LA REVUE DE PRESSE DE ZOP HOPOP : LES QUOTIDIENS |
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Zop Hopop, çà remonte à quand ?
En fait, au départ, j'ai toujours été batteur. Comme à un certain moment, je n'arrivais plus à trouver la motivation que je cherchais, j'ai commencé à travailler de mon côté, tout en étant bassiste sur scène pour Dominique A.
Quel est votre mode de travail ?
Au départ, je m'occupe personnellement de la composition. Mais pour lier la sauce, chacun amènera ensuite ses inspirations les plus personnelles, qu'elles viennent du folk, du blues, ...
Donc, vous n'avez pas vraiment de style bien défini ?
Non, pas vraiment vu l'amalgame de toutes ces influences. Je serais peut-être tenté de dire qu'il s'agit plus de musique d'ambiance que de rock classique. Il y a aussi beaucoup de coupures dans nos morceaux, mais avec plein de passages plutôt folk. En réalité, c'est un peu issu de la culture musicale belge. Un peu le même surréalisme que des groupes comme TC Matic jadis.
Et au niveau des textes ?
Des histoires intérieures, parfois personnelles. Des histoires de relations humaines, de rêves, ... Le plus souvent positives.
On parle de plus en plus de Zop Hopop. Comment gérez vous celà ?
Je ne veux pas me laisser emporter par cette attention médiatique. Je préfère ne pas me montrer trop enthousiaste ; même si celà m'encourage à travailler encore plus. Je ne sais si c'est parce que mes idées sont peut-être plus concrètes aujourd'hui qu'elles sont mieux comprises. Mais, par contre, je sais que demain sera un autre jour. On ne parlera peut-être plus de moi, mais je continuerai à jouer.
On vous voit où cet été?
Nous serons au Verdur Rock, à Dour et à Nandrin. Nous figurerons aussi à l'affiche des Nuits du Botanique en septembre, époque à laquelle devrait sortir notre album. (produit par le label liégeois Soundstation et distribué par Bang!)
Touche-à-tout plutôt doué, Sacha Toorop sort son premier album, "Red Poppies" sous le nom de Zop Hopop. Un premier essai dont la première qualité, son incroyable diversité, est aussi la principale faiblesse : on peine parfois à s'attacher à un disque aux continuels changements d'atmosphère. Libre à chacun de "faire son marché" et de choisir, selon ses affinités, ce qu'il préfère.
Au départ, je jouais de la batterie. J'ai commencé quand j'avais 12-13 ans. Ce qui m'a donné un vrai sens du rythme. Mais je n'avais pas de formation classique. Je ne suis guidé que par ma soif de découverte de l'instrument. Si j'ai envie d'utiliser un trombone, je me lance. Je ne jouerai rien de très évolué mais ce n'est pas important, ma rigueur rythmique compensera.
J'ai accompagné quelques groupes, mais au bout d'un certain temps j'avais envie de m'investir davantage. Comme j'avais un magnétophone 4 pistes depuis longtemps, je me suis dit qu'il était temps de mettre à profit l'immense liberté qu'il m'offrait. Un jour, j'ai rencontré Fabrice Lamproye qui voulait créer son label, Soundstation et proposait de me produire. On avait chacun besoin de l'autre pour se donner une raison de se jeter à l'eau. On se servait mutuellement de prétexte.
Quand j'enregistrais toutes ces chansons sur mon 4 pistes, un ami m'avait conseillé de constituer une cassette, présentée comme s'il s'agissait d'un album. Cassette que Dominique A, qui habitait Bruxelles à cette époque, a eue entre les mains. Il cherchait justement pour la tournée de son troisième album, "La mémoire neuve", un musicien capable de changer d'instruments selon les morceaux. Il m'a appelé et , au fil des coups de téléphone et des rencontres, nous avons sympathisé, aussi bien humainement que musicalement. Là, je participerai à la tournée de Françoiz, qui passera par les Halles de Schaerbeek, le 19 octobre.
Archives du 08/11/97 - © Rossel & Cie SA - LE SOIR Bruxelles
Les premiers souvenirs musicaux de Sacha remontent à l'enfance. Normal quand on a un père musicien professionnel. Pour moi, c'était du rock'n'roll comme Chuck Berry mais avec l'esprit indonésien parce que mon père est indonésien. C'est quand je réécoute que je me rends compte du décalage, dit-il aujourd'hui. La maman travaille dans une maison de repos pour nourrir ses cinq garçons et son unique fille.
