais directement au Grand Esprit et d'y être heureux quand j'y serai parvenu; mais on nous assure que la route est longue et la distance très grande. Comme je suis lent dans mes mouvements, il me faudra beaucoup de temps pour arriver à la fin du voyage, et je ne serais pas étonné si quelques uns des hommes jeunes et actifs que nous laissons derrière, puissent nous devancer avant que nous ayons atteint notre destination. (Le 24 décembre 1862)
Adresse lue par le révérend Riggs, mais préparé par le Colonel Miller:
Leur grand Père à Washington, après avoir pris connaissance des témoignages enregistrés dans les procès, est venu à la conclusion que tous furent trouvés coupables de meurtres vicieux et gratuits envers ses enfants blancs. Et pour cette raison il a ordonné que chacun soit pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive, dans la journée de vendredi prochain; et que cet ordre prenne effet ce jour, à 10 heures de l'avant-midi.
Les bons ministres du culte sont ici, catholiques et protestants, parmi lesquels chacun de vous peut choisir un conseiller spirituel, avec qui il vous sera permis de rester en communication constamment pour les quelques jours qui vous resteront à vivre.
Dites à ceux-ci que vous avez péché contre vos semblables, et qu'il n'y a aucun espoir de clémence, sauf la miséricorde de Dieu, par les mérites du Saint Rédempteur, auxquels je vous exhorte fortement de recourir , étant vos ultimes sources de réconfort et de consolation.
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Le chef Sioux Taopi PARTIE IV : Commentaires
Les Sioux sont reconnus comme un peuple guerrier. Ils étaient mes amis. Ainsi parle le général Sibley, qui fut chef agent pour le compte de la Northwest Fur Company: c'était la fierté des Sioux de proclamer qu'ils n'avaient jamais tué un homme blanc. Dans les premiers jours de ma résidence parmi eux, je ne fermais jamais la porte à clé de mon poste, et quand je m'éveillais le matin, je trouvais les Indiens installés sur le plancher.
La première chose que l'on m'ait jamais volée, c'était une curieuse pipe, laquelle plus tard me fut retournée par le garçon distrait qui me l'avait prise, après que je leur eut dit que la porte serait fermée à clé, si la pipe ne m'était pas retournée.
Le général Sibley, n'était pas le foudre de guerre que le déroulement des événements auraient pu laisser croire.
Ayant vécu parmi les Indiens du Dakota, il parlait leur langue. En plus il parlait le français, langue encore très répandue dans ces territoires. Nous sommes dans l'ancienne Louisiane française.
La première victime de ce conflit se nommait François Labatte.
Quelles furent effectivement les relations des Français avec les Indiens sur les mêmes territoires ?
Du côté des Français les approches étaient différents de ceux des Américains. Les pionniers français étaient surtout intéressés à l'agriculture alors que les Indiens ne l'étaient pas, du moins à l'époque.
Quant aux autres qui s'installaient sur les terres indiennes, c'était surtout pour ouvrir des postes de traites et se livrer au commerce. Le plus souvent, il épousait une indienne, d'où le grand nombre de métis vivant sur ces territoires.
Dans l'histoire du comté de St.Clair, on fait état que les relations des pionniers français avec les Indiens qui les entouraient étaient généralement bonnes. Par une politique de bon voisinage ils ont su éviter les conflits accompagnés de massacres qui harassaient fréquemment les colons anglo-américains de la côte Atlantique.
L'auteur, le prof W.C. Walton mentionne que les Français avait un talent ou génie pour développer des relations amicales avec les Indiens , une qualité que ne possédaient pas les Saxons.
Pendant une période de près d'un siècle dans ce pays de l'Illinois les hommes blancs et les Indiens ont vécu en paix.
La question reste toujours posée. Comment dans ce 20 ème siècle, des peuples civilisés ont pu se livrer à des excès du genre, tels que l'holocauste, le génocide des arméniens, ceux des cambodgiens, et du Rwanda, et j'en passe. Un autre élément qui nous renverse, est la facilité avec laquelle les ordres sont exécutés.
Les principales sources
History of the Sioux War and Massacre Isaac Heard (1863)
The Little Crow; The Life of a Leader Bradley Mariska et Stacey Heb
The Dakota Conflict Trials Par Douglas Linder,
History of St.Clair County under French Rule par prof W.C. Walton
Reminescences and Recollections; (1902) par le Très Révérend Henry B. Whipple, Évêque épiscopalien du Minnesota
Documents de la Société historique du Minnesota.
La nation Sioux Lakota, par Monique Hameau et Sylvain Driez-Alesandrini
Lettres de Fort-Pierre (1860-1861) entre Philippe Chouteau et Charles Primeau
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