Le départ du pélerin
5 septembre 1998
Je me prends le couteau des mains,
Je l'arrache des chairs qu'il saigne.
Je le tourne entre mes doigts,
Il brille sur mes ongles luisants.
Je le serre dans mon poing.
J'entaille l'écorce et la pierre,
Je grave les lettres rituelles.
La lame ne casse pas, s'aiguise.
Ni l'arbre ni le rocher ne souffrent.
Sur le métal apparaissent les signes,
Des armoiries se dessinent,
Elles me désignent.
Je pointe l'arme vers le Nord
Et en cercle vers les autres,
Je les préviens tous.
Je ramasse à mes pieds
Le vieux bâton noueux.
À main gauche le bois guide,
À main droite l'argent brille.
Mes pieds savent où se poser,
Mon bras sait où porter.
Désormais je garde mon cœur,
Je garde mon chemin.
Que nul ne les piétine.
Que nul ne les dévie.
S'ils me regardent passer,
Crachent, pleurent ou rient,
Salives, larmes et sourires
Restent leurs.
Quelqu'un s'incline, par respect salue,
La pareille lui est rendue.
Dans la large lame,
Les regards se reflètent.
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