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LA SALE GUEULE DU TRAVAIL
Quand le travailleur s'endort il est bercé
par l'insomnie
et quand son réveille
il trouue chaque jour devant son lit
la sale gueule du travail
qui ricane qui se fou de lui
Prévert « Le paysage changeur »,
Paroles
La dignité humaine n'est pas dans le travail salarié,
parce que la dignité ne peut s'accommoder ni de l' exploitation
ni de l'exécution de tâches ineptes, et pas davantage
de la soumission à une hiérarchie.
La dignité des humains est dans leur capacité et leur
obstination à rêver leur vie, à se raconter
leurs rêves, à vouloir construire ensemble un monde
sans argent où seul compte l'humain.
Il est absurde, et faux historiquement, de dire comme certains intellectuels
que « le travail est le premier des droits de l'homme ».
Le travail ne figure nulle part dans la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen, et les émeutiers révolutionnaires
n'en réclamaient pas. Ils posaient la question des «
subsistances » et exigeaient « Le Pain et la Liberté».
Aujourd'hui comme hier, tout être humain, dès lors
qu'il n'exploite pas ses semblables, a droit à la subsistance
(logement, nourriture, transport, culture, etc.). C'est ça
le minimum social !
Il ne s'agit pas de « partager le travail », comme on
se met à plusieurs pour porter un fardeau, ni même
de travailler « tous, moins, autrement ». En vertu de
quelle morale masochiste faudrait-il réclamer et partager
la misère et l'ennui salarié, au service des patrons
ou de l'État ?
La satisfaction du travail bien fait, la fierté de l'artisan,
conscient de l'utilité sociale de son travail, ne sont plus
de mise sous le capitalisme industriel où la majorité
des gens sont employés à des tâches stupides
et ne produisent que des nuisances.
Si le capitalisme se contente désormais pour prospérer
d'un nombre plus réduit de travailleurs (dans les pays occidentaux),
de notre côté nous n'avons que faire de la plus grande
partie de ce qu'il nous impose et nous vend.
Aussi est-il absurde de réclamer « la création
d'emplois » ; les richesses existent pour assurer la subsistance
à toutes et à tous. Nous n'avons qu'à les partager.
Quant au reste, une révolution sociale fermerait davantage
d'usines et supprimerait plus d'emplois nuisibles en douze heures
que le capitalisme en douze ans. Pas question de continuer à
fabriquer des colorants alimentaires, des porte-avions ou des contrats
d'assurance. . .
Pas de « plein emploi », une vie bien remplie !
Martine Aubry, qui a privé les moins de 25 ans de l'allocation
d'insertion (l 500 F), refuse de leur donner un revenu sous prétexte
que ce serait un « aveu d'échec pour la société
» [Le Monde, 23-l-1998]. Georges Jollès, vice-président
du CNPF, renchérit: « Si l'écart entre SMIC
et minima est trop faible, l'incitation à la recherche d'em-
ploi s'affaiblit. » [Le Monde, 20-1-1998].
Patrons et socialistes, pour ces gens l'échec ça n'est
pas que des gens soient privés de tout, ce qui compte c'est
de les plier à l'idée et à la morale du travail,
même s'il n'y en a plus...
La « société du travail » de Jospin a
deux slogans: Travailleurs, craignez le chômage et fermez
vos gueules !
Chômeurs, humiliez-vous pour mendier un emploi que vous ne
n'aurez pas !
Cette « horreur économique » n'est pas une fatalité
imposée à l'humanité pécheresse par
un « dieu », et pas non plus une loi incontournable
des sociétés soi-disant développées.
L'économie est la vision du monde de la bourgeoisie, le mode
d'organisation particulier au système capitaliste que nous
voulons justement détruire.
Impossible de faire l'économie d'une révolution pour
détruire un monde où l'horreur est monnaie courante.
Des chômeurs/ meuses acti fs/ ves
Pour en parler: Assemblée quotidienne à 18 h à
la faculté de Jussieu, M° Jussieu.
Pour connaître le na de l'amphithéatre, consultez le
panneau d'affichage à l'entrée.
Imp spéciale CG
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