Réponses à quelques e-mails

illumination du bouddha historique

question 46




Comment la légende relate-t-elle l'éveil du bouddha historique ?

voir le texte complet de la question


Réponse :

Il existe plusieurs versions et plusieurs façons de raconter cette étape dans le parcours du bouddha historique. Il n'existe pas de versions véridiques ou réalistes. Les indiens n'ont pas ce culte surprenant et douteux pour le vrai et pour la preuve. Les indiens ne sont jamais tentés par le mysticisme et par l'idolâtrie construits sur des tels éléments. Non, dans ce domaine ils sont créatifs, préférant vivifier le récit d'une ornementation poétique et affectueuse qui rend bien compte là encore de la spécificité de la pensée et de la démarche bouddhiste, si d'aucun en doutent encore…Ces nombreuses versions s'expliquent notamment parce que chaque auteur à voulu, sans dénaturer le récit initial, ajouter ce qu'il pensait nécessaire à une meilleure adhésion au récit, qui est devenu parfois, au fur et à mesure des ajouts, une légende aux accents merveilleux, oniriques et mythiques. Ces mots, ces images, ces tirades, ces envolées, ces odes, ces vers, ces chants, sont comme autant de ponts lancés à la sensibilité, à l'intelligence, à l'affect, à l'imaginaire, aussi bien qu'à la pensée et à la raison. C'est là un mode unique et rare pour des textes de cette nature, mais c'est comme ça.. Les Jataka partagent avec ce texte, cette expression qui mêle le récit à la légende.

Une autre des raisons pour lesquelles il existe tant de récits différents, c'est la perte presque totale des textes indiens originaux. Les versions que l'on a retrouvées sont soit tibétaines, soit chinoises. Ainsi, elles ont non seulement traversé les pays mais aussi les cultures, les langues, les sensibilités et les styles littéraires.

L'un des textes de référence en matière de légende du bouddha historique est le Lalitâvistara (Cf. bibliographie), qui est une traduction tibétaine de l'original indien. Il existe aussi, le Mahâsaccaka Sutta dont une partie est présentée sur le site, et qui est le résumé par le bouddha historique lui-même des phases précédant son éveil et son éveil.

Pour démarrer sur l'histoire de l'éveil du bouddha historique, il faudrait partir du moment où il achève son jeûne poussé. Au cours de cette démarche de privations extrêmes, le bouddha finit par perdre connaissance, son état général s'étant gravement affaibli au point qu'il ne lui restait plus "qu'un millième de vitalité ". Un jeune berger, après lui avoir glissé un bouquet de branches de pommier sous la nuque, lui fit alors boire du lait chaud pour lui faire reprendre ses forces. Après cette épreuve, le bouddha compris qu'il n'était pas profitable de soumettre son corps à des privations excessives, de même qu'il n'était pas profitable de céder à l'attachement aux plaisirs des sens. Le bouddha historique décide alors de choisir la voie du milieu : ni privations excessives, ni attachement exclusif. Sur cette phase, il y a une légende de la déesse Indra évoquant au bouddha à l'aide d'une cythare à trois cordes, la thèse de la voie du milieu : " quand la corde est trop tendue, elle se brise et la musique disparaît, quand la corde est trop lâche, l'instrument ne peut émettre aucun son et la musique ne peut apparaître, montre nous donc comment accorder la cithare, ni trop, ni trop peu ".

Une jeune femme nommée Sujâtâ, pensant avoir rencontré la divinité sylvestre qu'elle honorait, offrit un gâteau de lait et de riz au bouddha. Ayant compris son approche prochaine de l'éveil et la nécessité de s'engager dans une ultime médiation, il divisa le gâteau en 49 parts égales, correspondant aux 49 jours prévisibles de sa méditation.

Après avoir recherché un lieu propice à l'éveil (bodhimanda), le bouddha choisit de s'abriter sous les feuillages d'un pippal à Bodh Gaya. Et c'est pendant une nuit de pleine lune du mois de vaiçâkha (correspondant à avril ou mai) que le bouddha atteignit le nibana. La légende dit que c'était le jour de ses 35 ans.