De l'école, Sacha ne collectionne pas les souvenirs mémorables. Difficile à s'adapter, il ne tarde pas à envoyer sa scolarité sur les roses et fonctionne au royaume de la débrouille en travaillant sur des chantiers ou en rendant de l'éclat à des jardins. Ce batteur d'origine qui aime tellement de choses différentes qui vont de TC Matic à Mötörhead, de Mozart à Elvis ou à Emmylou Harris vit ses premières expériences musicales avec Ted Milton de Blurt, rencontré à l'ASBL «Tous à Zanzibar» à Liège, qu'il accompagne à la guitare au sein d'une formation big band pendant une trentaine de dates en Europe.
Sacha parle comme il vit et vit probablement comme il parle, avec naturel. J'aime bien quand on s'accepte comme on est, ajoute-il modestement avant d'embrayer sur son projet Zop Hopop, collection éclatée de treize chansons qui n'appartiennent qu'à elles, tendues, troublantes et personnelles. Les sorciers indiens ont dit que lorsque l'on vit quelque chose de routinier, on prend trop de repères et on en arrive à perdre ses forces et ses pouvoirs. Dès lors, il suffit de changer ses habitudes pour revenir en état d'éveil. On est aussi agréablement surpris de découvrir un album aux instrumentations riches et soignées à travers une musique, nous l'écrivions lors du concert des Nuits Botanique, typiquement belge. Mais il y a toujours eu une musique typiquement belge, rétorque Sacha. TC Matic, par exemple, sonne typiquement belge. Nous avons été forcés par plaisir et par envie à être ouvert à plein de styles de musique parce que nous sommes un petit pays. C'est vrai qu'il y a un regain d'intérêt pour ce qui est belge. C'est comme à Liège, mais l'intérêt est plus prononcé qu'avant parce que, comme partout, il y a une envie des groupes liégeois de proposer leur musique.
Bientôt heureux papa, Sacha avoue avec autant d'indolence que de sincérité avoir réalisé ce disque parce qu'il faut bien faire quelque chose dans le monde dans lequel on vit alors autant enregistrer un disque. Ceci dit, j'aurais pu conduire les cars pour les gens qui partent en vacances en Espagne. Grâce à lui, plein de gens partent en vacances. J'aime bien le postier, pour ce que ça représente, comme transition entre les gens ou boulanger aussi. Ça doit être génial de faire du pain, dit-il les yeux émerveillés comme un enfant au pied du sapin, un 24 décembre...
Ph. Mn
Album Zop Hopop: «Red Poppies» (Soundstation; distr. Bang!). Zop Hopop sera en concert le 13 novembre à Ottignies (Le Centre Nerveux), le 14 novembre à Liège (Le Parc), le 15 novembre à Eghezée (Coach Musical Bar) et le 19 novembre à Bruxelles (au Botanique). Infos 04-232.13.21
Ce pseudo, Sacha l'a choisi alors qu'il ne s'était pas encore fixé le rock comme moyen d'expression. Au départ, j'ai tâté un peu de bédé et j'ai fait un personnage qui s'appelait Zop Hopop. Quand j'ai laissé tomber ce projet de bédé, j'ai conservé le nom sans trop réfléchir. C'est comme un nom de groupe, même si ce CD est un album solo.
Un album solo où Sacha s'occupe de presque tous les instruments. Multi-instrumentiste, il passe sans problème de la guitare à la batterie ou de l'harmonium à la basse. Mais j'ai quand même cherché des musiciens additionnels avec lesquels j'avais envie de jouer. Les cordes, par exemple, je n'en joue pas du tout.
Les compositions de ce disque, Sacha les a écrites, il y a une demi-douzaine d'années. C'est-à-dire bien avant sa collaboration avec Dominique A, le porte-parole de la vague des minimalistes qui a déferlé sur la chanson française ...En fait, Dominique cherchait un multi-instrumentiste pour l'accompagner après son album intitulé "la mémoire neuve". Un jour, il m'a longuement téléphoné, il connaissait la cassette démo que j'avais enregistrée. De fil en aiguille, on a trouvé une manière de travailler ensemble. On est donc parti en tournée, ensuite j'ai collaboré à l'album qu'il a enregistré avec sa copine Françoiz Breut (chanteuse, elle aussi), et là, on vient de terminer un album pour Ian Tersen, un français qui fait une musique presque exclusivement instrumentale.
