L'Inde:
l'axe du mal? |
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Ce faisant, je vais à contre
courant du préjugé occidental, enraciné dans l'histoire,
subjective s'entend, de sa propre culture et se bornant à placer
l'Inde sur l'axe du mal : une tradition de désinformation qui se
perpétue dans l'enseignement et les médias. D'ailleurs,
le philosophe Roger-Pol Droit, dans son livre "L'oubli de l'Inde,
une amnésie philosophique", écrit à bon
escient que l’Occident a occulté la réalité
philosophique indienne : « À l’égard de l’Inde,
en effet, l’institution philosophique, considérée
dans son ensemble, cultive, au mieux, le silence –au pire, le sacarsme.
» (3) Insensés, que je m'écris
! Pourquoi cette obstination à éluder cette réalité
positive qu'est l'Inde pour ne focalisez que sur les données sombres
? C'est comme si je jugeais de la condition de l'économie et de
la politique canadiennes d'après le scandale des commandites au
Canada! et de conclure qu'il s'agit là d'un pays pourri jusqu'à
la moelle. A ce compte-là, le Brésil devrait être
qualifié d'antre du mal ! avec ses hordes d'enfants des rues qui
pullulent, armes aux points, ( lire où voir "La cité
des dieux" ) et, ceux, plus misérables encore, qui guettent
comme des mouettes l'arrivée des camions à la décharge.
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Jamais, en Inde, ma femme et moi nous
nous sommes sentis en danger, du moins rien de comparable à Paris
ou New-york à la tombé de la nuit, toute proportion gardée;
et Dieu sait si l'on a sillonné l'Inde à pied, en bus et
en train avec les gens du peuple. Ma femme pouvait pratiquement se promener
n'importe où, où nous nous sommes rendus, toute seule, sur
une plage, dans un village ou un train et ne jamais se faire importuner.
Je ne dis pas que la criminalité est inexistante dans ce pays de
près d'un milliard d'habitants, je ne déclare pas non plus
qu'il s'agit d'un «paradis» comme se plaît à
mettre dans ma bouche l'éditeur de Voir, mais je mets
un bémol à votre perception méprisable de ce pays.
Croyez-vous que c'est au Brésil que nous pourrions agir aussi librement
? «There are 30 millions children on the street of Brésil
more than the whole population of Canada.» nous prévient
Gilberto Gil sur l'album CD d'Ernie Watts, "afoxé".(4)
Autant en emporte le vent. |
Quelqu'un a eu l'impudence de comparer
l'Inde à la Corée du nord et autres pays de réputation
mal famée, ce que je signale avec indignation, et tout ce qu'on
m'oppose ce sont ces aspects délétères et négatifs.
C'est comme si je vous disais que la pleine lune est belle et que vous
me rétorquiez « mais ne vois-tu pas toutes ces tâches
qui l'enlaidissent ? » C'est le verre à moitié plein
qui vous saute aux yeux ! Mais là encore, on pardonnerait cette
fâcheuse déformation de la réalité hindou vu
la complexité invraisemblable qu'elle représente. Si tel
était le cas, le mal serait presque légitime, prenant en
compte la difficulté des êtres humains à profiter
du savoir, comme l'analyse avec brio Jean-Francois Revel dans son livre
"La connaissance inutile" : Mais je soupçonne plus: notamment une aversion fondamentale envers l'Inde; sans aucun doute d'ordre religieux et des séquelles occasionnées par les Lumières et les intellectuels de l'ère colonialiste, genre Rudyard Kipling. Non, ce n'était pas simplement l'opinion d'un lecteur de Voir qui s'exprimait en première page de ce journal, mais bien celui de son rédacteur en chef qui m'écrivait pour confirmer -et en rajouter! Savez-vous ce que vous êtes en train de faire lorsque vous comparez l'Inde à la Corée ? Non seulement, vous êtes injustes envers les Hindous, par ces jugements qui frisent le racisme, mais vous élevez un pays terrifiant comme la Corée du nord, d'une cruauté innommable, à la hauteur de l'effort démocratique qu'a entrepris l'Inde, toute seule! sans l'aide d'aucunes nations rapaces, et par sa seule détermination. Aujourd'hui les ingénieurs de Bengalore, une ville du sud, sont en train de concurrencer en intelligence technologique ceux de la Silicone vallee ! Et au lieu de citer ce pays en exemple, vous vous complaisez dans des clichés les plus réducteurs et vils. Imaginez que la France, juste après la guerre et jusqu'à aujourd'hui, eût été attaquée au sud-ouest par des terroristes corses, au sud-est par des basques, à l'est par des Bretons, à l'ouest par l'Alsace, la Russie au nord, et vous aurez une idée des problèmes qu'a dû affronter l'Inde depuis son indépendance. Sans parler des innombrables et monstrueuses vicissitudes dues au climat et à ses traditions ancestrales qui perdurent jusqu'à présent, mais qui, pour ses dernières, fondent le principe même de la démocratie dans ce pays. Un état qui, contrairement au Canada, aux USA ou à l'Australie, pour ne citer qu'eux, a très su très bien prolonger la continuité ancestrale et historique avec la modernité; le pays n'a pas imposé de scission radicale avec son passé et dans ce sens il est d'une grande importance épistémologique. Il ne faut pas oublié non plus que l'Inde vit avec une multitude invraisemblable de peuples hétéroclites et aux langues différentes, dont aux moins une douzaine de langues majeures et des milliers de dialectes vivants. Si on considère comme une prouesse sociale qu'en Palestine trois religions et trois langues se côtoient dans un climat plus ou moins vivable, on devrait admettre la gérance pratiquement pacifique des peuples de l'Inde qui relèverait du miracle. D'ailleurs, ce prodige se devine rien qu'à lire le titre du livre de Guy Sorman "Le génie de l'Inde" ou il fait l'éloge de ce pays de près d'un milliard d'habitants. 1) Le Génie de l'Inde, chez Fayard 2)Définitions de la démocratie:
Pour Octavio Paz « La démocratie politique et la coexistence
pacifique entre les hommes exigent la tolérance, l'acceptation
de valeurs et d'idées qui ne sont pas les nôtres. Dans la
sphère publique tout au moins, la tolérance implique que
nos convictions religieuses et morales ne s'imposent qu'à ceux
qui les partagent avec nous. » 3) "Le fait n’est pas mineur : on enseigne aujourd’hui, à des centaines de milliers de jeunes français chaque année, qu’il n’y a pas de philosophie en Inde." (Livre de poche) 4) «Il y a trente millions d'enfants dans les rues du Brésil, plus que la population entière du Canada.» Vous avez lu cet article et vous désirez y ajouter vos commentaires, n'hésitez pas à m'écrire. Pour me joindre: Mon
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