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L'évolution de la morale

Avec Cabriel Garcia Marquez, Sade, Gainsbourg, Kundera.
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L'amour, avec un p'tit a.
Lorsqu'il découvre la gamine de quatorze ans, se produit alors chez notre vieillard
qui s'apprête à passer dans l'autre monde, le miracle qu'il n'attendait plus: son insatiable
passion du sexe se métamorphose en ce que l'on appelle l'amour. Aussi le face-à-face
d'un nonagénaire à la libido suractive et d'une jeune fille à peine nubile met-il mal à l'aise.
Pas tant que ça pourtant, puisque ce roman érotico-tragique caracole aujourd'hui en tête
de toutes les listes des meilleures ventes.

De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, --fée aux yeux de velour,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine!--
L'univers moins hideux et les instants moins lourds?

Baudelaire
"L‘année de mes quatre-vingt dix ans, j’ai voulu m’offrir une
Nuit d'amour
une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge."

 

Mémoire de mes putains tristes (roman)

«La morale aussi est une affaire de temps,
disait-elle avec un sourire malicieux, tu verras.»


Au lever du jour de ses 90 ans, Gabriel Garcia Marquez éprouve l’irrépressible désir de fêter son anniversaire par une ultime nuit de libertinage doublement illicite, lui qui est un habitué des maisons de filles de joie.

Voici comme il se présente dans le roman: Inutile de le dire, car on le voit à des kilomètres: je suis laid, timide, et anachronique. Mais à force de ne pas vouloir le reconnaître, j'ai fini par simuler tout le contraire. Jusqu'à aujourd'hui, où j'ai décidé de ma propre volonté de me livrer tel que je suis (note d'Akiles: Quelle horreurs! Mais avec de l'argent, que peut-on ne pas se refuser?), ne serait-ce que pour soulager sa conscience (note: et ce que l'on sait aussi…) J'ai commencé par ce coup de téléphone insolite à Rosa Cabaras, parce que avec le recul je vois bien à présent qu'il a marqué le début d'une nouvelle vie, à un âge où la plupart des mortels sont morts.

Donc, l‘année de mes quatre-vingt-dix ans, j’ai voulu m’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d’une maison close qui avait pour habitude de prévenir ses bons clients lorsqu’elle avait une nouveauté disponible. Je n’avais jamais succombé à une telle invitation ni à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, mais elle ne croyait pas à la pureté de mes principes. La morale aussi est une affaire de temps, disait-elle avec un sourire malicieux, tu verras. Elle était un peu plus jeune que moi, et je ne savais rien d’elle depuis tant d’années qu’elle aurait pu aussi bien être morte. Pourtant, au premier allô j’ai reconnu la voix au bout du fil et j’ai déclaré sans préambule: Aujourd’hui, oui!

-Ah, mon pauvre vieux, a-t-elle soupiré, tu disparais pendant vingt ans et tu ne reviens que pour demander l’impossible. Retrouvant aussitôt la maîtrise de sa profession, elle m’a fait une demi-douzaine de propositions délicieuses mais, il faut bien le dire, toutes de seconde main. Je lui ai dit non, que ce devait être une pucelle et pour le soir même. Inquiète, elle m’a demandé: Que veux-tu te prouver ? Rien, ai-je répondu, piqué au vif, je sais très bien ce que je peux et ce que je ne peux pas.

Moi, Akiles, je disais donc qu'avec de l'argent, on ne peut rien se refuser? N'est-ce pas? Et Gabriel Garcia Marquez, même s'il déteste les régimes capitalistes, il en a de l'argent qu'il sait distribuer équitablement selon une conscience toute bienfaisante et populaire: «Je n'ai jamais couché avec une femme sans la payer, et les quelques unes qui n'étaient pas du métier, je les ai convaincues de prendre l'argent de gré ou de force, mêm e si c'était pour le jeter à la poubelle.»

