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bouddhisme en France et en Europe

question 31




Le Bouddhisme en Europe répond-il aux besoins de l'humanité actuelle ?

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Réponse :

Sans en avoir l'air votre question simple en apparence se pose au cœur de l'assise d'une philosophie comme le bouddhisme. Car, à la fois le bouddhisme est évidemment un mouvement qui s'adresse à l'ensemble des hommes, mais il n'aborde l'humanité que par l'intermédiaire de chaque individualité. C'est d'ailleurs une des spécificités du bouddhisme qui en fait un mouvement non dogmatique, car il n'adresse pas un message unique à tous les hommes, mais il transmet un savoir de proche en proche, par l'intermédiaire de guru ou de vénérables, à une personne en particulier. A l'autre extrémité, la dimension universelle du bouddhisme est bien connue, c'est l'idée que chacun par ses propres efforts arrive à la libération. La dimension idéologique et dogmatique qui existe dans tant d'autres mouvements n'est pas bouddhiste. Toute propension à dicter une ou des conduites à l'homme depuis l'extérieur, tout schéma qui tend à soumettre l'homme à une autorité extérieure et totalisante n'est pas bouddhiste non plus. Je pense qu'il y a dans cette approche bouddhiste particulière l'un des éléments qui en font son attrait et sa modernité.

Votre question soulève beaucoup d'autres questions. En effet, quels sont ces besoins dont vous parlez ? De quels besoins s'agit-il ? On pourrait certainement aligner une bonne dizaine de thèmes, maîtrise de soi, connaissance de soi, recherche d'un certain type d'harmonie avec les autres qui ne soit pas aliénante, exigence de sens (je ne parle pas de réponses …) par rapport à des interrogations existentielles qui subsistent toujours quels que soient les progrès techniques ou médicaux, si on reprend la lecture bouddhique dépasser et surmonter dukkha, sortir des valeurs dominantes de ces sociétés matérialistes, comprendre le monde et se comprendre soi même, sans jugement, sans parti pris, sans mots d'ordre, exigence d'une plus grande liberté, et en tout cas d'une liberté plus et mieux maîtrisée …

De même, de quelle humanité parle-t-on ? L'ensemble des hommes se perçoit-il lui-même comme une entité homogène, tendant vers des aspirations convergentes ? Dans chaque société, chacun des individus a-t-il le sentiment d'une appartenance plus globale au delà de la simple perception d'une autre dimension, qui apparaît d'ailleurs pour beaucoup comme transcendante, à l'occasion des décès et des naissances ? La nature des interrogations des hommes dans ces sociétés occidentale est-elle plus ouverte que par le passé ou n'est elle en définitive que la répétition plus ou moins fidèle des habitudes du passé ?

Vous vous doutez bien que si je pose ces questions c'est parce que je pense que les réponses sont négatives.

Cette notion d'humanité est une notion qui ne semble plus correspondre à un besoin, justement. En tout cas, elle n'est pas bouddhiste. Il apparaît de manière tout à fait évidente que le monde a plus de sens, à plus de richesses dans ses diversités que dans une recherche d'homogénéité. La nature donne un exemple très fort d'une diversité très marquée à partir de caractères identiques. Le bouddhisme ne cherche pas à imposer une règle unique, une lecture unique, un discours unique, un homme unique, mais laisse chaque entité se développer suivant ses propres orientations sans devoir y redire quoi ce soit. Au risque de me répéter, la preuve en est l'hybridation quasi généralisée du bouddhisme dans toutes les cultures dans lequel il a été amené à s'implanter. Il me semble que cette souplesse est aussi l'un des attraits du bouddhisme.

En revanche, pour contracter votre proposition en changeant la place des mots, ce qui était peut-être votre intuition initiale, je pense qu'il y a bien un besoin d'humanité, naturellement sur des bases nouvelles, ou sur une vision ou une analyse nouvelle, dans les sociétés occidentales. C'est bien l'homme lui-même qui est en crise dans nos sociétés, et ce depuis très longtemps, auparavant du fait d'idéologies négatives et aujourd'hui par des modes de vie destructeurs et par un individualisme débridé dont il n'est jamais proposé la maîtrise. C'est bien l'homme, dans sa sensibilité, dans ses sensations, dans ses perceptions, dans ses intuitions, dans ses sentiments, dans ses attractions et ses répulsions qui éprouve un grand dénuement, un besoin de comprendre et de savoir et le souhait de sortir d'un vécu où il a le sentiment d'être le jouet de ces mécanismes.

Si c'est bien cela qui interroge les Européens aujourd'hui, alors le bouddhisme correspond pleinement à ce type d'interrogation.

J'espère avoir répondu à votre question.




J'espère avoir répondu à votre question.





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Le Bouddhisme en Europe répond-il aux besoins de l'humanité actuelle ?

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