En 1834, Cabenas obtint de la société française
de géographie le mandat pour l’exploration du cours du Kossokouélé
en Afrique équatoriale.
Cette région d’Afrique restait à l’époque largement
inconnue. Les hauts-fonds interdisaient aux navires d’y mouiller. Les marchands
arabes avaient établi des comptoirs à l’intérieur
des terres où ils pratiquaient la traite des femmes indigènes.
En effet, les tribus côtières se livraient à des guerres
incessantes à l’issue desquelles les prisonnières étaient
vendues. Les prises masculines finissaient dans les orgies cannibales qui
ponctuaient les rares trêves.
Les caravanes
d’esclaves traversaient le Sahara, et la marchandise était vendue
à Damas ou au Caire. Les marchands désiraient conserver le
monopole de ce lucratif commerce, ils gardaient jalousement le secret des
routes commerciales et des points d’eau. Les occidentaux étaient
donc considérés comme des concurrents et des espions. Les
maures excitaient l’aggressivité des naturels à leur endroit.
Une première expédition organisée en 1829, avait été un désastre. La petite troupe du Colonel De La Roque fut massacrée. L’unique survivant, longea la côte pendant des semaines sur un esquif de fortune. Quand il fut recueilli par la civilisation il avait perdu la raison. Il hochait stupidement la tête en marmonnant seul mot : « Pentapodia »…. IL mourut dans le navire qui le ramenait vers la France.
Cabenas était un passionné de l’orient, il parlait et lisait l’arabe couramment. Le cheveu brun, la peau mate, il passait sans difficulté pour un levantin. Il jouait régulièrement les rôles de maure dans les pièces de théatre qui se donnaient à la cour (sa composition d’Othello était restée célèbre). Il avait lu les récits du docteur Chauvet, celui là même qui avait recueilli le rescapé de l’expédition du Colonel de la Roque. Depuis, Cabenas ne cessait de rêver aux rives du Kossokouélé et du Pentapodia.
Un soir de nouvelle lune, La Frégate « Ville de St Malo
» débarqua Cabenas dans une chaloupe au large de l’estuaire
du Kosskoulélé.
Cabenas établit son premier bivouac au petit matin, résolu
pour des questions de sécurité de ne se déplacer qu’à
la nuit tombée. Le lendemain, sa chaloupe et les trois mois de vivres
avaient disparu, et cabenas entama à pied la reconnaissance des
rives Kossokouélé. Assailli par les moustiques, miné
par les fièvres, intoxiqué par la chair des iguanes, le Comte
s’effondra au bout de trois jours, il n’avait parcouru qu’une dizaine de
milles dans la jongle.
Il fut recueilli inanimé par la tribu des Kalanguindes. Le roi,
en examinant ses habits arabes jugea peu opportun de le destiner au repas.
Il fut vendu au poids à un marchand marocain nommé Houssouf
qui l’emmena le long du fleuve.
Le Pentapode se nourrit de l’agressivité naturelle de l’être
humain. Les voitures conduites par des femmes, plus douces, roulent moins
vite et sont moins bien contrôlées.