L'amour de votre vie

 

Pour me faire plaisir, un internaute m’a envoyé une liste de musiciens tels Jimi Hendrix, Jethro Tull, Yes, que je n’écoute plus depuis belle lurette, mais comme j’ai une table tournante, j’ai eu l’envie d’essayer un 33 tours des Doors. Et ce qui arriva arriva: des sillons du disque l’aiguille réveilla d’anciens souvenirs.

“There will never be Another one like you” The Doors

Je l'ai vue pour la première fois dans un centre culturel, à Paris; j'étais en train d'écouter du classique avec des écouteurs: une jolie femme de 29 ans, élégante. Elle avait retiré ses chaussures et lisait paisiblement. Le livre qu'elle tenait en main attira mon attention: un ouvrage rare, même en Inde, qui traite des différentes formes de l’amour, du plus anodin au plus extatique, celui entre Radha et Krishna. Toute la complexité et la beauté de la tradition spirituelle L'amour extatique entre Radha et krishnavisnouite y sont traduites pour l’initié. Je ne pus m'empêcher de lui exprimer mon étonnement à la voir étudier une telle littérature. Mais elle connaissait l'Inde. Elle y avait voyagé de long en large en 75 et rêvait d'y retourner. Comme moi. Puis j’ai repris mes écouteurs, elle son livre. Le centre s’appelait L’arbre à souhaits .

Trois mois plus tard, alors qu'un matin je me pré Un arbre à souhait comble les désirslassais dans l'immense boutique de tapis indiens d'une amie, situé dans le centre commercial du sous-sol des Halles, après une merveilleuse nuit passée, tout seul, sous LSD, voilà qu'elle arrive; un phosphore enchanteur se matérialisait. Fraîcheur et gaîté personnifiées, elle se dirigea droit vers moi pour me saluer: un cadeau des dieux! Ravissant et spirituel, il me comblera d’amour jusqu'à aujourd'hui.

J'avais l'air d'«un pacha dans la caverne d'Ali Baba», selon ses propres mots. Elle eut le coup de foudre mais se garda bien de le montrer. Le soir, je l'accompagnai jusqu’à son domicile. Au moment de la quitter, sachant que j’allais me louer une chambre d’hôtel, elle m’offrit de passer la nuit chez elle, ce que je déclinai par politesse. Elle avait tant de grâce qu'à aucun moment le moindre désir de concupiscence ne me posséda. Respect total. Mais au fur et à mesure que je m'éloignais de son domicile et de la féerie de la rencontre, les sens et l'imagination me rappelaient à ma réalité d'homme!

"Riders on the storm" The Doors

Je dormis dans ma voiture, les hôtels affichant "complet". Ce fut une nuit fort agitée, toute en courbatures, pendant laquelle je maugréais sur mon stupide puritanisme. La semaine qui suivit fut insupportable. Impossible de la rejoindre par téléphone et je ne connaissais pas encore ses sentiments pour moi. J'étais tombé amoureux fou. Je fis 200 km, de nuit, sous la pluie battante, pour me rendre chez elle, écoutant les Doors:

Girl ya gotta love your man
Girl ya gotta love your man
Take him by the hand
Make him understand
The world on you depends
Our life will never end
Gotta love your man, yeah

Mais elle n’était pas chez elle. La porte resta obstinément fermée.

On se maria trois mois plus tard à Toronto. 23 ans après, si c’était à refaire, je dis oui sans hésitation, et tout pareil!

--Akiles, le 15 octobre 2006

Sujet en rapport:
"Ce matin, je me suis plus ou moins réveillé avec un fort désir sexuel pour une femme qui m'a rendu visite, hier, pour la première fois. Une belle femme. La mienne, devant s'absenter au bout de quelque temps, je restai seul avec elle".
Copiez ce url: http://www.oocities.org/maroudiji/suicide.htm

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“Vous vous imaginez, par exemple, qu’une marche funèbre provoquera chez tous des pensées tristes et solennelles et que n’importe quelle musique de danse provoquera des pensées heureuses. En fait, ce n’est pas du tout le cas. S’il m’arrive d’entendre pour la première fois, sous le coup d’une grande infortune, un air gai, cet air provoquera en moi par la suite, et toute ma vie durant, des pensées tristes et oppressantes. Et si un jour où je suis particulièrement heureux, j’entends un air triste, cet air provoquera toujours en moi des pensées heureuses. Il en est de même pour tout.” G. I. Gurdieff
Cité par Eugène Jacques dans son livre La musique et ses effets.Éd. Québecor