Ils sont à Maurice depuis un
peu plus d’un an et n’en peuvent déjà plus. Une centaine
d’ouvriers indiens de la filature Arvind Overseas Ltd de la
Tour-Koenig sont en grève depuis hier matin. Un des motifs
évoqués : leur faible salaire.
Les ouvriers réclament
des négociations avec la direction afin de trouver une
solution à leurs problèmes. Ils affirment que la nourriture
qui leur est servie laisse à désirer car il y a disparité dans
l’allocation des repas pour les diverses “catégories” de
travailleurs. Ils expliquent aussi qu’ils sont mal payés, si
l’on considère le salaire octroyé à d’autres employés d’usine.
Les conditions d’hébergement dans le dortoir de Beau-Bassin
sont également mises en cause. Divers manquements sont
mentionnés, notamment l’état lamentable des toilettes et le
fait qu’ils n’aient droit qu’à une couette et un drap pour
leur contrat de trois ans.
“Usine
cinq-étoiles”
Les ouvriers ont, en outre, expliqué
la nécessité d’avoir un médecin en permanence pour les soigner
en cas de blessures. Ils ont cité le cas de deux d’entre eux
qui ont été blessés au doigt depuis leur arrivée. Si d’ici
lundi, les négociations avec la direction n’ont pas commencé,
ils menacent de ne pas reprendre le travail. Ils devraient
entamer un deuxième jour de grève aujourd’hui.
Lors
d’un point de presse à Beau-Bassin hier, les ouvriers ont
expliqué, en présence des syndicalistes Reaz Chuttoo, Jane
Ragoo et Fayzal Ally Beegun, qu’ils ont refusé d’accéder à la
demande de la direction de faire des heures supplémentaires,
mercredi soir, estimant que leur salaire ne correspond pas à
leurs efforts. C’est de là qu’est venue l’idée de la grève.
Jane Ragoo a fait part de sa désapprobation, ajoutant
que la poussière émise dans l’usine, malgré le fait qu’elle
soit équipée d’extracteurs, incommode les ouvriers. Reaz
Chutoo a, lui, demandé au gouvernement d’amender la loi du
travail pour ne pas obliger les ouvriers étrangers à
contribuer au National Savings Fund. Pour Fayzal Ally Beegun,
ces doléances expliquent “pourquoi les Mauriciens ne veulent
pas travailler dans cette usine malgré le fait que le ministre
du Travail l’ait qualifiée d’usine cinq-étoiles lors de sa
récente visite”.
Interrogé hier, un haut cadre de
l’usine a réfuté les allégations des ouvriers indiens. “Les
négociations sont en cours avec les travailleurs au sujet du
niveau salarial. Ils ont signé un contrat pour un salaire de
base de Rs2300. D’autre part, ce sont eux qui décident ce
qu’ils doivent manger. Ils ont leur propre chef de fourneau.
Ils ont aussi droit à une couette par an. J’invite les
journalistes à venir effectuer une visite pour savoir si les
dortoirs sont réellement exigus.”
Une équipe du
ministère du Travail et des Relations industrielles est
descendue sur le terrain pour écouter les doléances des
ouvriers. Une réunion tripartite entre la direction, les
représentants syndicaux et le ministère du Travail et des
Relations industrielles est, en outre, prévue lundi.
Implantée dans la zone industrielle de la Tour-Koenig,
Arvind Overseas Ltd, du groupe indien Arvind, opère une unité
de fabrication de tissu jean. Elle vient d’ouvrir une unité
qui emploie 108 ouvriers indiens. Le groupe opère aux
Etats-Unis, au Royaume-Uni, à Maurice et au Bangladesh.
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