Le style de Sacha sur son propre disque est beaucoup plus varié. Sans doute, parce que je me sens bien dans toutes les ambiances, que j'aime bien faire un peu de tout. Je crois que je n'arriverai jamais à cloisonner ce que je fais. Dans la vie, mes humeurs changent aussi.
Liégeois pur jus, Sacha est partagé quand on lui parle de sa ville : Il y a ici un effervescence spéciale et puis aussi une flamme et une chaleur entre les gens que je trouve uniques. Mais il y a des inconvénients : tout le monde se connaît et sait ce que l'autre fait. Ce n'est pas toujours l'idéal, créativement parlant.
Quant on lui dit que ses influences nous semblent très belges, quasi aux confins de Deus, de TC Matic et de Perry Rose, Sacha est tout prêt d'acquiescer. C'est logique. En nous, il y a une culture belge et nous sommes contemporains, alors forcément, il y a des liens.
Ce sont sans doute aussi ces liens qui ont amené Sacha à écrire "Ici l'exil" une chanson bilingue Français/néerlandais. Avant tout, c'était une chanson pour m'amuser ! Aujourd'hui, je suis conscient qu'elle prend une autre signification parce que je la propose au public. Au départ, il n'y avait pas de but, politique ou autre. C'était pou rigoler.
Sacha, lui-même, est aussi parfait bilingue que cette chanson. Ma mère est flamande, originaire de Tongres et mon père, qui est arrivé en Hollande à 20 ans, est d'origine indonésienne. Ce qui veut dire qu'à la maison, on parlait néerlandais, mais habitant à Liège et y allant à l'école, j'ai été immergé dans la culture francophone. (précisons cependant que l'album "Red Poppies" est essentiellement chanté en anglais).
Un peu dilettante, Sacha est un frêle garçon, sympa et bavard, parce qu'il aime parler avec les gens et que cela nourrit ses idées. Il aimerait pouvoir vivre de sa musique. Actuellement, en tournée avec Françoiz Breut, Sacha déborde de projets, mais pour l'instant, ceux-ci sont suspendus à l'arrivée de son premier enfant prévue en décembre prochain.
Sam CHRISTOPHE
Sacha Toorop a déposé ses caisses de batterie dans les groupes les plus improbables de la scène alternative. Son record : jouer dans neuf groupes simultanément. Entre deux 'répet', il trouvait encore le temps de gratter sa guitare dans son appartement. Et à force de gratter, de réelles chansons ont pris forme. A u point de séduire des radios, d'enflammer les festivals (Dour, Nandrin,...) et de se retrouver aujourd'hui sur un CD lumineux.
J'avais envie de tenter quelque chose, sans trop savoir quoi, confie Sacha Toorop. Il a bricolé sur son petit quatre pistes. Tantôt cela sonnait jazzy, tantôt cela tirait vers le blues, tantôt encore il plaçait des riffs carrément rock. J'aime toutes les musiques ou presque, alors fatalement, quand je me laisse aller, cela part dans toutes les directions, explique le musicien.
Cette diversité est heureusement liée par un esprit tranquille et une voix dorée. Je ne travaille absolument pas ma voix, je fonctionne uniquement au feeling, concède Sacha. Et même si je sens qu'effectivement ma voix se met de mieux en mieux en place, je ne suis vraiment bon qu'à la batterie. Des propos sincères et qui, visiblement, ne masquent pas une fausse modestie. D'ailleurs, au moment où nous l'avons interrogé, le batteur Sacha Toorop s'apprêtait à partir en tournée avec Dominique A...
Le côté touche-à-tout de Zop Hopop, un projet et non un groupe précise l'homme à tout faire, rejoint régulièrement, quoique dans un registre plus acoustique, les sentiers novateurs tracés par dEUS, Mad dog loose ou Zita Swoon. Y aurait-il donc un rock belge ?
La Belgique est un carrefour où des cultures se croisent et se métissent. Il en ressort un esprit, une culture et donc une musique sans doute propre à notre pays, répond Sacha Toorop. Vous savez, je ne cherche pas à être différent des autres. Mes chansons coulent ainsi parce que je vis ici et maintenant. Et il est logique qu'elles aient des similitudes avec celles d'autres artistes vivant à la même époque et dans le même pays.
