L'abandon des sens constitue-t-il une source de plaisir ?
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Réponse :Pourquoi le bouddhisme n'a-t-il pas trouvé de désavantages à l'évasion des sensations, de l'ego, ..., s'il en a fait un avantage, un plaisir et une libération ? Si son but est la connaissance par la voie du milieu, pourquoi y en a-t-il pas dans l'évasion?Texte complet de la questionJe ne comprends pas bien le sens de votre question.
Tout d'abord, je ne vois pas où vous avez vu que la position du bouddhisme vis-à-vis des sensations et en particulier de l'ego s'apparentait à une évasion. Si le bouddhisme met les sens en question, c'est pour le caractère illusoire de la réalité qu'ils nous reflètent, c'est pour leur caractère éphémère, transitoire, fragile, impermanent du monde qu'ils nous renvoient. Et par conséquent, c'est parce que rien n'est permanent que l'attachement aux sens est en lui-même une démarche erronée reposant sur des mécanismes trompeurs. De même, il n'y a pas d'évasion de l'ego dans le bouddhisme. Vis-à-vis de l'ego, le bouddhisme démontre que la croyance en un ego tout puissant, en un ego permanent et durable, est injustifiée, non fondée et fausse.
Ensuite, je voudrai reprendre votre terminologie. L'attitude du bouddhisme ne consiste pas en une attitude d'évasion. Il s'agit tout d'abord d'une identification. Qu'est-ce qui engendre l'insatisfaction chronique, le mécontentement, la contrariété, les mouvements d'humeur, le mal être, la souffrance … ? C'est l'attachement au plaisir des sens, c'est l'affirmation péremptoire de soi sur le monde, sur les autres … C'est l'identification que ce sont tous les états conditionnés (on est bien au-delà du simple plaisir des sens ) qui, en tant que tels, engendrent de l'insatisfaction.
Il ne s'agit pas d'une évasion, il s'agit tout d'abord de l'identification de ce qui dans les plaisirs des sens finit par engendrer de l'insatisfaction. Cette identification, c'est une connaissance.
Ensuite, cette connaissance vis-à-vis des sens et de cette prise de conscience du caractère impermanent des sens, si elles conduisent bien, pour les bouddhistes, à une libération, ne constituent en aucun cas un avantage, ni un plaisir. Là encore je ne vois pas où vous avez trouvé que ces qualificatifs étaient applicables à la déùarche bouddhique.
Le bouddhisme ne prône aucune forme d'évasion. Pour vous donner un exemple, dans la médiation il n'est pas concevable de s'endormir. Si on reprend votre terminologie, en quoi consiste l'évasion ? Est-ce cela n'est pas plutôt s'abonner au plaisir des sens ? Est-ce n'est plutôt y revenir sans cesse ? Est-ce n'est encore, poursuivre leurs effets en renouvelant infiniment leur excitation ?
Pour en revenir à votre question, n'y a-t-il pas évasion quand les gens rentrent et allument leur télévision, quand les gens arrosent leur repas de boisons alcoolisées ou s'abonnent plus ou moins régulièrement au pseudo cérémonial de l'apéritif. Je ne parle même pas des effets de l'excès de ces boissons, je ne parle même pas de l'aliénation à toutes les formes de drogues…
Sue ces questions, le bouddhisme ne dit pas c'est bien, c'est mal, comme vous semblez vouloir le dire dans votre seconde question. Evidement, le bouddhisme n'encourage ni l'alcoolisme, ni la criminalité, ni les conséquences sociales négatives de ces comportements extrêmes. Le bouddhisme dit simplement, si les conséquences de tel acte sont néfastes pour la personne ou pour des tiers, alors il est préférable d'abandonner telle ou telle conduite. Pour reprendre l'exemple de l'alcool, on sait que le vin rouge a des effets bénéfiques en terme de santé. On sait que l'alcool a un impact plus ou moins aliénant suivant la constitution physique de chaque individu et que chacun a dans ce domaine comme dans les autres ses propres limites. Il n'y a donc pas de vérité intrinsèque sur ce qui est intrinsèquement bon ou intrinsèquement mauvais, comme vous semblez vouloir l'affirmer dans votre seconde question (Cf.).
Si j'ai bien compris votre question, c'est pas parce que le bouddhisme ne cherche pas à trouver du plaisir dans l'abandon de l'attachement aux plaisirs procurés par les sens, qu'il n'y a pas de " désavantages " à ce que vous qualifiez l'" évasion des sensations ". Autrement dit, l'abandon n'est-il pas à son tour une source de plaisir ?
Pour le bouddhisme l'attachement procuré par le plaisir des sens et l'attachement procuré par le refus du plaisir des sens sont exactement des formes identiques de l'attachement. C'est une affiramtion qui se trouve développée dans de très nombreux textes dont l'Astravakra Gîtâ.
De nombreuses gîtâ y consacrée et notamment cette gîtâ n°2 du livre 8 de l'Astravakra Gîtâ illustre particulièrement cette idée :
"2 - Il y a libération quand la pensée ne désire pas, ne s'attriste pas, n'abandonne pas, ne s'empare pas, quand elle ne ressent ni plaisir, ni déplaisir vis-à-vis de quoi que ce soit."
Ou encore sur la position de l'ego et le moyen terme entre appropriation et non appropriation :
"4 - Quand il n'y a pas l'affirmation de "moi ", il y a liberté, quand il y a l'affirmation de "moi ", il y a asservissement. Considérant cela, ne t'approprie rien et n'évite rien dans la vie. "
Et le livre 13 dans sa totalité, illustre particulièrement cette notion de dépassement des couples d'opposition.
J'espère avoir répondu à votre question.
Pourquoi le bouddhisme n'a-t-il pas trouvé de désavantages à l'évasion des sensations, de l'ego, ..., s'il en a fait un avantage, un plaisir et une libération ? Si son but est la connaissance par la voie du milieu, pourquoi y en a-t-il pas dans l'évasion?
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