Alors, commença cette longue nuit, rythmée par quatre veilles au cours desquelles il accéda progressivement à l'état d'éveil.

La première veille est une phase d'interrogation, d'introspection et de doutes. Le bouddha s'interroge sur le sens de son engagement, sur tout ce qu'il a vécu depuis les six années de pérégrination au travers le pays, sur tout ce qu'il a quitté, sur tous les enseignements qu'il a intégré mais qui n'avaient pas suffit à le conduire à la libération totale. C'est alors que le monde sensoriel, le monde des perceptions, l'attachement au moi, l'envie irrépressible d'être et d'exister se manifestent à lui comme autant d'alternatives confortables. Qu'a-t-il en effet à ce soucier de changer les choses ? N'a-t-il démontré sa capacité à un renoncement total et poussé, qui fait de lui l'égal des maîtres les plus réputés de son époque ? Mais, tout cela est peu de chose devant sa détermination à atteindre la libération complète, totale, parfaitement achevée, inébranlable.

Dans la légende, ce conflit est illustré par des combats du bouddha avec toutes sortes de démons. En particulier Marâ, qui représente l'attachement aux plaisirs des sens, le désir d'exister, le moi tout puissant. Marâ tente de détourner le bouddha de sa recherche d'une méthode tendant à briser tout cela. La légende a imaginé des combats terribles avec des hordes de démons, des offres de corruption en l'élisant au monde des divinités ou en lui fournissant des plaisirs sans limites. Le bouddha, sans juger ces catégories, les repoussent.

Au cours de la seconde veille, il comprit le fonctionnement des mondes. Il comprit les lois immuables qui président tant aux règles physiques que psychologiques, les cycles des naissances et renaissances.

Durant la troisième veille, il vit ses existences antérieures qui selon la légende seraient au nombre de 550. Il comprit le perpétuel recommencement des cycles des vies et, au delà de sa propre expérience, la permanence de dukkha dans le phénomène du vivant.

Au cours de la quatrième veille, il comprit comment dukkha était indissociable de toute vie et formula la première noble vérité (il existe dukkha). Il comprit comment le sujet est conditionné par le processus de production conditionné. Il formula la seconde noble vérité (la cause de dukkha c'est l'attachement), il découvrit et formula la troisième noble vérité (dukkha cesse quand l'attachement cesse). Il comprit que la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, les moyens d'existence justes, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste constituaient inévitablement la seule méthode tendant à la cessation de dukkha, formulant ainsi la quatrième et dernière noble vérité.

Enfin, le jour apparut, le bouddha se leva et pour marquer sa victoire définitive sur dukkha, prononça les mots suivants :

"Bien souvent, au prix de maints efforts, ayant vécu ces vies successives, j'ai cherché qui avait construit ces prisons remplies de douleurs, de peines et d'afflictions.

Maintenant, toi constructeur, tu ne bâtiras plus ces murs qui contiennent la souffrance, ta maison est détruite et sa poutre faîtière est brisée. Ce constructeur, c'est l'illusion.

Dorénavant, je marcherai inlassablement pour atteindre la délivrance."



J'espère avoir répondu à votre question.





Texte complet de la question

J'aimerais en connaître plus sur la période de l'éveil de Bouddha. Pour être précis, c'est son éveil sous l'arbre que j'aimerais connaître avec plus de détails. J'aimerais savoir comment le Bouddha historique a atteint l'éveil au cours de cette méditation. On ma raconté plusieurs histoires, mais j'aimerai savoir la vôtre.

retour en haut de la page







Retour au menu principal avec applet
Retour au menu principal sans applet

Aller au sommaire des questions


Vous pouvez laisser un message à teravada@hotmail.com

Vous avez été à visiter cette page depuis le 20 novembre 2000. Merci.


L'URL de ce site est http://www.oocities.org/Athens/Forum/2359
© Conception, textes et photographies : Christian Prud'homme ©
Les images et les textes sont copyrightés - texts and pictures are copyrighted