Les quatre nobles vérités

Catta Ariyasaccani




Ce texte contient la totalité de la doctrine bouddhique synthétisée en quatre principes fondamentaux. Il fut présenté par le bouddha lors de son tout premier sermon. Il sera présenté ultérieurement sous diverses formes, ainsi qu'abondamment développé et commenté dans les différentes sections des textes canoniques.



1 - Dukkha ~ dukkha ariya sacca ~


Cette première vérité repose sur une simple constatation froide et implacable : le monde est souffrance* (dukkha). Cette souffrance ressentie par le sujet est la conséquence nécessaire de l'existence individuelle. Dukkha, qui sera utilisé tout au long de ces pages, est bien entendu beaucoup plus qu'une simple souffrance physique ou morale. Dukkha signifie aussi inachevé, imparfait, interrompu, impermanent. Sous cet aspect d'impermanence, dukkha s'applique à toutes les manifestations du monde physique, psychologique et mental. L'impermanence c'est le caractère transitoire de toute chose : une idée advient puis conduit à une autre ou disparaît, un sentiment désagréable fait place à un sentiment agréable et réciproquement, un être naît, grandit, vieillit et meurt, la matière au contact d'autres éléments se combine sous d'autres formes d'organisation dans un vaste processus de transformation, ...

Ce ne sont pas seulement les choses négatives qui sont dukkha, mais tout ce qui est impermanent, plaisir et déplaisir sont dukkha, jouissance et restriction sont dukkha, appropriation ou renoncement sont dukkha.

Dukkha a donc trois acceptations : la première est la souffrance en tant que telle, la seconde est l'interruption de conditions ou d'états heureux, la troisième est le conditionnement d'une chose par une autre (conception développée dans la théorie des cinq agrégats). En effet, si la vision des événements au travers de l'analyse suivant les cinq agrégats permet déjà une meilleure compréhension de leur prégnance et des mécanismes à l'oeuvre sur le sujet, c'est parce qu'ils sont des agrégats d'attachement.



2 - La cause de dukkha est l'attachement ~ dukkha samudaya ariya sacca ~


Le moteur principal de dukkha c'est la soif de l'existence.
Le bouddhisme insiste bien sur le fait que la souffrance n'est pas le fruit d'une quelconque fatalité, ni l'expression d'une volonté divine aveugle ou punitive. Il y a dukkha quant il y a manque, quand il y a volonté d'obtenir, quand il y a perte ou interruption de jouissance, quand il y a inobtention de ce qui est voulu.
La notion d'attachement est importante, car elle montre bien le lien et la dépendance d'une chose sur une autre. Il suffit, pour une raison ou pour une autre, que ce lien ne s'établisse pas, ou qu'il s'interrompe ou que l'une ou l'autre des choses liées disparaisse, pour qu'il y ait dukkha.


Cet attachement concerne aussi bien le désir des sens, les éléments matériels que les idées, les idéaux, les pensées, les théories ou les croyances.



3 - Dukkha cesse quand l'attachement cesse ~ dukkha nirodha ariya sacca ~


Il ne s'agit pas de rompre ou de briser brutalement l'attachement aux choses, il ne s'agit pas non plus de le nier ou de le rejeter, il ne s'agit pas de renoncer ou d'abandonner le monde pour s'enfermer dans une vie pure, mais abstraite. Il s'agit de se mettre à l'abri de la souffrance en identifiant les processus de causalité à l'oeuvre dans toutes nos actions et en particulier ceux qui conduisent à dukkha. La cessation de dukkha ne peut être durablement obtenue que par l'identification et la compréhension rigoureuse des processus de causalité.
Il s'agit d'un travail de connaissance du monde, mais surtout de connaissance de soi.
Il ne s'agit pas d'être coupé du monde, mais au contraire de dévoiler le mécanisme de causalité qui fait le monde.



4 - Il existe une méthode pour la cessation de dukkha ~ dukkha nirodha gâmini patipadâ ariya sacca ~


La voie du bouddhisme prône la connaissance. Si elle est appelée troisième voie, c'est parce qu'elle se situe entre-deux extrêmes, constitués d'un côté par l'unique jouissance des sens physiques et de l'autre côté par l'auto éradication de toute forme de sensualité par l'observation de pratiques ascétiques et de nombreux interdits.

La visée du bouddhisme est plus haute que la simple cessation de dukkha, et entend arriver à une libération complète de la souffrance.

Cette réalisation consiste à ne pas se placer dans une causalité subie. Ayant identifiée la provenance et le but de nos sentiments, actes ou attirances, le sujet agit de manière à contrôler, orienter les effets de son action et de ce fait parvient à éviter la souffrance.

Cette voie est appelée
l'octuple noble sentier.




Note 1 : Nous traduisons ici dukkha par souffrance, de même qu'à chaque fois que l'objet de l'exposé n'est pas de développer dukkha, mais d'en donner une idée d'un simple mot. L'article sur dukkha montre que "souffrance" n'est pas une traduction complètement satisfaisante pour dukkha.


La traduction en français du Dhamma Cakkappavattana Sutta est présentée sur ce site.



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