Luis Mateus
Le Portugal et la France se sont très clairement opposés à l’introduction d´une référence à un supposé «héritage religieux» de l’Europe dans la préface de la «Charte des Droits Fondamentaux» de l’Union Européenne. Cette prise de position a fait changer la phrase “… heritage culturel, humaniste et religieux …” qui est devenue “… patrimoine culturel, humaniste, spirituel et moral …” dans la proposition de rédaction finale du document… ce qui nous paraît aussi une formulation bien plus acceptable puisque plus neutre.
Ce texte juridique qui se prétend fondateur d’une future «citoyenneté européenee» - même s’il ne deviendra pas contraignant pour les états membres - est maintenant en cours d’approbation et, sûrement, ce n´est pas par hasard ou par oubli innocent qu´aucune référence à la indispensable laïcité des pouvoirs politiques de l’U.E. n’y est comprise…
Pourtant, deux questions se posent: y aurait-il eu des manifestations civiques éloquentes de protestation, si les représentants de ces deux pays avaient agi autrement? et auraient-ils adopté une telle position de refus si les organisations laïques ne s´étaient pas manifestées?
On peut en douter sérieusement. Il semble que les européens, dans son cadre de vie actuel, se sentent de moins en moins interessés par les affaires politiques qui les concernent (voir, par exemple, la faible participation des français au référendum qui leur vient d’être proposé). Nos opinions publiques paraissent préférer se laisser administrer par leurs gouvernements (plus ou moins démocratiques) que d’exercer une citoyenneté active.
Voilà une situation qui crée un espace propice pour que tous les genres de manipulations de l’oppinion publique, toutes les manoeuvres au profit de groupes d’intérêt puissent être menées, y comprises - et l’histoire on la conaît - celles de l’Église Catholique et des organisations qui lui sont plus ou moins liées.
Au Portugal, on le voit très clairement: par exemple, au moment même ou l’on comémore le 90ème aniversaire de la Révolution qui, le 5 Octobre 1910, a implanté la République dans le pays, quelques faits récents sont là pour le prouver:
Les citoyens portugais - y compris les laïques, qui ne se sont pas encore suffisamment organisés - vont sûrment accepter, avec une grande «patience» et «compréhension», que son gouvernement démocratique et républicain (un governement socialiste avec um premier ministre catholique qui s’assume publiquement en tant que tel…) craignant les quelques 60% d’électeurs catholiques supposés, subisse toutes les préssions des curées et des lobyings catholiques du pays. Peut-être que, face à des informations qui le démontrent, les plus avertis d’entre eux s’inquièteront un peu pendant deux ou trois jours, mais il est à craindre que, pour la plupart et à la très moderne façon européenne, ils se réendorment tranquillement les jours suivants…