11 novembre 2008

C’est d’écrire que j’ai envie. Je réalise qu’à tenir un journal cela permettrait d’user ma pensée et de la faire rouler systématiquement d’un point à un autre, de ma tête à la feuille blanche en l’occurrence, pour lui éviter de tourner en rond ou qu’elle ne se dissipe dans les limbes de l’inconscience; se faisant, je lui dispense l’espace, l’encre et le support, tangible, pour la fourbir, réfléchir, méditer et me réfugier. Je prends ensuite ce texte et l’introduit dans une bouteille que je lance à la mer.

Après avoir lu quelques lignes de ce message dont la matière touche à ma petite personne (mais je suis –du verbe suivre- en cela le digne exemple de Montaigne), si cela ne vous préoccupe pas, remettez-le à sa place et laissez-la bouteille vaguer sur l’océan virtuel en toute démocratie. Merci.
 
Tu écris à qui ? Pour qui ? Pourquoi ?
Veux-tu lire sur toi ? Serais-tu : l'autre et toi à la fois ?
Cela te satisfera-t-il . . . Ou continueras-tu d'écrire ?
Comme un automate, pour vivre, pour rire et donner.
Tu écris pour recevoir; dis-le!

Un échange pas vraiment gratifiant.
Tu enfonces le clou, à ton corps défendant

Enfin! l'écriture, qu'est-ce que c'est ?
Le savoir du savant. . .
De l'artiste
!


Marina Tsvetaieva avait écrit ceci: « Je ne suis pas une magicienne malveillante et je ne provoque pas pour faire le mal, mais je provoque, et je le sais, et je ne veux pas le faire en cachette. C’est la seule chose qui m’oblige à prendre la plume, plus exactement : m’aide, sur-le-champ, dès les premières lignes, à ne plus lâcher la plume! Je dis la vérité. Vivre dans le feu! »
Lecteur! je te le répète parce que je me sens en phase avec elle sur ce point.
                                          Je suis allé rencontrer Hubert Reeves à la fin d’une
                                          conférence qu’il donnait non loin de chez moi, dans
                                          une église jouxtant l’université. Il faisait l’éloge de la
                                          science, de son objectivité et de sa supériorité. Je l’ai
                                          félicité en le qualifiant de poète, un brin sarcastique,
                                          « cela vous donne l’avantage sur le scientifique. En
                                          tant qu’artiste, vous manipulez votre auditoire et
                                          l’amenez sans mal à vos idées. C’est dommage de
                                          ne pas offrir un véritable dialogue avec des
                                          interlocuteurs autres que catholiques ou athées
provenant des mêmes cultures, ils pourraient vous faire mentir le proverbe que vous avez tant à cœur. »

Il n’avait pas la tête à m’écouter. Ne m’a d’ailleurs montré aucun signe d’empathie sinon une vague attention désintéressée vite dissipée par l’apparition d’une personne de sa connaissance. Je voulais plus ou moins lui dire que son discours était emprunt de sophisme et qu’il défendait la science comme d’autres défendent la religion ou l’athéisme. Car il est biaisé, à mon sens, de proclamer que les scientifiques sont des gens objectifs qui ne cultivent pas d’intérêts partisans et irrationnels; de promulguer et de laisser croire que la science n’a aucune intention d’agir sur le moral et la croyance des peuples par l’institutionnalisation de ses dogmes. Allez demandez à un écolier d’où vient l’homme et le monde… C’est la pensée unique, bête et obtuse qu’est enseignée dans les écoles en guise de science. L’éducation tous azimuts forme des futurs citoyens formatés. Mais à l’âge de monsieur Reeves, on ne lâche pas la proie pour l’ombre et on évite de donner des coudées franches à un énergumène qui vous tombe sans crier gare pour vous donner de l’eczéma. Sorry!

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