Limited Express - Unlogistic
Stanley Kubi - Human Side


Lundi 28 novembre 2005, minuit :

Tout juste rentrée du concert Human Side - Stanley Kubi - Unlogistic - Limited Express qui se donnait au Matin Bleu, l'auteur a mangé un petit bout de Bleu de Gex et bu une tasse d'ovomaltine, à l'eau bien chaude l'ovomaltine.
Dehors, il tombe de la neige fondue et il fait froid. Il fait nuit aussi, bien sûr.
Les japonais de Limited Express sont sûrment en train de finir leur set, si ce n'est pas déjà fait.
Le Bleu de Gex est un fromage typique du Jura. Le grand père maternel de l'auteur était originaire de cette belle région de forêts et de crêts.
Il arriva à l'une des grands-mères de ce grand-père, en plein hiver, lorsqu'elle était enfant, de se faire pipi sur les pieds pour les réchauffer. Son propre père était un grand type barraqué capable de porter d'énormes sacs de grains sur son dos, de sa ferme jusqu'au moulin.
Pour l'auteur, le bleu de gex évoque toutes ces vieilles histoires de famille, ses racines.
L'auteur, quand elle n'en raconte pas sur le net, par écrit, parce qu'elle en raconte rarement autrement (quand on la salue d'un très banal "Alors, qu'est-ce tu racontes?", du tac au tac, elle trouve rarement à rétorquer quoi que ce soit de pertinant et elle s'en morfond), l'auteur, donc, aime bien qu'on lui en raconte des histoires comme ça : des histoires porteuses de mémoires, d'enseignements, d'idées.
L'auteur aime communiquer. C'est une activité qui devient très pénible et fatiguante quand la sono de la salle de concert diffuse un volume énorme de quelque chose appelé musique et qu'il s'agit alors de crier dans l'oreille de son interlocuteur pour avoir une chance de se faire comprendre. Il arrive d'aileurs que l'interlocuteur soit équipé de protections auditives et alors là...
L'auteur n'a pas l'entraînenement des crieurs de ce soir pour ce qui est de la pratique du cri.
Oui, ce soir, au Matin Bleu, il y avait des crieurs. Des gens qui crient très forts dans des micros. On ne sait pas ce qu'ils crient. Peut-être rien de particulier. Peut-être crient-ils et c'est tout.
On ne sait pas. S'ils crient des mots, c'est à dire des choses sensées signifier quelque chose, personne ne le saura jamais. Ils braillent sans rien articuler. S'ils braillent des textes, autant qu'ils arrêtent tout de suite puisque ça ne sert à rien : ça leur évitera de se fatiguer à les écrire et à les mémoriser.
A présent, cette particularité de cette soirée mise en mots, exprimée, communiquée, il faut être juste, c'est à dire plus précis : il n'y avait pas que des crieurs ce soir au Matin bleu, il y avait aussi des musiciens qui faisaient de la musique avec des instruments. Certains étaient venus là juste pour écouter, d'autres jouaient sur scène.
Ce sont des gens qui font vraiment de la musique : ils ne se contentent pas de taper sur des objets inertes pour en extraire un chaos de sons. Non, ils font de la musique. Ils se servent de leurs instruments pour en extraire des suites de notes élaborées, ils sont tous synchros, ils savent se servir d'instruments communs ou cocasses, comme les Stanley Kubi ce soir avec leur banjo (c'était bien un banjo?) et leur trombone.
S'ils ont des "petites amies", ils sont fin prêts pour aller leur jouer de vraies sérénades. Il leur faudra juste trouver un chanteur et écrire de jolis textes qui plaisent aux filles, c'est à dire des textes qui veulent dire quelque chose, qui expriment des idées, des sentiments, des émotions, qui transmettent des informations, des idées, des opinions, qui sont le reflet d'une réflexion, qui racontent des choses, que ce soit l'histoire de leur grand-mère ou le rêve qu'ils ont fait la veille.
Parce que pour se faire entendre, rien ne sert de crier, il suffit de mettre en mot ce qu'on veut dire et ensuite d'articuler ou d'écrire tout sur un ordinateur pour le mettre ensuite sur le net.

Parce que si on fait autant de bruit, c'est bien qu'on estime avoir des choses de la plus haute importance à faire entendre, non ?
Si on a juste envie de crier, on crie, on ne se fatigue pas à monter un groupe, à répéter pendent des heures, à se prendre la tête avec les autres membres du groupes, à trouver des dates de concerts à pétaouchnoque, à trimer pour des jobs à la con autant pour se donner la gnaque que pour s'acheter son équipement et l'essence pour la tournée, etc...
Si on veut juste faire du bruit, on achète un scooter, on traffic le pot d'échappement, et voilà, le tour est joué.

Et maintenant, il est 1h du matin et l'auteur va aller faire dodo.


ps, quelques jours plus tard : l'auteur n'a rien contre les crieurs en particulier. Elle a même beaucoup aimé Binaire, passés aux Bistro des Tilleuls ce mois-ci, duo punk évolutif ou électro-punk qui crient aussi beaucoup sans articuler mais eux, au moins, à distance raisonable de leur micros.
L'auteur, après le set d'Human Side, trouvait même que la soirée s'annonçait vraiment chouette. Stanley Kubi a commencer à jouer et là, elle s'est dit qu'elle avait vraiment bien fait de venir parce que ce qu'ils faisaient étaient vraiment très chouette aussi. Ensuite, leur brailleur a débarqué et là, elle a commencé à perdre le fil. Le dit brailleur a demander à plusieur reprises s'il n'y avait pas un effet pourri sur sa voix ou si cétait sa voix qui était pourrie comme ça... Bah, oui, c'est sa voix.
C'est une bonne chose qu'il commence à en prendre conscience. L'étape suivante pourrait être une remise en question totale de son style, des cours de chant et pour finir, s'il pouvait se calmer encore un peu et arrêter de brutaliser le public pendant son numéro, ne serait-ce que les membres féminins du public, ça serait carrément un progrès formidable.
Sans cet énergumène, qui braille aussi pour Unlogistic, l'auteur aurait sans doute assez bien accroché aux dit Unlogistic qui lui rappèlent un peu Binaire, disons en un peu plus speed. Sans énergumène pour lui taper sur le système pendant plus d'une heure, l'auteur serait restée même plutôt zen jusqu'au set de Limited Express et n'aurait eu aucun mal à supporter une dose supplémentaire de cris, surtout que ces cris là étaient en japonais, quelque chose de particulièrement cocasse, et qu'une moitié des cris étaient produits par une bassiste aux allures d'héroïne de manga en petite robe d'été.
Mais elle était vraiment trop remonté alors elle est partie, sous la pluie, et s'est vangée en allant taper furieusement sur un ordinateur.


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