Congo fraternite OBSERVATOIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE Volume 6, numéro 32,
semaine du 4 au 10 août 2003 NB : il n'y a pas eu de numéro 31 RDC Finalement!
Une voie s'élève contre les médias de la haine 6 août 2003 Depuis la fin du DIC
les propos haineux envers le régime tutsi du Rwanda et ses alliés
particulièrement banyamulenge au sein du RCD-Goma ont augmenté de façon
constante dans certains médias de Kinshasa. Aujourd'hui une voie congolaise
s'élève enfin contre cette propagande haineuse propagée par des personnalités
proches de la faction Kabiliste du gouvernement de transition. L'Obsac avait
déjà souligné la persistance de ce discours haineux dans les médias écrits de
Kinshasa, mais nous n'étions pas au courrant que les propagandistes de la haine
ethnique avait un pied-à-terre au sein même de la Radio-Télévision national
congolaise (RTNC). C'est donc une Ong de lutte contre le tribalisme et de
promotion de la concorde entre les communautés, Congo Fraternité et Paix, qui
tire la sonnette d'alarme. Selon un article publié dans le journal Le Phare (et
repris sur le site internet Allafrica.com ) cette organisation de défense des droits de l'homme, est
vivement préoccupée par le discours de haine que diffuse continuellement
l'émission «Forum des médias» sur la RTNC 2, animée par M. Noël Kalonda, avec à
chaque fois des invités qui tiennent des propos incitant à la haine raciale, à
l'exclusion politique et à la xénophobie. Congo Fraternité et Paix constate que
ce genre de discours n'est pas adapté à l'évolution de la situation politique de
l'heure, marquée par le retour de la paix, et est susceptible de ruiner tous les
efforts qui sont entrepris en vue d'une réconciliation nationale aussi bien
entre Congolais qu'entre le Congo et les pays de la région des Grands-Lacs
africains. A cet effet, Congo Fraternité et Paix interpelle le ministre de
l'Information, M. Vital Kamerhe, afin d'interdire la diffusion de ce «média de
la haine» dans les plus brefs délais. Congo Fraternité et Paix souligne que dans
le contexte actuel de la RDC, l'objectif du gouvernement congolais est de
recréer des liens de fraternité et de bon voisinage avec tous les pays qui nous
entourent, et que s'évertuer à entretenir un discours d'hostilité envers le
Rwanda constitue un combat d'arrière-garde dont le peuple congolais n'a nul
besoin. Congo Fraternité et Paix rappelle à tous que l'espace présidentiel
congolais ne comprend en son sein que des personnalités qui, toutes, ont été
soutenues militairement par le Rwanda et par l'Ouganda à un moment ou un autre
de l'histoire. De telle sorte que s'acharner à apeurer le peuple pour des liens
qu'entretiendraient ces pays avec une composante constitue une démarche
hypocrite, et hautement condamnable. Congo Fraternité et Paix interpelle la
Haute Autorité des Médias devant ce qui apparaît comme la version congolaise de
la tristement célèbre «Radio Mille collines», et prie cette institution d'appui
à la démocratie à obtenir son interdiction. Congo Fraternité et Paix en appelle
au chef de l'Etat, de qui se reconnaissent la plupart des invités de cette
émission scandaleuse, d'user de ses prérogatives constitutionnelles pour obtenir
l'arrêt de la diffusion de la haine raciale, de l'exclusion politique et de la
xénophobie aussi bien sur la RTNC 2 que sur le territoire de la RDC. Congo
Fraternité et paix invite le procureur général de la République à se saisir:
instamment de ceux qui diffusent la haine dans la population, et rappeler à
chacun le risque pénal qu'il encourt au regard des instruments juridiques
internationaux pertinents tels que la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme, la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination raciale et la Convention pour la prévention et la répression du
crime de génocide. Le communiqué qui a servi à la rédaction de cet article dans
le journal Le Phare est signé Belhar Mbuyi, Président National de Congo
Fraternité et Paix. NDLR Obsac : La RDC compte un nombre assez étonnant d'ONG de
défense des droits de l'homme. Si c'est la première fois que nous entendons
parler de Congo Fraternité et Paix, il n'empêche que les documents publiés par
cette ONG que l'on retrouve sur la Toile de l'internet permet de constater le
sérieux de son engagement en faveur de la paix et de la réconciliation. Ainsi,
l'étude historique sur les conflits ethniques en RDC (intitulée LE MANIFESTE DE
LA PAIX en République Démocratique du Congo ) souligne la double dynamique de conflits ethniques exacerbés par
des factions de politiciens et de causes extérieures qui expliquent pourquoi les
efforts de la communauté internationale, presque exclusivement centrés sur la
dimension extérieur et la distribution des postes entre toutes les parties
congolaises au conflit, n'ont pas donné les résultats escomptés. Des ONG comme
Human Rights Watch, Médecins sans frontières et d'autres tirent maintenant sur
la sonnette d'alarme et mettent en garde cette même communauté internationale
que le renforcement du mandat et des effectifs de la MONUC seront insuffisant
pour mettre fin aux différents conflits qui déchirent l'est de la RDC. De plus,
ces conflits trouvent un écho dans la capitale congolaise elle-même où les
extrêmistes attaquent systématiquement certains membres du gouvernement de
transition dans la presse écrite et électronique et ne cessent de répandrent les
rumeurs les plus inquiétantes sur une reprise de la guerre à Kinshasa même.
Impossible de faire un tour sur le site de Digitalcongo.net , par exemple sans tomber sur des articles haineux contre
les Banyarwanda, les Banyamulenge et les Tusis rwandais. Ce climat de paranoïa
ne peut que conduire au déraillement du gouvernement de transition. Est-ce que
le Comité de suivi international entendra l'appel lancé par Congo Fraternité et
Paix ? Il serait étonnant en tout cas que le gouvernement de transition trouve
spontanément la volonté et les moyens juridiques (sinon policiers) pour mettre
fin à ces appels aux meurtres sans pressions internationales. Une chose demeure
certaine, tant que l'on attisera les flammes de la haine ethnique, il n'y aura
pas de véritable paix, ni de véritable gouvernement des Congolais pour les
Congolais au Congo. P. B.