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YANNICK KERNECK (1804-1823)

Que ne suis je né plus tôt

Que ne suis je né plus tôt, que ne suis je né plus tard,
Que ne suis je né héros cumulant les victoires,
Que ne suis je né Dieu adoré et prié
Je ne puis dire mieux, que ne suis je mort-né.

La fin

La vie ne fut pour moi qu'une série d'échecs,
Que Charybde et Scylla, et tel les héros grecs,
Je tente de surmonter ce destin implacable
Mais ce n'est qu'ajourner la fin inexorable.

Qu'il est vain d'espérer

Qu'il est vain d'espérer dans ce monde sans vie,
Sur cette terre brûlée où même le ciel est gris,
Qu'il est vain d'espérer en la nature humaine,
Messieurs pourquoi lutter, toute espérance est vaine.

Ma vie est un enfer

Ma vie est un enfer, sans diables ni brasiers,
Je suis pris dans des fers que je ne puis briser,
Ma prison est un monde où je n'ai pas ma place,
M'échapper par la tombe en aurais je l'audace.

Je suis Maudit

Rimailleur maudit on se moque de mes vers,
Ils sont toute ma vie et on les jette a terre,
On déchicte mon Ame, on me fouette jusqu'au sang,
On veut souffler la flamme qui me garde vivant.

Le fantôme

Je suis seul dans la foule, et on ne me voit pas,
Je suis comme transparent et je suis bousculé,
Ballotté par la houle, et c'est très bien comme ça :
Même les regards absents semblent de moi se moquer.

Désespoir

Un soleil pâle se lève, un nouveau jour commence,
Il n'y a pas de trêve car depuis ma naissance,
Un mal affreux me ronge, je ne suis jamais libre,
Je n'y échappe qu'en songe, je suis malade de vivre.

Par la fenêtre

Au loin c'est la forêt où vont les amoureux,
Aux visages sans rides et aux coeurs qui chantent,
Moi mon cœur est aride et je baisse les yeux
Et je fixe le vide, qui m'appelle et me hante.

Le feu

Je sens en moi le feu qui brûle tout mon être,
Il demande a sortir, à s'exprimer enfin,
Je pourrais être Dieu, enfin me faire connaître,
Mais j'ai peur de le dire et me consume en vain.

Je suis un incompris

Je suis un incompris, je fuis la société
Et mes rares amis sont tous désespérés,
Personne ne me retient, je suis au bord du gouffre,
Même le soleil s'éteint, qui donc voit que je souffre ?

L'ennemi

Je fuis toujours sans m'arrêter,
De jour, de nuit, mais il est là,
Comment pourrais je lui échapper,
car mon pire ennemie c'est moi.

Le vent

Le vent me parle dans la nuit,
Il me raconte son histoire,
Il me raconte ses ennuis,
Et ça m'emplit de désespoir.

Partir

Les embruns fouettent mon visage,
La nature même me déteste,
Les enfants hurlent sur mon passage,
Pourquoi voulez vous que je reste.

Bel oiseau

Bel oiseau au plumage de givre,
Ton chant me berce et je m'endors,
Tu es ma seul raison de vivre,
Le fusil claque, et tu es mort.

Amour perdu

Ma mie se meurt de chagrin,
Je n'ai pas pu me décider,
Je suis vraiment un moins que rien,
Elle était seule devant le curé.

PS : Yannick Kerneck est ici interprété par Thierry C.
(Le véritable Yannick Kerneck faisait 92 kg pour 1,59m)