Francis Dannemark

Extraits de Les agrandissements du ciel en bleu :

"Le bonheur, c'est une bonne santé et une mauvaise mémoire"

" (...) En attendant, publier de poèmes, si inutile que ça puisse être, c'est tout de même une manière de dire: moi, je n'en veux pas de ce monde-là, je ne veux pas en faire partie sans réserves."

"Le temps est un cerf volant qui bouge au bout d'un fil sans fin"

"Rien du passé n'est plus intéressant que demain - même si certains soirs, demain est un jour lointain. Et hier, et les années passées? Lointaines, elles aussi, mauvaise mémoire, mauvaise mémoire..."

"Quelle tristesse quand même que de finir sa vie dans un hôme pour vieillards. Nelly est si jeune, c'est complètement injuste. Est-ce que les gens de notre âge ne réalisent pas qu'ils seront vieux un jour? Peut-être pas, après tout. On est tous comme ça, en train de s'agiter pour ne pas devoir se poser certaines questions."

"Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans la vie, à part les passions?"

"C'est paradoxal, comme tout ce qui a trait aux humains finalement : les gens rejettent ce qui est différent mais, par contre, ils ont périodiquement besoin de quelque chose de nouveau, or ce qui est nouveau est différent"

"Et qu'est ce que ça peut faire si l'amour est aveugle, la passion du moins, après tout, c'est rassurant, à une époque où on passe tout au microscope et où le moindre événement s'étale sur les écrans."

"Comme le dit mon père, quand on n'a plus de désirs, c'est qu'on est mort, ou en train de mourir."

"L'amitié gagne du terrain"dit-il."C'est-à-dire?" Théo se frotte le nez, geste familier." c'est une question d'évolution, dit-il, j'ai l'impression que les relations sexulles perdent de leur importance et que les relations d'amitié en gagnent. Mais ce n'est peut-être qu'une impression. N'empêche, pour beaucoup de gens que j'ai rencontrés, le meilleur de le vie, ce n'est pas ce qu'ils vivent avec leur conjoint-compagnon-copain de plumard, c'est plutôt ce que leur apporte la complicité d'une amitié avec quelqu'un de l'autre sexe."

(sur un T-shirt)"Ne me suivez pas, moi aussi je suis perdu."

"Il y a des jours clairs comme des nuits"

"On ne vit qu'un jour à la fois. Je ne sais pas grand chose, mais j'ai appris que chaque jour est un monde entier. Pour le reste, je te souhaite le meilleur. Moi aussi, autrefois, j'ai cru comme tout le monde que choisir le moindre mal était une preuve de sagesse, mais ce n'est vrai que pour quelques détails pratiques de la vie, et à part ça, c'est l'attitude la moins vivante qu'on puisse imaginer"

"La vie, dit-il après un moment, est un costume livré avec les poches encore cousues - et ce n'est pas toujours facile de les découdre."

"Il vaut mieux ne pas s'embarquer dans une vie qui n'est pas la sienne, dit Théo. On y perd la seule chose qui ne se remplace pas: le temps."

"On vit dans une société qui a inventé l'attention aux autres, ce qui est tout de même fabuleux, et on est là, à voir sur le petit écran des gosses aux yeux crevés, des millions d'affamés - et tous nos scandaleux gaspillages la seconde d'après. Quand j'étais gosse, ma grand-mère me cachait les yeux quand il y avait des images affreuses à voir et je pense qu'elle avait raison, on ne regarde pas impunément les horreurs du monde; on les intègre, on les banalise puis on devient indifférent et sans espoir."

"Pour en finir avec le sujet, poursuit Théo, je me suis rendu compte que le pire, c'était l'autre face des choses : les jolies images des publicités et des feuilletons. C'est là que les gens trouvent leurs modèles, c'est avec ça qu'ils fabriquent leurs rêves et leurs désirs. Mais ce sont des trucs qu'ils n'auront jamais, et ils se condamnent à être tristes parce que le monde est moche, et plus tristes encore, parce qu'ils ne sont pas beaux comme à la télé, parce qu'ils ne sont pas assez riches pour acheter les merveilles qu'ils ont sous les yeux." " Mais on n'est pas obligé de jouer avec, dit Muriel, on peut vivre autrement, non?"

"Louis Scutenaire, a écrit que le raisonnement, c'est la petite monnaie de l'intelligence."

"Quand on est seul, on est libre, mais on est seul!"

"Quand j'avais 23 ans, dit Théo, je n'osais pas dire à moi-même ce que je voulais, j'adoptais les désirs des autres comme des enfants perdus, puis je me suis perdu moi-même et je n'ai plus rien désiré du tout. Ca s'appelle mourir." "Pourquoi me dis-tu cela?" demande doucement Muriel. "Pour que ça ne t'arrive pas."

"L'imagination, c'est dans la vie qu'il faut la mettre et, après, on peut mettre un peu de la vie dans les livres."

"Ce qui ne laisse rien à désirer touche à la perfection, laquelle se définit ainsi par son plus remarquable inconvénient."

"Temps qui passe et temps qu'il fait, temps qui revient, avec la mémoire qui oublie, et l'oubli qui n'oublie rien..."

"Quand la vie est moche, c'est désespoir et compagnie (...), et quand la vie est belle, c'est désespérant de penser que ça va s'arrêter un jour."

"Je pense qu'à moins d'être idiot, de ne jamais penser à rien, il n'y a pas moyen d'être autre chose qu'un peu désespéré, dit Théo, et je le suis parfois plus qu'un peu. Je n'ai rien trouvé de définitivement efficace contre ça, et je me dis maintenant qu'il n'y a rien d'autre à faire que de vivre chaque jour comme un monde entier. Et aimer quelqu'un, bien sûr."

"Parce que le va-et-vient de la vie, c'est comme la mer. Il faut monter avec la marée qui vient, pas avec celle qui descend; il faut attendre."