Réponses à quelques e-mails

motivation et concentration du bouddhisme

question 15




Comment trouver une motivation pour méditer ?

voir le texte complet de la question



Réponse :

Votre question est éminemment pertinente. Combien d'occidentaux ont dû se poser cette même question, alors qu'elle paraîtrait complètement incongrue et ferait bien rigoler indiens et extrême-orientaux. Mais en effet, comment trouver la motivation pour méditer ? Ou, pourrait-on dire en définitive, "pourquoi méditer ?" ou "comment méditer ?", puisqu'il semble bien que la seule volonté d'accéder à cette méditation ne suffise par elle-même.

Au delà de cette remarque au sujet de la proximité et de l'intimité de la méditation dans la culture extrême orientale, votre question est pertinente car elle désigne ce point d'articulation entre une réflexion philosophique et théorique sur le monde et sur le sujet dans le monde et la pratique, "l'action" au travers de la méditation. A priori de l'une devrait découler logiquement l'autre. Mais, différences culturelles obligent, cela n'est pas le cas.

Je dirai, qu'il en est ici comme de toute expérience que l'on a jamais tentée, il faudrait a priori trouver de fortes motivations. Pour ma part, j'estime que ces motivations, si elles peuvent être relativement efficaces, peuvent aussi être trompeuses et fausser dès le départ l'accès individuel à la médiation (…certains cherchent à se faire croire qu'ils voudraient être plus purs – mais plus pur que quoi ?, d'autres voudraient atteindre, je ne sais quel état – mais où sont toutes ces choses ?). Tout cela ne mène pas très loin et peut au contraire égarer.

Je pense qu'on ne doit chercher aucune motivation, parce que personne ne peut dire ce qui se trouve dans la méditation. La méditation ne peut que se pratiquer simplement. Ces motivations initiales s'avèrent après coup complètement décalées et inutiles.

Je vois bien que cette réponse ne vous suffit pas. Alors, comment faire ?

Je pense qu'il y a plusieurs manières d'approcher une pratique plus évidente, plus aisée, plus spontanée de la méditation. Je crois que l'un des premiers aspects c'est bien entendu la posture ou le confort que l'on doit absolument trouver dans la posture. Vous pouvez lire l'article de ce site sur la posture dans la rubrique "vers la méditation". La posture ça veut dire l'équilibre global du corps, la décontraction de la nuque et surtout la détente du bas ventre. Tous cela consiste en équilibres nombreux à trouver et à maintenir tous ensembles en harmonie avec la respiration. Il s'agit là déjà d'une certaine activité, d'une certaine visée tendant à la mise en place d'une méditation plus profonde. Ceci peut prendre quelques jours avant de s'installer dans sa posture. Il convient alors de bien observer ce qui se passe dans la mise en place physique de la combinaison "posture " et "respiration ". Il convient aussi de laisser s'installer les équilibres qui s'imposent assez facilement.

Il n'est pas obligatoire de s'astreindre à la position en lotus ou en demi-lotus, il est parfaitement admis de pratiquer assis sur une chaise, on y obtient également d'excellents résultats. Ensuite, une fois que cette posture est acquise, il convient de laisser toute "égocentricité" se retirer au profit du seul fonctionnement organique du corps sous tendu par une respiration claire, légère et profonde (profonde du point de vue de sa durée et de son amplitude). Enfin, il convient de tenir cette attitude sans s'endormir et sans s'affoler. A ce stade, il n'y a plus de Mr X, de fils de Y, de père de Z. A ce stade, il n'y a rien d'autre que l'inspiration et l'expiration.

En occident, on vit sur un déséquilibre total entre le mental et le physique. Le corps, ici est toujours complètement oublié, méprisé, quand il n'est pas combattu ou simplement nié. La méditation, c'est le retrait du mental et une plus grand place laissée au corps dans sa totalité comme reflet du sujet. Ne pensez-vous que cet abandon de la position dominante du mental et cette assise nouvelle du sujet sur son propre corps ne supplante pas toute nécessité de motivation ?

