Discours du Président Colonel MOHAMED BACAR

à l’occasion de la cérémonie de l’IDE EL FITRE

(Dar Nadjah fin novembre 2003)

 

Monsieur le Président de la Chambre des Députés

Messieurs les Ministres, Madame la Ministre

Messieurs les Représentants du Corps Diplomatiques

Messieurs les Représentants de la Force de Sécurité

Messieurs les Représentants des Ulémas

Honorable assistance

Mesdames, Messieurs

 

Il est de coutume qu’en pareil occasion, après  nous être acquittés de notre obligation religieuse qui est le Jeûne du mois de Ramadan, un des 5 piliers de l’Islam de nous retrouver ici ensemble pour nous serrez la main, nous souhaiter bonheur et prospérité ! Qu’Allah le tout puissant exauce nos prières !

Aujourd’hui, après vous avoir souhaité bonne fête, j’ai choisi de vous parler plus particulièrement de l’évolution du processus de réconciliation.

Beaucoup a été dit, beaucoup a été fait, des accords ont été signés, et des consensus obtenus sur les questions importantes. Mais toujours est-il que leur application se fait attendre.

 Je sais que beaucoup d’entre vous se demandent si nous avons bien fait de nous impliquer dans des négociations qui ne s’achèvent pas. Je sais que beaucoup d’entre vous se demandent pourquoi continuer à accepter un processus dont l’Ile ne tire aucun avantage.

Tout au long du processus, nos protagonistes ont déployé leurs efforts pour nous imputer la responsabilité du blocage. Il a été donc de notre devoir de nous investir pour démontrer le contraire. Nous avons beaucoup fait dans ce sens.

Aujourd’hui, je peux vous assurer que la Communauté Internationale qui nous accompagne dans ce processus est parfaitement consciente des origines des blocages et nous pouvons être fiers des résultats de nos efforts.

Une réunion qualifiée « de la dernière chance » sera organisée dans le courant du mois de décembre prochain. Y prendront part à cette rencontre  des représentants des pays de la région et notamment le Président de la République Sud Africaine et probablement le Premier Ministre de l’Ile Maurice qui useront encore une fois de tout leur influence pour qu’enfin, une page de l’histoire des Comores puisse être tournée.

Mesdames et Messieurs, l’équipe en charge du dossier, mon gouvernement et moi même sommes toujours fidèles à vos aspirations légitimes et restons toujours fervents défenseurs de la constitution de l’île autonome d’Anjouan   au sein de l’Union des Comores.

 

Mesdames, Messieurs, notre bataille consiste à relever les défis de l’avenir.

L’autonomie que nous souhaitons pour Anjouan suppose que l’Ile décide elle-même de son choix de développement économique et social. Elle suppose aussi que l’Ile parvienne à se débrouiller elle-même. Nous ne pouvons donc pas concevoir une autonomie de l’Ile et dépendre en même temps d’autrui pour satisfaire nos besoins les plus élémentaires, d’où la nécessité de concevoir nous même notre propre politique dans les différents secteurs de développement et de  l’appliquer.

Cette politique doit être complétée par le développement d’une politique de coopération avec la région. Anjouan a une carte à jouer dans la coopération régionale. Dans cette perspective l’action prioritaire à mettre en œuvre consiste à établir des relations de bon voisinage et de partenariat avec les Iles voisines.

Le premier obstacle à ces bonnes relations demeure l’émigration clandestine. Nous devons tout mettre en œuvre pour le freiner.

Je précisais, il y a un an que l’émigration clandestine trouble la vie sociale et la paix civile, qu’ elle endeuille beaucoup des familles, qu’elle est source d’une instabilité politique chronique , et qu’ elle a fait de la sous- région une plaque tournante de différents trafics illicites (contrebande, trafic de produits prohibés, banditisme, etc.)

Ce fléau doit être traité en amont et en aval.

En effet beaucoup d’efforts sont entrepris pour éradiquer ce phénomène, faisons là une responsabilité collective.

D’ores et déjà la Commission instaurée contre l’émigration clandestine joue son rôle et je suis confiant que dans un temps record, et avec le soutien de tous ; en Anjouanais responsables et avertis, nous éradiquerons complètement ce fléau.

 

 

 

Mesdames, Messieurs

Chers compatriotes

Pour conserver la maîtrise de notre développement, Anjouan a tout intérêt à s’investir sur ses atouts traditionnels.

Je pense évidemment à l’agriculture qui recèle de formidables potentialités.

Nous savons tous que plus de 80% de la population anjouanaise vivent de la terre. Seuls les produits de rente tels que l’ylang-ylang, la vanille et le girofle assurent à nos agriculteurs un revenu substantiel.

Malheureusement, le girofle, culture de rente essentielle, a connu ces dernières années, une chute considérable des prix sur le marché international. Les raisons sont multiples, comme cela a déjà été évoqué lors de ma dernière allocution en Juin 2003.

En conséquence, je demande à nos agriculteurs de doubler d’efforts quant à la culture de la vanille. Faisons en sorte que cette production soit maîtrisée par nos paysans.

Les dispositions prises par mon gouvernement vont dans le sens d’améliorer les conditions de vie de notre population.

C’est pourquoi je lance un appel pressant à tout les Anjouanais, et plus particulièrement aux brigades de Gendarmerie et à l’appareil administratif des municipalités d’encadrer nos gardes civiles (garde champêtre) pour qu’ils puissent mener à bien leur mission. Il faut lutter contre les pillages et les récoltes prématurées.

 

 

 

Mesdames, messieurs

Nos essences de parfum connues de marque exceptionnelle avec un degré de qualité supérieure par rapport aux produits des pays riverains régressent ces dernières années par le mélange de nos essences d’ylang-ylang avec d’autres produits pour augmenter artificiellement les degrés et gagner donc plus d’argent, oeuvre des personnes malintentionnées. Cette pratique nuit et ternit l’image de notre île aux parfums, et porte un coup dure à notre économie. J’en appelle à votre vigilance et demande à notre appareil judiciaire de s’investir pour identifier et sanctionner de la manière la plus sévère ces personnes malhonnêtes ;

Encore une fois je témoigne de ma solidarité aux agriculteurs, car cette année le ramadan a connu une abondance de produits agricoles variés.

« Nous pouvons citer, par exemple, la patate douce et l’oignon.» Les prix de vente des produits étaient accessibles à tous, pour ce faire, je demanderais à nos encadreurs, ingénieurs agronomes et techniciens supérieurs d’assister davantage nos cultivateurs dans tous les domaines pour qu’enfin Anjouan puisse disposer sur le marché intérieur en abondance des produits tels que (banane, manioc, légumes etc.

Déjà la fédération Bahati ya walimizi a montré qu’avec un peu d’effort Anjouan pourra s’auto alimenter (l’oignon à Mtsanga Mouhouni).

Anjouan vit aujourd’hui dans la paix, il faut faire des efforts pour en assurer la pérennité.

 

Je demande donc à nos frères paysans de réunir tout leur savoir pour augmenter la production des produits de première nécessité, les produits qui constituent l’alimentation de base de notre société.

Je ne peux terminer mon propos sans remercier nos opérateurs économiques des efforts soutenus qu’ils ont pu déployer au cours de ce mois sacré de ramadan et qui ont permis à chaque Anjouanais de disposer des produits importés accessibles à tous. 

Vive l’Ile Autonome d’Anjouan dans la paix et la solidarité.

Je vous remercie