Mémoires du Service Géologique de
l'Algérie, n° 9, pp. 147-156, 6 fig., 1998.
Caractérisation
des phosphates du Djebel Onk
Salima CHABOU-MOSTEFAI*
* Département
Génie Minier- Ecole Nationale Polytechnique. 10,
Avenue H. Badi, B.P. 182. El Harrach, 16200 Alger.
Résumé
L'étude de la série
du Djebel Onk a permis de mettre en évidence une succession de cinq formations
lithologiques distinctes dont l'âge et les caractères paléogéographiques ont
pu être précisés (Chabou-Mostefaï S., 1987), ce sont de la base au sommet:
- la formation El Haria argileuse, d'âge maastrichtien supérieur-paléocène
inférieur (Danien);
- la formation Tselja carbonatée, d'âge paléocène supérieur (Montien
à Thanétien);
- la formation Chouabine phosphatée, d'âge paléocène supérieur-éocène
inférieur (Thanétien
supérieur à Yprésien basaI);
- la formation Metlaoui carbonatée et siliceuse, d'âge éocène inférieur
(Yprésien à Lutétien inférieur) et la formation Souar gypseuse, d'âge lutétien
inférieur.
Les phosphates en traces dans toute la série, donnent des horizons centimétriques,
dans la formation El Haria au Danien où ils sont autochtones et des occurrences
plus importantes, décamétriques, dans la formation Chouabine, d'âge thanétien-yprésien.
Ces dernières sont constituées de niveaux autochtones, d'origine
essentiellement biogénique, et allochtones, où les grains ont subi un
remaniement mécanique. Les deux types de phosphates ont pour minéral caractéristique
une carbonate fluorapatite, chlorée et soufrée. Ce sont des sédiments riches
en matière organique. La paragenèse minérale associée aux phosphates
autochtones est constituée de smectites aluminoferrifères et potassiques,
d'opale -CT, de clinoptilolite, de quartz et de feldspaths. L'étude minéralogique
et géochimique de cette paragenèse a permis de proposer une origine authigène
pour tous ces minéraux.
Le modèle de phosphatogenèse du Djebel Onk a pu être étudié à différentes
échelles d'environnements: général, local et micro-environnement.
L'environnement général du milieu de formation des phosphates consiste en une
plate-forme faiblement pentée et directement ouverte aux influences océaniques,
indépendamment des conditions paléobathymétriques.
L'environnement local du milieu de formation des phosphates consiste en une
paragenèse minérale authigène, siliceuse et silicatée associée aux
phosphates. Ces phosphates sont d'origine biogénique.
Le micro - environnement, se traduisant par la présence de soufre, de matière
organique et de micro-organismes, permet de situer le confinement nécessaire à
la formation du phosphate à l'interface eau-sédiment ou dans la zone à oxygène
minimum. Une partie des éléments chimiques, nécessaires à la néogenèse
des minéraux associés aux phosphates, pourrait avoir une origine volcanique
telle qu'elle est souvent invoquée pour d'autres gisements de phosphates sédimentaires
du Crétacé supérieur et du Paléogène de la Téthys. De telles analogies
posent le problème de la possible influence de causes géodynamiques globales,
comme par exemple le rôle des dorsales océaniques, dans la formation des
gisements de phosphates sédimentaires en milieu marin. Ce modèle, confronté
aux môdèles classiques de phosphatogenèse, se différencie:
-
par l'absence des pièges morphologiques habituellement invoqués pour
expliquer le confinement nécessaire à la genèse du phosphate;
-
par la distinction qui a pu être faite entre les milieux de formation in
situ du phosphate et des milieux de remaniement.
Mots clés
- Phosphates
- Carbonate fluorapatite - Phosphatogenèèse - Autochtone - Allochtone -
Environnement - Paragenèse authigène - Confinement - Djebel Onk.
Characterization
of the Djebel Onk phosphates
Abstract
Lithological,
micropaleontological, mineralogical and geochimical studies have been carried
out on the Djebel Onk (
Algeria
) phosphatic deposit. They
have permitted to define the stratigraphic and paleogeographic regional setting,
during the late Maastrichtian and the Palaeogene and to recognize two types of
phosphatic ores among the main prospects of late Thanetian - early Ypresian age.
These types correspond to : the dominantly biogenic autochtonous phosphates, and
the allochtonous phosphates whose reworked particles have experienced a
mechanical action.
The
main phosphatic mineral, a Cl and S-bearing carbonate fluorapatite, is found as
part of an authigenic mineraI paragenesis which, in the case of the autochtonous
phosphates, includes potassic aluminoferriferous smectites, opal - CT, quartz,
K-feldspar, clinoptilolite and dolomite. Close analogies exist between this
paragenesis and the one typical of coeval phosphatic deposits located along the
southern Tethyan margin and the eastern border of the
Central Atlantic. The results obtained
permit to define the environment of phosphatogenesis, at different scales, and
to propose a model which consists in a slightly inclined platform directly
opened to the oceanic influence.
The
presence of a zone, with minimum oxygen content, located at the interface
water-sediment on such platform, independently of paleobathymetry, produces the
confinement required for phosphate formation and the associated silicate
paragenesis. A part of the chemical elements, necessary for the authigenetic
formation of minerals associated to the phosphates, could have a volcanic origin,
such as the one advocated for other Upper Cretaceous and Palaeogene sedimentary
phosphatic deposits from the Tethys. These analogies would suggest the possible
influence of global geodynamic causes, i. e. the role played by oceanic ridges
in the formation of deposits in a marine environment.
Key
words - Phosphates - Carbonate fluorapatite - Phosphatogenesis - Autochtonous
phosphates - Autochtonous phosphates - Environment - Paragenesis - Authigenesis
- Confinement - Upper Cretaceous- Palaeoogene - Djebel Onk.