Autant que je sache Le prélude au piano, tout en douceur et délicatesse, sur fond de chants d'oiseaux et d'orage, pourrait s'écouter en boucle, apaisant. Il nous introduit dans l'univers de SebmacGallay : un univers romantique et sombre. Les sentiments, les expériences y sont forts, douloureux, parfois sinistres mais on refuse de se laisser accabler, on cherche à comprendre, à trouver du sens et du beau, même dans les ciels lugubres. Tout comme à la visite du site web, le mot "gothique" peut carrément venir à l'esprit mais pas gothique dans le sens effrayant et bruyant du terme. Comme avec ce prélude, ou encore sur le site web, avec les photos des musiciens photographiés les pieds dans la neige : dans cet univers, on garde le contact avec la terre qui, quelque soit le désordre qui sévit dans nos esprit et les tourments dans lesquels sont pris nos cœurs, nous offre une image éternellement réconfortante de ce que la nature peut offrir d'harmonie, pour peu qu'on la laisse faire. Cet univers s'annonce, se dessine joliment, se laisse deviner, comme un objectif visé, un objectif ambitieux… Forcément difficile à atteindre. Pour ce qui est du style, SebmacGallay et son équipe se cherchent un chemin entre chanson hors du temps et rock mélodique très actuel… Cherchent, souvent trouvent (Un silence de trop, Troisième étage) mais parfois s'égarent du côté de ce qu'on pourrait appeler pop rock-variétoche (lointaines réminiscences des grands jours de Rock Voisine) ce qui donne quelques guitares un peu trop façon années 80/90 (Une rose pour rien, Elle voit) et quelques ambiances un peu brouillées, qui perdent pieds trop loin du thème majeur (refrain de La mention inutile, Tu dis toujours). La plume est jolie, fine et bien aiguisée mais tenue par une main encore un peu trop soucieuse de bien faire, une main qui, tel un cavalier un peu trop tendu, ferait faire des écarts à sa monture en la tenant inutilement trop serrée. Cette plume, en plus d'une bonne justesse de regard et d'une solide dose d'honnêteté, sait faire preuve d'autodérision et même d'humour : tendance à développer ! La voix est de celles qu'on remarque quoi qu'elle fasse : elle révèle une présence, une personnalité… Il reste à ne pas la laisser aller s'égarer dans le registre "grande gueule", à ne pas trop la pousser en avant puisque même mise en sourdine, pas moyen de la perdre de vue. Enfin, mention spéciale pour le piano, très présent, tout simplement abouti, sûrement l'instrument qui confère le plus sa personnalité à cet album : il fonctionne aussi bien tout seul qu'en duo avec une guitare ou que sur un vrai morceau rock (Troisième étage). Bref, pas facile de réussir l'alliance entre soif d'harmonie et rudesse de la franchise… Un bon bout de chemin a déjà été fait, il n'y a plus qu'à continuer comme ça ! Pour se faire une idée du meilleur, télécharger Prélude, le duo Un silence de trop qui révèle une autre voix, celle d'Anne Jayet et on l'aura compris surtout Troisième étage (enfin, si ça bug plus). |