Comité
permanent de la Conférence des Peuples de Langue française
Saint-Oyen,
Vallée d'Aoste, 12-13 octobre 1996
Résolution
Jura - Wallonie - Vellerat - Fourons
Le Comité permanent de
la Conférence des Peuples de Langue française (CPLF) qui a réuni ces samedi
12 et dimanche 13 octobre 1996 ses délégués venus de Bruxelles, de France, du
Jura, du Québec, de Romandie, du Val d'Aoste et de la Wallonie en la Maison
hospitalière des chanoines réguliers du Grand Saint-Bernard à Saint-Oyen,
dans le Val d'Aoste, sous la présidence de M. Robert Louvin, Assesseur à
l'Education du Gouvernement valdôtain et Vice-président de la Conférence, a
pris connaissance de la lettre reçue par le Maire de Vellerat, M. Pierre-André
Comte, également Vice-président de la Conférence et Secrétaire-général du
Mouvement autonomiste jurassien (RJ-UJ).
Dans un courrier daté
du 3 octobre et provenant de Berne, Son Excellence Hugo Callebaut, Ambassadeur
du Royaume de Belgique auprès de la Confédération helvétique lui a en effet
écrit :
"Monsieur le Maire,
J'ai l'honneur de
m'adresser à vous au sujet d'une question relevant du jumelage entre la commune
suisse de Vellerat et la commune belge des Fourons. La presse belge s'est en
effet faite écho récemment des panneaux qui ont été placés à l'entrée de
la localité de Vellerat, portant la mention suivante : "Vellerat (Jura)
commune jumelée avec les Fourons (Wallonie)", la dernière mention étant
accompagnée de la reproduction du coq wallon.
Je souhaite attirer
votre attention sur le fait que la commune belge des Fourons est une commune
flamande qui fait partie de la Province du Limbourg, située sur le territoire
de la Région flamande de Belgique. La commune des Fourons ne fait donc à aucun
titre partie de la Wallonie.
Je vous saurais dès
lors gré de bien vouloir veiller à ce que cette erreur de signalisation soit
corrigée sans tarder et vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, les assurances
de ma considération distinguée."
Sous la plume de
l'Ambassadeur flamand du Ministre flamand des Relations extérieures d'un Etat
belge où les Flamands se sont appropriés la plupart des leviers de commande,
on comprend qu'il soit prioritaire de prétendre que "la commune des
Fourons ne fait donc à aucun titre partie de la Wallonie" à laquelle ces
six villages ont appartenu pendant plus des trois quarts des cent soixante cinq
ans d'existence actuelle de la Belgique.
Il est vrai qu'à trois
reprises, les villages des Fourons ont été annexés, contre le gré de leurs
habitants, à la province flamande du Limbourg à savoir de 1915 à 1918, à
l'initiative des occupants impériaux et impérialistes allemands, puis de 1940
à 1945 sous la botte des nazis et enfin depuis 1964 suite à un vote où une
majorité parlementaire belge composée de la plupart des élus flamands s'est
opposée à une minorité composée de la majorité des élus francophones.
Dès lors, tout en réaffirmant
son entière solidarité à la majorité wallonne de la commune des Fourons, le
Comité permanent de la Conférence des Peuples de Langue française se réjouit
de l'intention de la commune de Vellerat non de corriger une erreur de
signalisation mais bien de rénover et de maintenir la mention "Fourons
(Wallonie)" agrémentée du coq wallon.
Mais le Comité
permanent pose aussi deux questions :
1.) le Conseil fédéral
helvétique apprécie-t-il l'ingérence directe de l'Ambassadeur belge dans les
affaires intérieures de son pays et son viol de l'autonomie communale ?
2.) quelles sanctions
MM. Dehaene, Derijcke et consorts comptent-ils prendre à l'égard d'un
Ambassadeur comme M. Callebaut qui, en contradiction avec les règles
diplomatiques les plus élémentaires, s'adresse directement à une autorité
locale du pays auprès duquel il est accrédité en raison du fait que son
aveuglement flamingant lui fait oublier que son interlocuteur intermédiaire
obligatoire est le titulaire du Ministère des Affaires étrangères ?
Le Comité permanent
souhaite enfin que les élus francophones du Parlement belge et les députés
wallons et bruxellois qui forment le Conseil de la Communauté française de
Belgique protestent contre l'attitude unilatérale du principal responsable
diplomatique belge en Suisse.
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