On parlera d'autant plus volontiers de rock belge que Zop Hopop a écrit une superbe chanson ("Ici l'exil") mêlant le français et le néerlandais. La Belgique est un tellement petit pays que le métissage de ses trois langues devait être tout a fait naturel. Mais n'y voyez pas un message : j'avais juste envie de faire un clin d'oeil. Il faut savoir que le père de Sacha est un indonésien naturalisé hollandais et que la langue de Vondel ne lui est vraiment pas étrangère.
Ce clin d'oeil excepté, Zop Hopop reste cependant cantonné à la langue anglaise. J'aimerais vraiment écrire en français et j'y viendrai peut-être un jour mais cela me semble dur de trouver les mots justes et de les faire chanter, confie le chanteur liégeois. Mes textes sont une succession de flashes, d'images et , jusqu'à présent, l'anglais me semble mieux convenir à cet esprit.
L'album de Zop Hopop, tout comme le maxi "Welcome" (beaucoup passé en radio), présente une jolie pochette fleurie, réalisée avec soin par Françoise Grisay. Les fleurs, surtout les coquelicots sur l'album, c'est éphémère. Et quelque part, le disque est aussi éphémère. On en parle quelque mois puis il disparaît.
Il ne disparaîtra en tout cas pas de sitôt des abords immédiats de notre lecteur-CD. Et on espère que cet artiste original nous offrira un petit concert dans la région, lors de la tournée prévue au printemps prochain.
Christophe DE CAEVEL
A la suite d'un EP (mini-album) introductif intitulé "Welcome" (épuisé) et d'une tournée (épuisante) un peu partout en Belgique (Verdur rock, à dour et Nandrin, mais aussi en france), Sacha Toorop s'est enfermé dans le studio de la soundstation, avec son producteur et son "ingénieux du son", pour y enregistrer 13 chansons qui sommeillent en lui depuis de nombreuses années.
De ces trois mois de travail est né Red Poppies, album qui présente les multiples facettes d'un véritable song-writer, faiseur d'images musicales. Nous avons rencontré Sacha juste avant qu'il brûle les planches en ouvrant les Nuits du Botanique.
Il y a 5 ans, un CD a été produit à Liège avec une ribanbelle de groupes locaux. Zop Hopop en faisait partie, je crois ...
Oui, en fait, 1000 albums seulement avaient été produits. C'était une belle initiative. Liège a en effet un grand potentiel de groupes qui en veulent. Un ami, l'initiateur du projet, avait décidé de réunir quelques groupes qui n'allaient nulle part mais qui avaient des tripes. Neuf groupes se sont réunis, et comme il y a 76 minutes sur un CD, chacun a eu droit à 8 minutes. On a divisé le coût par neuf. Tout me monde a pris goût au jeu. On s'est chaun débrouillé à gauche et à droite pour enregistrer nos morceaux. Et ça a donné quelque chose qui n'avait pas encore été fait à Liège. On est toujours plus fort à plusieurs, et c'est souvent grâce à ce genre de projets qu'un courant prend forme, où que l'on arrive à attirer une attention plus large.
Red Poppies aurait-il pu être écrit plus tôt ?
Avant, je n'avais pas encore les idées assez claires pour être comprises comme j'espère elles le seront maintenant. La plupart des chansons qui sont sur cet album datent de plus ou moins sept ans.
Il y a 10 ans, j'ai commencé à jouer de la batterie dans différents groupes. Passer d'un groupe à l'autre m'a permis de rencontrer des gens complètement différents, des gens qui m'ont permis d'avancer dans mon propre travail.
Quant à Zop Hopop, il existe depuis quelques années déjà. J'ai depuis lors fait pas mal de petits concerts en Belgique dans des lieux comme l'Escalier ou le Cirque Divers à Liège et d'autres en France. L'on peut effectivement dire que Zop Hopop me résume, mais l'on pourrait aussi dire qu'il y a déjà eu pas mal de formules et que les morceaux ont souvent pris des tournures assez différentes.
Pour l'instant, je joue avec cinq musiciens, et cette formule existe depuis sept mois.
Tu chantes en anglais, en Français, et en Néerlandais. D'où te viens cette maîtrise multilingue ?
Ma mère est flamande, mon père est indonésien, je suis issu d'une sorte de métissage culturel improvisé. Quand j'étais petit, à la maison, on parlait néerlandais. Mon père, via les colonies néerlandaises, est arrivé en indonésie quand il avait plus ou moins 20 ans. Puis finalement, il a atterri à Liège. Ma mère, elle, vient de Tongres. Malgré le fait que l'on parlait néerlandais à la maison, je suis allé dans une école francophone. Et puis, je n'ai pratiquement plus parlé néerlandais, et j'en ai malheureusement perdu l'usage.