Cela ne mérite-t-il pas que l’on s’étende un peu plus sur le sujet? Sur la culture de G. Garcia Marquez, un Prix Nobel?

*L'extrait provient de LIRE Mai 2005

 


"C'est 450$ pour la nuit."
vv

 
le sperme d'un enfant
Faut bien y croire à 90 ans!

 

On en est encore là!
Personnellement, je trouve cela plutôt misérable que de ne connaître l'amour qu'à cet âge-là et avec une gamine. C'est le reflet de toute une vie gâchée par le libertinage et l'infortune. Et le reflet de toute une société. Par contre, l'impudeur à ses admirateurs. Elle leur fournit ce qu'ils considèrent être de grandes œuvres. C'est exactement ce que l'on attend de la littérature déclare la gent intellectuelle: déranger l'ordre du monde et transformer la boue en poudre d'or.



Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi,
si elle m'a aidée à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis?

-------------------------------------------------------Baudelaire


Une conception de l'amour sous des dehors de super réalisme: compagne et pute à la fois.
(Rien à voir avec l'archétype de la prostitué.)

De Gainsbourg
J’aimerais te dire que je te suis fidèle
Mais d’abord je trouve que ça ne serait pas bien
Car vois-tu ce n’est pas vrai
Et autant que tu saches
A quoi t’en tenir avec moi
Non jamais je ne t’ai rien promis de tel
Au tout début tu trouvais ça très bien
Maintenant que tu l’as oublié
Tu trouves que c’est vache
Mais moi je ne vois pas en quoi

J’y peux rien c’est la vie qui veut ça
C’est la vie ça n’est pas moi
Moi je voudrais bien être autrement
Mais je ne vois pas comment

Souviens-toi la première fois à l’hôtel
Tu m’as dit que j’étais une petite putain

Alors tu aurais préféré
Que je te le cache?

Mais moi je ne vois pas pourquoi
Si tu veux m’garder
Il faut me prendre telle quelle
Et t’faire à l’idée que j’ai des copains
Moi je te dis la vérité
Et tout de suite tu te fâches...
Il n’y a vraiment pas de quoi

  Kundera : «La scène de son célèbre tableau, ‘’La Liberté guidant le peuple’’, La Liberté guidant le peuple’’ de DelacroixDelacroix l’a recopiée du rideau de la pré-interprétation: une jeune femme sur une barricade, le visage sévère, les seins dénudés qui font peur; à côté d’elle, un morveux avec un pistolet. J’ai beau ne pas aimer ce tableau, il serait absurde de l’exclure de la grande peinture. Mais un roman qui glorifie de pareilles poses convenues, de tels symboles usés, s’exclut de l’histoire du roman. »

Au départ, en 1851, Moby Dick n’avait pas eu le moindre succès, « Il resta un livre-fantôme, inconnu au bataillon des chefs-d’œuvre.» Personne ne s’intéressa à cette vision cauchemardesque d’une lutte haineuse d’un homme contre les éléments frustrants de l’existence et ayant pour cible une baleine blanche envers qui il ne ménagera aucunes cruautés. Aujourd’hui, grâce à Giono et ses amis, les esprits enclins à jouer de la haine et de l’amour comme s’ils étaient une réalité indissociable ou indifférente ontologiquement, Moby Dick subissant la haine des hommespeuvent enfin savourer «cette prose si rimbaldienne, qui affronte le gouffre de nos âmes comme un bateau ivre.» «Il nous reste qu’à replonger dans ce maelström cosmique » où tous les clichés métaphysiques de l’époque vous sont joués sur une trame luciférienne.
Car, aujourd’hui, on sait mieux apprécier les tragédies haineuses et gratuites. La preuve, Rimbaud, Sade, sont des figures aux images de Divines Idoles de la révolte dont on abreuve la jeunesse de leurs proses démentielles.

