Mon âme Par Emile Nelligan
Mon âme a la candeur d'une chose étoilée
Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie,
Ah! La fatalité d'être une âme candide
D'avoir l'âme pareille à de la mousseline
D'avoir une âme douce et mystiquement tendre,
D'une neige de février...
Ah! Retournons au seuil de l'enfance en allée.
Viens-t-en prier
Comme tu faisais autrefois
Lorsqu'en ma chambre, aux soins, vers la Vierge fleurie
Montait ta voix.
En ce monde menteur, flétri, blasé, pervers,
D'avoir une âme ainsi qu'une neige aux hivers
Que jamais ne souilla la volupté sordide!
Que manie une soeur novice de couvent,
Ou comme un luth empli des musiques du vent
Qui chante et qui frémit le soir sur la colline!
Et cependant, toujours, de tous les maux souffrir,
Dans le regret de vivre et l'effroi de mourrir,
Et d'espérer, de croire... et de toujours attendre!