cieltitre.gif (7478 octets)

 

 

 

Tahiti




Quelles sont mes origines  ?


Je m’appelle Choui Lane ("orchidée" en chinois) YEUNG. Je suis née de parents chinois à Tahiti, en Polynésie française, où a existé il y a bien longtemps l'ancien continent de Mû. Le parcours de mon père fut un peu particulier. Il était un enfant trouvé, recueilli par une femme de son village. Il était, lui aussi, originaire de la région de Kwantung. Il a quitté sa terre natale à l’âge de 24 ans, en embarquant sur un bateau de fortune où il a vécu pendant plusieurs mois, dans des conditions de navigation et d’hygiène extrêmement précaires ! Après maintes péripéties et escales dans différents pays, il est arrivé en Polynésie en 1923 avec de nombreux compatriotes embauchés dans les champs de canne à sucre à Atimaono. Ma mère, elle, est née à Tahiti de parents qui avaient également quitté la Chine. Elle a commencé à travailler dans les champs de canne à sucre dès l’âge de 10 ans aux côtés de ses parents, ses frères et sœurs.


Avec les moyens du bord...

papara.gif (102916 octets) Bien avant ma naissance, ma famille habitait modestement dans une superbe vallée verdoyante, traversée par une large rivière, surmontée d’un pont (en bois et en cordes). Par la suite, mes parents ont déménagé et ont tenu un magasin de marchandises générales, avec quelques employés, accompagnés de leurs familles qui habitaient aussi avec nous. En relatant ceci, je me rends compte que je vivais déjà une sorte de vie communautaire. Notre magasin était comme un lieu de recentralisation du quartier, au même titre que la mairie, l’église ou le temple.
J’ai vécu une enfance heureuse et choyée dans ce cadre-là, au milieu d’enfants polynésiens. N’étant pas encore à l’époque des jeux éducatifs sophistiqués, nous évoluions surtout dans la nature, utilisant tous ses ressources : cueillir les fruits dans les arbres ou jouer à Tarzan, se baigner à la rivière, confectionner des gâteaux de boue, etc. Comme tous les enfants polynésiens, nous avions aussi l’habitude de pêcher en pirogue avec les adultes, même la nuit. Il suffisait de se pencher du mauvais côté de la pirogue et tout le monde se retrouvait à la mer !

 

A la maison comme à l'école...

enfant.gif (57254 octets)



Je me rappelle aussi d’un autre "rituel" de mon enfance : tous les ans, pour la rentrée scolaire, chaque enfant confectionnait avec fébrilité son balai avec les nervures des feuilles de cocotier, et ses dizaines de bâtonnets de bois pour les leçons de calcul. On reconnaissait les plus consciencieux à l’allure de leurs bâtonnets : même bois, même grosseur, même dimension et bien ficelés ; les étourdis ou paresseux (suprême injure entre enfants !), qui attendaient la veille ou le matin de la rentrée pour les fabriquer, avaient les leurs cassés rapidement à la main, avec des grosseurs et dimensions différentes… Peu importe l’esthétique, ils peuvent quand même s’en servir pour apprendre à calculer !


Acculturation ou synthèse ?

Mes parents n’ont pas eu la possibilité de fréquenter l’école, mais ils ont appris seuls à lire et écrire le chinois usuel, et à parler le tahitien et quelques rudiments de la langue française. A la maison, nous, les enfants, avions l’habitude d’employer en même temps le chinois, le polynésien et le français, et même souvent dans la même phrase !... au grand désarroi de mon père qui renonça à nous corriger ! Très tôt, nous avions appris à jongler avec les trois langues, ce qui développa nos capacités d'adaptation. coco.jpg (45796 octets)
Nous faisions à notre manière un essai de synthèse entre les trois cultures dans lesquelles nous étions constamment immergés, malgré les barrières ethniques. Je me souviens qu’à l’école, tout en étant très bonne élève, j’avais souvent de mauvaises notes en conduite parce que de temps à autre je laissais échapper quelques mots chinois ou tahitiens, alors que c’était formellement interdit !


Le marathon en truck... !

truck.gif (18222 octets)

À l’âge de 11 ans, je quittais ma famille pour la première fois pour entrer en pension, où j’ai vécu 7 ans de la Sixième à la Terminale. Pendant les premières années, on ne rentrait à la maison qu’un week-end par mois. Le jour de sortie, avec ma sœur, nous quittions le collège le samedi matin à midi, pour prendre le truck au marché.

Comme il n’y en avait qu’un par district, il était tout le temps bourré au maximum (à chaque coup de frein brutal et volontaire du chauffeur, on gagnait des places supplémentaires !) et il s’arrêtait partout. Et nous arrivions à la maison familiale à cinq heures, complètement affamées et épuisées, après avoir fait seulement trente-cinq kilomètres ! J’ai gardé un très bon souvenir de cette période de ma vie, car   j’aimais bien les études, j’avais des amies avec qui je m’entendais bien. De plus, en pension, on exerce ses capacités d’adaptation et on y apprend la débrouillardise, l’entraide et le respect mutuel. À la réflexion, la vie en pensionnat était une autre ébauche de la vie communautaire.


Connaître Dieu...


Concernant le monde spirituel, jusqu’à l’âge de 10 ans, je n’avais jamais entendu parler de Dieu. Mes parents, très peu attachés aux traditions, n’avaient ni religion ni croyance particulière. Peu avant mon admission au collège des Sœurs pour continuer mes études secondaires, et sur l’insistance du prêtre du district, mes parents acceptèrent que je sois baptisée catholique. Le jour de mon baptême, j’étais heureuse dans mon âme d’enfant, c’était comme des retrouvailles. Mes premiers dialogues avec Dieu étaient purs et beaux... Je priais avec beaucoup de ferveur et de candeur. Puis, au bout de trois, quatre ans, la magie de mes premiers contacts avec Dieu s’était un peu estompée. J’ai commencé à trouver pesantes et contraignantes les pratiques religieuses systématiques, qui ne donnaient pas de réponse à mes interrogations. Cependant, je sentais intérieurement qu'il y avait autre chose de plus essentiel au-delà des apparences, et j'ai continué à réfléchir sur le sens de ma vie à travers différentes lectures.

Ainsi, le déroulement de mon enfance et de mon adolescence sous le Ciel polynésien, généralement ensoleillé et clément, fut pour moi un atout majeur et une bonne préparation aux étapes ultérieures de mon existence.

Si vous souhaitez me contacter, n'hésitez pas...

 

Accueil

Diaspora chinoise

Mon itinéraire

Le grand Carrefour

Démarche de totalité

Ce que je crois

Femme du Futur

Responsabilité universelle

Mes sites favoris

Expériences à partager