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Rencontre Kagame-Tshisekedi: Les appels au meurtre continuent à Kinshasa
Le Phare (Kinshasa)
9 Juillet 2002 Publié sur le web le 9 Juillet 2002
Kandolo M. Kinshasa
Il ne se passe pas un jour sans que des médias proches des autorités de Kinshasa lancent des messages incitent à la haine. Ces messages se muent d'ailleurs facilement en appels au meurtre contre des « traîtres qui ont serré la main de l'assassin Kagame ». Ce qui choque le plus, c'est quand les hommes de Dieu entrent aussi dans cette danse diabolique. Comment celui qui est appelé à se mettre au milieu du village pour recevoir tout le monde peut s'aligner sur des thèses extrémistes et exiger la mort contre une créature de Dieu ? Un prêtre catholique, habitué de ces orgies intellectuelles, Professeur de son état et amoureux du petit écran, a continué jusqu'en week-end à réclamer la sanction suprême pour le « Traître Tshisekedi qui venait de 'entretenir avec l'agresseur Kagame ». Ce prêtre, expert du gouvernement on ne sait en quelle matière, doit se mordre les doigts aujourd'hui en apprenant que son patron - à ne pas confondre avec le Saint Père - est en négociations avec celui-là même pour qui il a voué Etienne Tshisekedi aux gémonies. Il faudra alors qu'il reste fidèle à sa logique et qu'il traite Joseph Kabila avec les mêmes mots dont il venait d'accabler M. Tshisekedi, il y a quelque 48 heures. Parce que si M. Paul Kagame incarne le diable en personne tel que soutenu par l'Abbé-Professeur, il devra demeurer diable aussi bien devant Tshisekedi que Joseph Kabila. Si les ministres de Dieu sont à ce point gagnés par la passion, la paix n'est en tout cas pas pour demain !
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Tshisekedi répond à la presse belge
Le Phare (Kinshasa)
10 Juillet 2002 Publié sur le web le 10 Juillet 2002
Propos Rendus Par Kimpozo M. Kinshasa
Etienne Tshisekedi, président de l'Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue Intercongolais, a accordé hier à Goma une interview aux journalistes belges (Flamands et Wallons) qui accompagnent le Secrétaire d'Etat belge à l'Action Humanitaire, présentement en tournée en RDC et avec qui il a eu un entretien à bâtons rompus, le même jour. Pour l'essentiel, les questions ont porté sur son rapprochement avec le RCD-Goma parrainé par le Rwanda, les sentiments des populations de l'Est comme de Kinshasa face à son choix politique, la finalité de l'ASD, le plan d'invasion du Kasaï etc.
Invité à expliquer comment, en sa qualité d'apôtre de la non-violence, il a pu s'allier avec le RCD-Goma, Etienne Tshisekedi a marqué sa surprise et rappelé que tout le monde était parti à Sun City pour trouver une solution à la crise congolaise. « Si nous étions sortis de là avec un gouvernement, m'auriez-vous reproché de siéger avec l'ex-opposition armée? Après l'échec de Sun City, notre objectif est que le Dialogue reprenne. Nous avons constaté que le RCD veut effectivement qu'il reprenne.
On ne peut occulter cet objectif en ressassant le passé, a-t-il indiqué.
Au sujet du massacre de Kisangani et du danger de désaveu de la population de l'Est à son égard, il a tenu d'abord à souligner qu'il condame toutes les tueries, mais pour aussitôt préciser que celles-ci sont la conséquence de la guerre. «Comme vous le savez, je me suis toujours opposé à la guerre. En son temps, je m'étais offert pour intercéder entre feu Laurent-Désiré Kabila et le RCD. J'ai été traité de tous les noms. Si j'avais été compris, on ne parlerait pas aujourd'hui de trois millions de morts. Récemment, nous étions à Sun City. Si nous nous étions mis d'accord, il n'y aurait pas eu d'affaire Kisangani et le pays se trouverait aujourd'hui sur le chemin de la paix. Vous parlez du danger de désaveu des populations de l'Est à mon égard. A ce sujet, on a raconté n'importe quoi.
Je suis à Goma et vous savez aussi que je reviens de Kisangani. Vous savez ce qui s'est passé ici et là-bas. Vous savez quel accueil j'ai reçu, tout simplement parce que les populations ont compris qu'elles ne peuvent rien attendre d'un accord qui n'en est pas un . Avec nous, les populations ont compris qu'elles auront la paix, que nous travaillons pour la paix».
S'agissant de l'opinion kinoise à son endroit, Etienne Tshisekedi a été sec : «Allez à Kinshasa et posez la question. Après la débandade de Matadi, quelle considération la population de la capitale peut-elle encore avoir à l'égard de ceux qui s'étaient investis dans un accord privé. Quant aux populations d'ici, vous connaissez ses sentiments puisque vous savez comment on a été bien accueilli ».
«A l'arrivée de Laurent-Désiré Kabila, vous aviez déclaré que les Rwandais devaient rentrer chez eux. Maintenant, vous êtes avec eux...».
A cette observation, le Président de l'ASD a estimé nécessaire de rappeler les propos qu'il avait tenus. "J'avais demandé que les troupes rwandaises comme toutes les autres qui avaient contribué au renversement de Mobutu nous présentent la facture de la guerre et retournent chez elle. Si la question tend à impliquer la population d'origine rwandaise, comme les Banyamulenge, il s'agit dans ce cas d'un problème déjà réglé par l'Accord de Lusaka et qui a fait l'objet d'une résolution pertinente du Dialogue intercongolais à Sun City".
A la question de savoir s'il ne pensait pas à un plan d'invasion du Kasaï, Etienne Tshisekedi a été clair et net : «Il y a des gens qui écrivent ce genre d'histoires. L'Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue Intercongolais n'est pas mise sur pied pour porter la guerre où que ce soit. Nous sommes là pour sauvegarder le Dialogue et ramener la paix au pays...».