Et est-ce qu'il y a des mots que tu ne te vois pas utiliser ?
Ah oui, il y en a pas mal. Ou plutôt, il y a des mots que j'utilise parce que j'aime bien le mot, parce que j'aime bien ce qu'il représente, mais ce n'est pas toujours que par rapport à mes données. Chacun l'interprète comme il veut. J'essaye toujours d'écrire un texte qui parle de moi, de mes états d'âmes ... ma vie intérieure.
Comment définis-tu le côté authenthique, intègre ?
J'essaye de trouver un certain équilibre. De ne pas en faire trop ou trop peu. Il n'y a pas vraiment de notions de vérité, c'est plus l'émotion qui mène mon travail. En général, je parle beaucoup, j'ai des fois l'impression de ne pas être compris. J'aime aller jusqu'au bout de mes pensées pour trouver le mot le plus adéquat possible.
Existe-t-il une unité en ce qui concerne le rock belge ?
Je pense qu'il y a toujours eu une sorte d'intérêt mystérieux de la part des gens qui font de la musique en Belgique et un intérêt mystérieux de la part du public extérieur à la Belgique.
Je n'essaye pas vraiment de faire de la "musique belge". Je superpose des trucs, et puis c'est au final que je me rends compte de ce que cela donne. Je peux éventuellement modifier certaines choses, mais je ne peux pas prévoir de ce que le public va en retirer. J'ai l'impression qu'il y a vraiment une culture belge, qui est en fait un métissage de toutes ces nationalités différentes qui forment le peuple belge. C'est ce mélange-là qui fait que la musique a une couleur particulière. Je pense entre autres à TC Matic que j'aime vraiment beaucoup.
As-tu des contacts avec d'autres groupes?
Nous avons joué cinq concerts avec dEUS - sans avoir beaucoup de contacts avec eux. J'adore ce qu'ils font. Mais je me suis rendu compte qu'ils vivaient un truc différent, ils sont emportés par un courant plus violent que le mien.
Comment s'est passé la rencontre avec Dominique A ?
A l'époque, je bidouillait sur mon 4 pistes, chez moi à Liège. Je me sentais un peu perdu, j'ai investi et perdu pas mal d'énergie dans des groupes qui ne duraient que six ou dix mois au plus. Garder une flamme au sein d'un groupe est très difficile. Un jour, je suis allé acheter un 4 pistes, et j'ai commencé à enregistrer tout seul mes morceaux. J'avais un ami qui suivait ce que je faisais et qui m'a proposé de revendre les cassettes enregistrées à des prix raisonnables. Un beau jour, donc une des cassettes est tombée dans les mains de Dominique par l'intermédiaire d'un copain à Bruxelles. Lui venait de terminer son 3eme album et cherchait des musiciens pour l'accompagner dans sa tournée - entre autres un multi-instrumentiste. Nous nous sommes trouvés, beaucoup apporté, et c'est maintenant quelqu'un de proche. On a fait une tournée d'un an et demi, cent trente dates.
Utilises-tu d'autres médias pour t'exprimer?
Oui, j'adore la photographie. Mais je ne fais pas d'expo, je fais ca plutôt chez moi. Je passe mon temps à photographier les gens que j'aime autour de moi ou d'autres que je ne connais pas, et que j'apprends à aimer. Et puis la peinture aussi...ou plus précisément le dessin. J'ai par exemple réalisé la pochette du single. J'aime les couleurs. Le dessin me donne une certaine confiance en moi. J'ai aussi une conception assez visuelle de mon travail.
Liège a produit un nombre considérable de groupe ces derniers temps. Soundstation, le nouveau label-studio, pourra-t-il canaliser toutes ces énergies ?
Cette formule de label associé à un studio n'existait pas avant à Liège. Il y a pour le moment trois groupes poussés par ce jeune label. On est tous novices, on est par la même occasion très proche, on se parle souvent, on avance ensemble. C'est une excellente intiative qui vise à donner enfin aux groupes basés ici à Liège leur chance de pouvoir un jour (peut-être) enregistrer. Fabrice Lamproye, créateur du lieu, est aussi notre producteur. Il vient d'un tout autre milieu. Il a d'abord fait le droit, qu'il a laissé tomber. Ensuite, il a ouvert l'Escalier qui acceuille à présent des concerts toutes les semaines. Il m'a donné tous les moyens pour que je puisse réaliser cet album. Il n'a vraiment reculé devant rien. Je suis resté 3 mois en studio, à ses frais. Il m'a fait entièrement confiance, il a pris soin de moi pour que je puisse travailler
Quel est le dernier album que tu as acheté?