 

SadeLe Divin Sade

En 2004, le gouverneur général du Canada récompensait de sa médaille d’or une thèse sur le marquis de Sade! Et le secrétaire de la Faculté des études supérieures (FES) annonçait que le prix de la meilleure thèse en sciences humaines va à une analyse littéraire des Cent vingt journées de Sodome et des trois Justine de Sade.

En 2005, une grande dame de l'aristocratie française, déclare sur les ondes de Radio-canada, 95.1 fm, qu'une femme devrait se réjouir à l'idée de recevoir en cadeau de Noël, les oeuvres complètes du marquis de Sade.

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C'est Sade qui disait: «Je suis persécuté pour avoir révélé les mystères de la conscience humaine et des sots me tyrannisent.» Quels sont donc ces mystères qu’il a révélés à l’humanité si ignorante de ses faiblesses en la matière que l’on sait?

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L’année 2006 commence par une nouvelle acceptation des mœurs sexuels : La Cour suprême reconnaît l'échangisme.

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Un internaut me répond:
Si j'ai bien compris, tu dénonces plusieurs choses :
- l'évolution des moeurs est dictée par une intellocratie bien établie qui dit au bon peuple, à l'écoute de tous les verbiages, pourvu qu'ils soient jolis et bien tournés, ce qu'il est bon de penser ou non.
- le bon peuple boit toutes les paroles, sans réfléchir, sans recul, prenant comme argent comptant ce que les élites bien-pensantes du moment disent.

Oui, c'est fort juste, tout ça. Mais ne crois-tu pas que les médias, les journalistes, les animateurs de talk-shows sont responsables de ce fait ? Je ne donnerais qu'un seul exemple, celui de Bernard Henry Lévy : ce personnage certes pas mal, bien habillé, bien coiffé, est reçu sur tous les plateaux de télé de France. Pourquoi ? Parce qu'il parle bien. De quoi ? Peu importe, ce qui compte, c'est les falbalas, les gestes, les sourires, un peu d'esprit (pas trop, sinon, le commun des mortels ne suit pas). Bref : le contenu est vide, quand il n'est pas truffé d'erreurs. Ce monsieur se dit philosophe, hahaha, les vrais philosophes, préfèrent en rire. En attendant, leurs réflexions sur le monde ne sont jamais mises en avant, les siennes (lesquelles, d'ailleurs ?) oui.

En ce qui concerne la morale, c'est encore plus hypocrite, et bien plus insidieux car derrière tout ça, il y a le fait religieux, lui-même intimement lié à la politique. Je te renvoie d'ailleurs à tes voisins états uniens à ce sujet...

Enfin, en ce qui concerne Sade, j'ai lu "Justine ou les malheurs de la vertue", et il me semble de toutes façons nécessaire de le remettre dans un contexte historique pour pouvoir en parler. Cela dit, et c'est là que c'est drôle, on vante en France les mérites de tel ou tel écrivain non pas pour le contenu qui, après tout, n'a que peu d'importance, mais bel et bien pour la forme, les rythmes, les phrasés, la manière d'écrire. Ce qui nous ramène à ce que je disais à propos de BHL : en 2006, tu peux raconter n'importe quoi, l'important étant de le dire comme il faut et surtout, là où il faut, afin que tout le monde soit d'accord et pense pareil. C'est cela que l'on appelle la pensée unique, fluctuante, inintéressante et à mon humble avis, complètement débilitante.
Bien à toi, Ell65

Réponse: Oui, pour être plus précis, le peuple est une masse légèrement abrutie qui suit la courbe culturelle, etc. Si la culture est appropriée, alors des hommes ou des femmes fantastiques peuvent sortir du peuple. Mais si c'est pour enseigner l'histoire et les mœurs à l'aide d'exemple aussi fou, stupide et idiot que Sartre, o pardon, Sade, alors ne vous posez pas de question au sujet de l'évolution morale ou de la condition morale de nos sociétés.