En occident, il peut paraître plus difficile de se mettre à la méditation dans cette société qui paraît ne pas pouvoir exister sans l'affirmation personnelle, individuelle, égocentrique du sujet dans toutes ses activités. Vous dites, qu'il est difficile de trouver une heure face aux soucis du quotidien, mais essayez de la prendre cette heure. La période de méditation ne résoudra pas vos soucis, ni ne les compliquera davantage. Il est évidemment indispensable de vous soustraire de cette pression du quotidien à laquelle vous devez aussi probablement vous soumettre avec un certain consentement … (c'est aussi là une certaine marque d'égocentrisme. Croyez-vous qu'il y ait "quelqu'un" en but à ces soucis ou que ce soit seulement l'effet superficiel de nos obligations sociales). Si ce sont ces petits soucis du quotidien qui vous empêchent de pratiquer, c'est une autre analyse qu'il vous faut conduire.

Sur ce point, tous les manuels bouddhiques d'apprentissage de la méditation reconnaissent ce fait et il est fait état d'une liste de dix sources de préoccupation susceptibles de faire obstacle à la pratique de la médiation (Cf. guide pour la méditation, chapitre 4 – 1ère partie).

Enfin, rien ne paraît plus étrange en occident, habité par une vision matérialiste et individualiste du monde, que cette notion d'impermanence, de mutation perpétuelle des phénomènes et du caractère illusoire du monde. Il y a ainsi un conflit de valeurs philosophiques sur la vision du monde, du sujet et sur la vision de la société. Du point de vue indien, du point de vue bouddhiste, les petits problèmes du quotidien ne pèsent rien.

En Asie, cette "prise de respiration " comme ils disent, paraît tout à fait naturelle et courante. Elle s'est très certainement imposée au bouddha historique et aux membres du sangha comme une composante spirituelle et culturelle largement établie depuis des temps reculés.

Le deuxième aspect de cette approche, c'est de comprendre ce qui se passe avec soi-même à ce moment là, sans quoi les obstacles rencontrés peuvent être décourageants. Pour comprendre ce qui se joue dans la méditation, je pense qu'il faut lire les différents textes relatifs à cette technique, ainsi que les témoignages de personnes s'étant initiées à cette pratique. Naturellement chacun à sa propre expérience, sa propre manière de la vivre, ses propres objectifs et sa propre façon de le raconter. Vous trouverez certainement les éléments qui semblent vous manquer pour accéder simplement à la méditation. (Cf. Les liens sur la méditation). Vous verrez que certains ont par exemple des motivations philosophiques, d'autres des motivations altruistes, d'autre encore des motivations seulement personnelles.

Un autre aspect enfin, qui peut avoir son importance en guise d'amorce à la pratique de la méditation, c'est l'aspect technique. Certains peuvent amorcer la méditation au travers d'une méthode rigoureuse à même de leur permettre de meilleures garanties de succès dans ces premiers pas vers la méditation, comme c'est le cas avec l'Ânâpânasatibhâvanâ (le développement de l'attention basé sur la respiration). C 'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai traduit le guide pour la méditation. Vous trouverez des éléments de ces premiers pas de la technique respiratoire dans le chapitre 5 – 1ère partie du guide pour la méditation.



J'espère avoir répondu à votre question.


Texte complet de la question
J'ai médité régulierement il y a quelques années (Vipassana) et je voudrai m'y remettre, mais je n'arrive pas à me motiver suffisament pour m'assoir à nouveau. Les tracas de la vie quotidienne sont là pour touver une bonne raison de ne pas m'isoler pendant une heure. Peut être, pourriez m'aider à trouver "l'excuse" qui fais que je ne trouve pas le courage de méditer à nouveau ?

retour en haut de la page










Retour au menu principal avec applet
Retour au menu principal sans applet

Aller au sommaire des questions


Vous pouvez laisser un message à teravada@hotmail.com

Vous avez été à visiter cette page depuis avril 1997. Merci.


L'URL de ce site est http://www.oocities.org/Athens/Forum/2359
© Conception, textes et photographies : Christian Prud'homme ©
Les images et les textes sont copyrightés - texts and pictures are copyrighted