Olive. Je suis ouvert à toutes sortes de courants musicaux actuels. Notamment la techno, la musique électronique, le Drum'n Bass, des gens comme DJ Shadow et tous ses nouveaux sons. Mais je ne m'y connais pas bien. A vrai dire, je n'ai pas encore rencontré quelqu'un pour m'initier. Je suis aussi un grand fan d'Elvis. Dernièrement, j'ai réécouté la version de "Love Me tender", chantée lors de son dernier concert à Las Végas, qu'il arrive à peine à terminer parce que pris d'un fou rire. C'est d'une telle spontanéité que je pourrais la réécouter cent fois.
Zop Hopop est-il prêt à partir à la conquête du monde ?
Ca, je n'en sais rien.... on verra. Peut-être est-il mieux de ne pas aller trop vite. Déjà maintenant, ce que je viens de faire cet après-midi au magasin (présentation de 4 morceaux en acoustique au magasin de disque Virgin..) en réalité ne m'a pas beaucoup plu. Cà avait un aspect trop commercial... Ce genre de spectacle ne se prête qu'au milieu du rock actuel. Je trouve que la façon que l'on a de faire de la musique est assez déformée par rapport à ce que la musique est en réalité. Je prends quand même du plaisir à le faire, je ne vais pas faire le blasé. Mais je me dis que la musique, ce n'est pas se faire placer sur un piedestale par le public, se mettre plus haut que tout le monde.
Pour changer quelque chose, je ne pense pas que ce soit de l'extérieur qu'on puisse le faire, mais de l'intérieur.... C'est seulement de l'intérieur que l'on peut activer le feu. La musique pour moi est un prétexte à la danse, au chant, à bien manger, à faire la fête. La musique est une fête.
Né à Liège voici vingt-sept ans, Sacha Toorop, alias Zop Hopop, a été frappé par le virus de la musique dès l'adolescence.
"J'ai commencé à jouer de la batterie à l'âge de 15 ans. Je mettais un casque et je tapais comme un malade sur mes fûts. A l'époque, j'étais fans de Michael Jackson. Je suis passé ensuite à des choses plus extrêmes comme Virgin Prunes ou TC Matic. J'ai aussi été batteur dans divers groupes liégeois. C'est au début des années 90 que j'ai commencé à écrire mes premiers textes sur un enregistreur 4 pistes dont je ne me sépare plus jamais. Je ressentais sans doute une frustation de n'être que le batteur d'un groupe. Cette idée de jouer avec des gens qui n'étaient peut-être pas aussi motivés que moi. Déjà à cette époque, je ne vivais que pour la musique. Après la batterie, j'ai appris à jouer de la guitare et de la basse."
Accompagnateur de luxe pour le français Dominique A et, plus récemment, pour Françoiz Breut avec qui il va partir en tournée durant ce mois de septembre, Sacha a publié cet été un maxi 4 titres (Welcome) en guise d'introduction à son univers sentimentalement très coloré. Son album, Red Poppies, sortira, quant à lui, le 25 septembre.
"J'ai baptisé ce projet solo Zop Hopop, ce qui ne veut rien dire. C'est un nom imaginaire qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Je ne voulais pas jouer sous mon vrai nom. Cela fait trop prétentieux et, d'autre part, pour cette tournée, je suis entouré d'un groupe. Certains morceux qui figurent sur Red Poppies datent du début des années 90. Ce disque, comme le premier essai discographique pour nimporte quel artiste, est le témoignage de toutes les expériences accumulées depuis mon enfance. Je revendique cette étiquette de chanteur mélancolique et hypersensible. Je dois tenir cela dema mère."
Après les festivals d'été et son maxi, Zop Hopop a récolté les premiers louanges. Les premières comparaisons aussi ... "Quant on me dit que mon univers musical se rapproche de celui de dEUS ou de Moondog Jr, je trouve cela très motivant car il s'agit d'artistes qui sortent des normes et que j'ai toujours admirés, sans pour autant les connaître personnellement. Ce disque, je ne le vois pas comme un aboutissement. Ce n'est que le début d'une longue aventure, du moins je l'espère ..."
Luc Lorfèvre