Dévastation sur la Côte Sud |
Été 1759 |
Rapport d'un raid à Malbaie et sur la Côte sud. |
Par le capitaine Joseph Gorham |
Sur le Beaver, le 19 août 1759 |
Monsieur, |
Dans mon dernier rapport à l'Île aux Coudres , j'ai mentionné mon intention de débarquer et de détruire les habitations (aux Éboulements?) mais, en voyant les ennemis traverser de Baie Saint Paul en bateaux, et un de nos transports dériver si loin qu'il ne pouvait nous rejoindre, je jugeai préférable de me rendre à Malbaie le 10 au soir et j'y débarquai le lendemain sans qu'un seul homme ne fût blessé. Les 15 ou 20 Français qui étaient là s'enfuirent après avoir tiré deux ou trois salves en direction du bateau. |
J'ai brûlé environ quarante bâtiments, granges ou maisons, et j'ai épargné une chapelle et une demeure près du fleuve. Parmi ces constructions, il y avait un bel ensemble de bâtiments composé de granges et d'étables appelé la "Ferme du Roy". En soirée, je me suis réembarqué et, le 13, j'ai reçu la lettre de Votre excellence à l''Ile aux Coudres. La nuit suivante, j'ai fait voile vers la côte du sud, jeté l'ancre et , le 15, à deux heures de la nuit, fait débarquer le détachement à marée basse à Ste-Anne où, après avoir brûlé et détruit environ 50 bâtiments, je me suis réembarqué en soirée. Pendant que nous étions à terre, le vent s'est levé et le lieutenant Bradly, commandant du Prince Federick et responsable des équipages et des transports, a envoyé un aspirant de la marine pour m'Informer qu'il devrait aller mouiller plus loin. Une trentaine de tireurs ennemis ont fait feu et blessé l'aspirant de marine et deux marins. |
Les paroisses de Sainte-Anne et de Saint-Roch possèdent les plus grandes fermes et produisent les meilleures récoltes de grains que j'ai jamais vues. Leur cheptel est aussi très considérable et j'en ai pris un peu dans les bois. D'après l'état des maisons, les habitants y viennent seulement à l'occasion. |
Ci-joint un reçu pour le bétail et le matériel que j'ai remis à l'officier commandant à l'Ile aux Coudres. Environ la moitié des bêtes que j'ai embarquées sont mortes avant d'arriver sur l'Île car elles étaient trop serrées les unes contre les autres parmi les soldats. SiI est nécessaire de retourner sur la côte du sud pour prendre du bétail--lequel est abondant et de qualité-- ou autre chose, je souhaiterais user de mon expérience pour proposer des méthodes qui faciliteront grandement le travail (...) |
capitaine Joseph Gorham |
Son Excellence le major général Wolfe Commandant en chef |
Source: APC, MG, M, Série, vol 221, Bob. C-366 |
"L'Année des Anglais," La Côte-du-Sud à l'heure de la _Conquête. par Gaston Deschênes |