La bohème du XIXè  au Vieux Marché

 

         Sur la Place du Jeu de Balle, l´Association des amis du Vieux Marché mène le jeu de l´ancienne bohème omniprésente  à travers les outils en vente exposés. Parmi ceux là, il y a les cartes postales, timbres et livres de M. le Président.

M. HOHON,  n’est pas qu’un marchand de plus. Depuis 4 ans, le président de l´Association des amis du Vieux Marché installe sa table à cartes postales, timbres de collection et vieux livres portant sur l´Avant-Guerre, les cafés parisiens de la bohème du XIXè siècle, ainsi que des différentes époques de l´Ancien Marché, et des vues typiquement bruxelloises…

Son cigare à la bouche, M. le Président, comme la Police de Bruxelles le nomme, attend que les gens accordent toute leur attention à la situation des marchands qui l’entourent: « On est là pour la défense du marché. Il y a des gens qui viennent d´Ostende, de Liège, de partout en Belgique. Je suis président de l´Association depuis quatre ans, et encore il m’en reste un peu », dit-il, tout en riant.

Mais son sourire cache la réalité quotidienne sur la Place du Jeu de Balle : les gens s`arrêtent à peine pour regarder les lampes en or, couvertes de poussière, ou bien les tournesols de Van Gogh à côté d´un vieux disque vinyl de Brel. Les tapis sous lesquels les verres de bohème s`appuient, ont connu le temps froid et la pluie, parfois la neige.

Après 100 ans de vie

Tout près de M. le Président, son chien blanc Milou, est couché sur un tas de Brols. Ceux-ci racontent depuis une dizaine d´années les événements d´un petit Marché au coeur des Marolles, dont l´Association des amis du Vieux Marché fait la colonne vertébrale : « Le Marché regroupe les gens pauvres qui, parfois, s´y donnent rendez-vous pour des activités folkloriques organisées par l´Association Surtout du côté de l´ancienne église», l’explique-t-il, le regard soucieux, tout en caressant Milou.

La matinée, tranquille comme quasi le reste, permet à M. HOHON de s´entretenir avec François Dwit, agent de police qui travaille au marché depuis 2 ans. Tous les deux font référence à cet esprit de solidarité présente sur le marché tout au long de 100 ans d´histoire. «La commune des Marolles tente de faire de son mieux. Mais c´est vrai que le Vieux Marché a vécu des périodes plus fleurissantes…surtout dans les années 60», ajoute l´agent, tandis que le président hoche sa tête aux cheveux gris.

            Le 252 a toujours été le numéro désignant l´échoppe où propietaire et chien se reposent, tout en regardant le soleil se lever, jusqu´à ce que celui-ci se place au-dessus de leurs têtes et que la Police commande la fermeture sur la Place.

            A l´heure dite, il reste encore à vendre, ainsi que le spécial Brol : 100 ans de vie au Marché. Un ticket portant sur quelque 400 BEF à verser pour la licence de vente au marché,  pend tout seul à la poche gauche de M. HOHON. De la sueur coule legèrement dans le long de ses cheveux clairs, lorsqu´il ramasse tout et s´allume « le cigare de l´après-midi ». Le visage pâle, il trouve encore des mots pour décrire l´Ancien Marché, en ajoutant qu´il «n´est plus ce qu´il était auparavant .»

L´Ancien Marché bouge, se vide. Milou aboie. Une camionnette, les portes ouvertes à l´arrière regarde les allers et venues de M. le Président, seulement interrompus par quelques mots avec son voisin du 250. L´Avant-Guerre, les cafés parisiens de la bohème du XIXè siècle attendent le jour où ils changeront de mains.     (Alfredo Moyano Barroso)